(Ah! Coup de gueule contre la Licence que je pensais vouloir faire. Ça me prend du temps et ça ne me plait pas. J'aurai dû partir en Langues ou en Psycho. --')
Le soleil chatouillait la joue de Luka, qui grommelait. Quelque chose en lui avait envie de fermer les volets à distance, mais il ne pouvait que supporter sa flemmardise de la veille. Renfrogné, Luka grogna longuement puis s'étira. A contre-coeur, le jeune homme osa se lever et d'un pas mal assuré rejoint la cuisine. Il s'affala sur une chaise et attrapa une cigarette de son paquet. Allumée, il tira dessus et avala la fumée nocive.
Les bruits de la foule rendaient l'atmosphère bien lourde et pesante. Autour de Luka, la sueur et les cris des manifestants. Leurs panneaux provocateurs et intenses s'élevaient dans le ciel, brandis comme des armes face auxquelles personne n'a peur. Parmi les manifestants, des jeunes voyous prêts à emmerder le gouvernement, des adultes exaspérés pour des raisons diverses et des parents voulant initier leur enfant. Toutes les générations réunies dans un brouhaha intempestif pour sauver les tigres, crier sur le commerce trop délocalisé, ou une autre raison quelconque. A savoir s'il y avait une réelle raison à ce cortège. Et depuis le soleil juste levé, il déambulait dans Sannom en suivant un chemin tout tracé, guidé par des leaders révoltés, la marche ne cessait jamais. Tout ce bruit paraissait éternellement fatiguant, et une seule chose semblait pouvoir calmer les ardeurs de ces gens: Monsieur Auguste, illustre -ou peut-être pas- politique, grand ami du gouvernement, fin manipulateur et menteur. Peut-on parler de droite, dans ce pays? Allez savoir. Mais une chose était sure: il était la cible de tous les gens nécessiteux, ou désireux d'une vie meilleure, en tant que symbole de l'opportuniste avare. Entouré mais détesté par la classe bourgeoise, il savait aussi être haï par le reste du peuple, plus dangereusement que jamais. Ses propos soulevaient les manifestants qui montraient là leur colère et leur révolte: l'horrible et non auguste pour eux politicien devait sortir de chez lui. Logé dans une villa aux angles propres et clairs de pierre blanche, il était à l'abri et ne semblait pas vouloir découvrir son petit nez sensible. Devant son humble demeure, le petit millier d'hommes, de femmes et d'enfants hurlaient à la fourberie et au mensonge.
-Sors de chez toi, vieux fou! criait une femme postée en avant du peloton.
-Promets-nous un changement et on part! hurlait un autre, le poing levé en l'air.
Leurs cris et leurs demandes s'effaçaient dans l'air et rien ne semblait pourtant se passer. La colère montait et certains hommes un peu atteints par la boisson proposèrent de rentrer chez le politicien de force. La haine de cet énergumène conduisit les manifestants à défoncer la porte de l'homme et à pénétrer chez lui.
Monsieur Auguste a été retrouvé mort dans son salon, une paire de ciseau plantée en plein coeur. Nulle trace de sang ni de passage imprévu dans son domicile n'a été recensé. Aucune effraction autre que celle commise par les manifestants, qui sont actuellement tous, plus ou moins, suspects de l'assassinat.
Caché dans la foule, Luka avait gardé un air jeune et rebelle, comme de nombreux autres adolescents autour de lui, venus là pour crier un peu et penser être entendus. Ses cheveux noirs coiffés en arrière, il était vêtu d'une chemise blanche mal serrée sous un veston noir, le tout donnant un air assez classe mais toujours nonchalant comme l'étaient les jeunes. Rien de réellement voyant, mais ainsi, le jeune garçon pouvait passer inaperçu entre adultes et plus jeunes. Il s'était volontairement dessiné un grain de beauté à quelques centimètres sous l'oeil. En effet, une des premières leçons qu'il s'était vu apprendre était qu'un grain de beauté au centre du visage marquait la mémoire, et attirait le regard. Parfait pour tromper les innocents témoins de son passage dans la foule, si seulement il y avait quelqu'un pour le remarquer lui. Fondu dans la masse, mains gantées, enfoncées dans ses poches, il avançait en reproduisant les airs des manifestants. Sa voix discrète disparaissait dans le capharnaüm, et ses cris peu convaincus ne troublaient pas ses voisins. Concentré sur sa mission, Luka savait qu'il ne devait pas perdre de temps et perdre le timing. Son objectif n'était pas n'importe qui: Monsieur Auguste. L'homme qui, d'après les données qu'il avait au préalable récoltées, était un homme détestable et détesté. Comme quoi sa perte ne ferait de peine qu'à sa famille proche. Les autres, riches, pauvres, manifestants ou faux-cul, tout le monde y verrait un point positif. Alors Luka n'avait même pas cherché à en savoir davantage sur lui.
