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    Manifestation tourne au drame . [PV Mika]

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    Luka Moenning
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    Message  Luka Moenning Jeu 15 Sep 2011 - 22:52

    (Ah! Coup de gueule contre la Licence que je pensais vouloir faire. Ça me prend du temps et ça ne me plait pas. J'aurai dû partir en Langues ou en Psycho. --')


    Manifestation tourne au drame . [PV Mika] Jjj10


      Le soleil chatouillait la joue de Luka, qui grommelait. Quelque chose en lui avait envie de fermer les volets à distance, mais il ne pouvait que supporter sa flemmardise de la veille. Renfrogné, Luka grogna longuement puis s'étira. A contre-coeur, le jeune homme osa se lever et d'un pas mal assuré rejoint la cuisine. Il s'affala sur une chaise et attrapa une cigarette de son paquet. Allumée, il tira dessus et avala la fumée nocive.


      Les bruits de la foule rendaient l'atmosphère bien lourde et pesante. Autour de Luka, la sueur et les cris des manifestants. Leurs panneaux provocateurs et intenses s'élevaient dans le ciel, brandis comme des armes face auxquelles personne n'a peur. Parmi les manifestants, des jeunes voyous prêts à emmerder le gouvernement, des adultes exaspérés pour des raisons diverses et des parents voulant initier leur enfant. Toutes les générations réunies dans un brouhaha intempestif pour sauver les tigres, crier sur le commerce trop délocalisé, ou une autre raison quelconque. A savoir s'il y avait une réelle raison à ce cortège. Et depuis le soleil juste levé, il déambulait dans Sannom en suivant un chemin tout tracé, guidé par des leaders révoltés, la marche ne cessait jamais. Tout ce bruit paraissait éternellement fatiguant, et une seule chose semblait pouvoir calmer les ardeurs de ces gens: Monsieur Auguste, illustre -ou peut-être pas- politique, grand ami du gouvernement, fin manipulateur et menteur. Peut-on parler de droite, dans ce pays? Allez savoir. Mais une chose était sure: il était la cible de tous les gens nécessiteux, ou désireux d'une vie meilleure, en tant que symbole de l'opportuniste avare. Entouré mais détesté par la classe bourgeoise, il savait aussi être haï par le reste du peuple, plus dangereusement que jamais. Ses propos soulevaient les manifestants qui montraient là leur colère et leur révolte: l'horrible et non auguste pour eux politicien devait sortir de chez lui. Logé dans une villa aux angles propres et clairs de pierre blanche, il était à l'abri et ne semblait pas vouloir découvrir son petit nez sensible. Devant son humble demeure, le petit millier d'hommes, de femmes et d'enfants hurlaient à la fourberie et au mensonge.

      -Sors de chez toi, vieux fou! criait une femme postée en avant du peloton.
      -Promets-nous un changement et on part! hurlait un autre, le poing levé en l'air.

      Leurs cris et leurs demandes s'effaçaient dans l'air et rien ne semblait pourtant se passer. La colère montait et certains hommes un peu atteints par la boisson proposèrent de rentrer chez le politicien de force. La haine de cet énergumène conduisit les manifestants à défoncer la porte de l'homme et à pénétrer chez lui.
      Monsieur Auguste a été retrouvé mort dans son salon, une paire de ciseau plantée en plein coeur. Nulle trace de sang ni de passage imprévu dans son domicile n'a été recensé. Aucune effraction autre que celle commise par les manifestants, qui sont actuellement tous, plus ou moins, suspects de l'assassinat.