Alors que le cortège bruyant se rapprochait de la villa du politicien, Luka put disparaître sans même qu'on ne note son absence, et s'introduire jusqu'au-dit Monsieur Auguste. Surpris, le gros bonhomme ne chercha même pas à se lever, hautain jusqu'au bout des ongles. La conversation qu'ils eurent ne parut ni déplacée ni intéressante aux yeux de Luka, qui ne songea pas à s'excuser de son geste. D'un geste vif, les deux lames du ciseau pénétrèrent la chair, ou la graisse de l'horrible bourgeois et celui-ci se tut définitivement. Aucune éclaboussure, aucune trace de son passage, Luka repartit comme il était arrivé, en fermant la porte soigneusement et quittant la propriété par le portillon de derrière. Il laissa son ouïe et sa vue le guider quant à la position de la manifestation, et conclut qu'il représentait juste le mercenaire parfait sur cette mission. Un sourire aux lèvres, satisfait, il tourna les talons pour rentrer chez lui.
Un pas, puis deux.
Quelque chose clochait. Une sale impression, intuition.
"Et merde!"
Luka fit volte-face, inquiet, se forçant à ne rien laisser paraître. A une vingtaine de mètres de lui, un regard insistant le gênait. C'était un homme, à peine plus grand que lui, épais comme un fil de fer, aux cheveux blonds. Au fond de lui, Luka s'ordonnait de partir comme s'il n'avait rien à se reprocher, mais cette attitude pouvait laisser, au contraire, penser qu'il avait quelque chose à cacher. Mais est-ce que rester immobile face à ce déstabilisant inconnu serait plus intelligent?
Luka réalisa alors que dans la panique première qu'il avait ressenti, son coeur s'était emballé, et il songea à se calmer. Endossant son rôle d'adolescent classe et nonchalant, il chercha une réplique, un geste, un petit rien qui le rendrait crédible aux yeux de la brindille. Un sourire apparut sur son visage, unique idée qui lui transcenda l'esprit. Puis, il s'approcha de l'inconnu d'un pas contrôlé et assuré.
-Je peux vous aider, peut-être?
Sa voix s'était faite hésitante en début, mais ferme et intense en fin de question. Il se fit curieux d'une réponse bien qu'en réalité, il espérait juste que ses propres doutes n'étaient pas fondés. Mais une petite voix le mettait en garde.
Les bruits de la foule rendaient l'atmosphère bien lourde et pesante. Autour de Luka, la sueur et les cris des manifestants. Leurs panneaux provocateurs et intenses s'élevaient dans le ciel, brandis comme des armes face auxquelles personne n'a peur. Parmi les manifestants, des jeunes voyous prêts à emmerder le gouvernement, des adultes exaspérés pour des raisons diverses et des parents voulant initier leur enfant. Toutes les générations réunies dans un brouhaha intempestif pour sauver les tigres, crier sur le commerce trop délocalisé, ou une autre raison quelconque. A savoir s'il y avait une réelle raison à ce cortège. Et depuis le soleil juste levé, il déambulait dans Sannom en suivant un chemin tout tracé, guidé par des leaders révoltés, la marche ne cessait jamais. Tout ce bruit paraissait éternellement fatiguant, et une seule chose semblait pouvoir calmer les ardeurs de ces gens: Monsieur Auguste, illustre -ou peut-être pas- politique, grand ami du gouvernement, fin manipulateur et menteur. Peut-on parler de droite, dans ce pays? Allez savoir. Mais une chose était sure: il était la cible de tous les gens nécessiteux, ou désireux d'une vie meilleure, en tant que symbole de l'opportuniste avare. Entouré mais détesté par la classe bourgeoise, il savait aussi être haï par le reste du peuple, plus dangereusement que jamais. Ses propos soulevaient les manifestants qui montraient là leur colère et leur révolte: l'horrible et non auguste pour eux politicien devait sortir de chez lui. Logé dans une villa aux angles propres et clairs de pierre blanche, il était à l'abri et ne semblait pas vouloir découvrir son petit nez sensible. Devant son humble demeure, le petit millier d'hommes, de femmes et d'enfants hurlaient à la fourberie et au mensonge.
-Sors de chez toi, vieux fou! criait une femme postée en avant du peloton.
-Promets-nous un changement et on part! hurlait un autre, le poing levé en l'air.