      Caché dans la foule, Luka avait gardé un air jeune et rebelle, comme de nombreux autres adolescents autour de lui, venus là pour crier un peu et penser être entendus. Ses cheveux noirs coiffés en arrière, il était vêtu d'une chemise blanche mal serrée sous un veston noir, le tout donnant un air assez classe mais toujours nonchalant comme l'étaient les jeunes. Rien de réellement voyant, mais ainsi, le jeune garçon pouvait passer inaperçu entre adultes et plus jeunes. Il s'était volontairement dessiné un grain de beauté à quelques centimètres sous l'oeil. En effet, une des premières leçons qu'il s'était vu apprendre était qu'un grain de beauté au centre du visage marquait la mémoire, et attirait le regard. Parfait pour tromper les innocents témoins de son passage dans la foule, si seulement il y avait quelqu'un pour le remarquer lui. Fondu dans la masse, mains gantées, enfoncées dans ses poches, il avançait en reproduisant les airs des manifestants. Sa voix discrète disparaissait dans le capharnaüm, et ses cris peu convaincus ne troublaient pas ses voisins. Concentré sur sa mission, Luka savait qu'il ne devait pas perdre de temps et perdre le timing. Son objectif n'était pas n'importe qui: Monsieur Auguste. L'homme qui, d'après les données qu'il avait au préalable récoltées, était un homme détestable et détesté. Comme quoi sa perte ne ferait de peine qu'à sa famille proche. Les autres, riches, pauvres, manifestants ou faux-cul, tout le monde y verrait un point positif. Alors Luka n'avait même pas cherché à en savoir davantage sur lui.
      Alors que le cortège bruyant se rapprochait de la villa du politicien, Luka put disparaître sans même qu'on ne note son absence, et s'introduire jusqu'au-dit Monsieur Auguste. Surpris, le gros bonhomme ne chercha même pas à se lever, hautain jusqu'au bout des ongles. La conversation qu'ils eurent ne parut ni déplacée ni intéressante aux yeux de Luka, qui ne songea pas à s'excuser de son geste. D'un geste vif, les deux lames du ciseau pénétrèrent la chair, ou la graisse de l'horrible bourgeois et celui-ci se tut définitivement. Aucune éclaboussure, aucune trace de son passage, Luka repartit comme il était arrivé, en fermant la porte soigneusement et quittant la propriété par le portillon de derrière. Il laissa son ouïe et sa vue le guider quant à la position de la manifestation, et conclut qu'il représentait juste le mercenaire parfait sur cette mission. Un sourire aux lèvres, satisfait, il tourna les talons pour rentrer chez lui.
      Un pas, puis deux.
      Quelque chose clochait. Une sale impression, intuition.

      "Et merde!"

      Luka fit volte-face, inquiet, se forçant à ne rien laisser paraître. A une vingtaine de mètres de lui, un regard insistant le gênait. C'était un homme, à peine plus grand que lui, épais comme un fil de fer, aux cheveux blonds. Au fond de lui, Luka s'ordonnait de partir comme s'il n'avait rien à se reprocher, mais cette attitude pouvait laisser, au contraire, penser qu'il avait quelque chose à cacher. Mais est-ce que rester immobile face à ce déstabilisant inconnu serait plus intelligent?
      Luka réalisa alors que dans la panique première qu'il avait ressenti, son coeur s'était emballé, et il songea à se calmer. Endossant son rôle d'adolescent classe et nonchalant, il chercha une réplique, un geste, un petit rien qui le rendrait crédible aux yeux de la brindille. Un sourire apparut sur son visage, unique idée qui lui transcenda l'esprit. Puis, il s'approcha de l'inconnu d'un pas contrôlé et assuré.

      -Je peux vous aider, peut-être?

      Sa voix s'était faite hésitante en début, mais ferme et intense en fin de question. Il se fit curieux d'une réponse bien qu'en réalité, il espérait juste que ses propres doutes n'étaient pas fondés. Mais une petite voix le mettait en garde.