Leurs cris et leurs demandes s'effaçaient dans l'air et rien ne semblait pourtant se passer. La colère montait et certains hommes un peu atteints par la boisson proposèrent de rentrer chez le politicien de force. La haine de cet énergumène conduisit les manifestants à défoncer la porte de l'homme et à pénétrer chez lui.
Monsieur Auguste a été retrouvé mort dans son salon, une paire de ciseau plantée en plein coeur. Nulle trace de sang ni de passage imprévu dans son domicile n'a été recensé. Aucune effraction autre que celle commise par les manifestants, qui sont actuellement tous, plus ou moins, suspects de l'assassinat.
Caché dans la foule, Luka avait gardé un air jeune et rebelle, comme de nombreux autres adolescents autour de lui, venus là pour crier un peu et penser être entendus. Ses cheveux noirs coiffés en arrière, il était vêtu d'une chemise blanche mal serrée sous un veston noir, le tout donnant un air assez classe mais toujours nonchalant comme l'étaient les jeunes. Rien de réellement voyant, mais ainsi, le jeune garçon pouvait passer inaperçu entre adultes et plus jeunes. Il s'était volontairement dessiné un grain de beauté à quelques centimètres sous l'oeil. En effet, une des premières leçons qu'il s'était vu apprendre était qu'un grain de beauté au centre du visage marquait la mémoire, et attirait le regard. Parfait pour tromper les innocents témoins de son passage dans la foule, si seulement il y avait quelqu'un pour le remarquer lui. Fondu dans la masse, mains gantées, enfoncées dans ses poches, il avançait en reproduisant les airs des manifestants. Sa voix discrète disparaissait dans le capharnaüm, et ses cris peu convaincus ne troublaient pas ses voisins. Concentré sur sa mission, Luka savait qu'il ne devait pas perdre de temps et perdre le timing. Son objectif n'était pas n'importe qui: Monsieur Auguste. L'homme qui, d'après les données qu'il avait au préalable récoltées, était un homme détestable et détesté. Comme quoi sa perte ne ferait de peine qu'à sa famille proche. Les autres, riches, pauvres, manifestants ou faux-cul, tout le monde y verrait un point positif. Alors Luka n'avait même pas cherché à en savoir davantage sur lui.
Alors que le cortège bruyant se rapprochait de la villa du politicien, Luka put disparaître sans même qu'on ne note son absence, et s'introduire jusqu'au-dit Monsieur Auguste. Surpris, le gros bonhomme ne chercha même pas à se lever, hautain jusqu'au bout des ongles. La conversation qu'ils eurent ne parut ni déplacée ni intéressante aux yeux de Luka, qui ne songea pas à s'excuser de son geste. D'un geste vif, les deux lames du ciseau pénétrèrent la chair, ou la graisse de l'horrible bourgeois et celui-ci se tut définitivement. Aucune éclaboussure, aucune trace de son passage, Luka repartit comme il était arrivé, en fermant la porte soigneusement et quittant la propriété par le portillon de derrière. Il laissa son ouïe et sa vue le guider quant à la position de la manifestation, et conclut qu'il représentait juste le mercenaire parfait sur cette mission. Un sourire aux lèvres, satisfait, il tourna les talons pour rentrer chez lui.
Un pas, puis deux.
Quelque chose clochait. Une sale impression, intuition.
"Et merde!"
Luka fit volte-face, inquiet, se forçant à ne rien laisser paraître. A une vingtaine de mètres de lui, un regard insistant le gênait. C'était un homme, à peine plus grand que lui, épais comme un fil de fer, aux cheveux blonds. Au fond de lui, Luka s'ordonnait de partir comme s'il n'avait rien à se reprocher, mais cette attitude pouvait laisser, au contraire, penser qu'il avait quelque chose à cacher. Mais est-ce que rester immobile face à ce déstabilisant inconnu serait plus intelligent?
Luka réalisa alors que dans la panique première qu'il avait ressenti, son coeur s'était emballé, et il songea à se calmer. Endossant son rôle d'adolescent classe et nonchalant, il chercha une réplique, un geste, un petit rien qui le rendrait crédible aux yeux de la brindille. Un sourire apparut sur son visage, unique idée qui lui transcenda l'esprit. Puis, il s'approcha de l'inconnu d'un pas contrôlé et assuré.
-Je peux vous aider, peut-être?
Sa voix s'était faite hésitante en début, mais ferme et intense en fin de question. Il se fit curieux d'une réponse bien qu'en réalité, il espérait juste que ses propres doutes n'étaient pas fondés. Mais une petite voix le mettait en garde.