    Mikaël Rogers
    Mikaël Rogers
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    Message  Mikaël Rogers Dim 6 Nov 2011 - 19:33

      Cet abyssal liquide caféiné était on ne peut plus amical aux yeux à moitié endormis du journaliste du Gamazine. Après une nuit blanche à faire le pied de grue devant un bâtiment du gouvernement dans la nuit froide, attendant vainement que quelque chose d'intéressant se passe, cette tasse de café semblait d'un réconfort infini. Habituellement il n'avait aucun problème pour se lever, il aimait bien le matin, il aimait penser que peut être cette journée lui apporterait le scoop de la semaine ou du mois, quelque chose de gros, de surprenant, d'excitant et de choquant, mais là son entrain n'était plus le même. En ce moment dans sa vie, Mikaël n'avait pas beaucoup de choses réconfortantes, son ex femme avait emmené ses enfants en vacances et il ne les verrait pas avant quelques semaines, la perspective de ne pas les voir du tout était tout à fait déprimante pour lui. Il y avait quelques jours il avait appris deux mauvaises nouvelles plus ou moins mauvaises et puis il trouvait qu'il n'y avait pas grand chose de passionnant en ce moment, comme si le monde entier avait décider de ne plus rien faire d'intéressant. Ce n'était pas une très bonne période, il se sentait seul et avait l'horrible impression de patauger continuellement pour tout. Malgré son moral dans les chaussons, il n'allait sûrement pas abandonner, il espérait toujours que quelque chose d'important se passe et pour le voir ou même participer il fallait bien qu'il se bouge son postérieur de trentenaire. Après avoir bu sa tasse de café, il attrapa machinalement un des huit journaux qui trainaient sur la table pour voir s'il y avait quelque chose qui pourrait éventuellement l'aider pour un prochain article, mais rien n'attira vraiment son attention, et le journal fini donc dans la poubelle.

      Mikaël rêvassa quelques minutes avant de laisser échapper un long soupir et de jeter un coup d'oeil furtif à une horloge accroché au mur. Il n'était pas très tard mais il fallait tout de même qu'il se dépêche car il avait deux-trois choses à vérifier ce matin et il risquait de passer à côtés s'il ne bougeait pas un peu plus. Il se leva difficilement de sa chaise puis se dirigea vers la salle de bain où il ne resta un peu plus d'une dizaine minute et dont il ressortit prêt à chasser le scoop. Encore une fois il portait le même genre de vêtement, une chemise, un pantalon droit tenu par une ceinture noir, une veste, une cravate à peu près bien mise et bien sûr la même paire de chaussure depuis très longtemps. La façon dont il avait de les porter lui donnait un air un peu négligé, mais il s'en fichait complètement, la plupart du temps ce n'était pas très important pour lui. Clairement, on ne pouvait pas dire qu'il était à la pointe de la mode, mais l'avantage de ses vêtements était qu'ils étaient classiques et presque intemporels, pour ainsi dire, cela lui permettait de ne pas attirer l'attention sur lui, d'être passe partout. Donc, une fois habillé, coiffé… il attrapa un petit calepin, un stylo et fourra le tout dans les différentes poches de sa veste, puis enleva la clé sur la serrure de la porte pour l'ouvrir, sortir et la refermer. Dans le couloir du bâtiment il croisa quelques uns de ses voisins qu'il salua poliment avec même un petit sourire. L'une des choses que son père lui avait appris était de ne jamais s'engueuler avec ses voisins et qu'il ne fallait jamais les sous-estimer. Le fait que son paternel ait eu quelques différents plus ou moins musclés avec ses voisins en était la raison première. Arrivé dans le hall il se demanda un instant où il allait se rendre en premier, il se souvint de la manifestation qui devait avoir lieu aujourd'hui même à quelques pâtés de maison à peine et décida donc de commencer par là.

      Il traversa rapidement la distance qui séparait son appartement du lieu où il voulait se rendre, mais une fois arrivé il commença à nouveau à se poser des question. Le tas de personnes qui était déjà en mouvement n'était pas très intéressant, à première vu il n'y avait aucune personne "importante" dans le cortège et le but de la manifestation échappait quelque peu à Mikaël. Alors qu'allait-il dire sur toutes ces personnes? Même en arrangeant la vérité, en exagérant, il ne pensait pas que cela pouvait intéresser outre mesure, en tout cas pas les lecteurs du magazine pour lequel il travaillait. Un instant il pensa laisser tomber, partir, mais finalement il eut une idée et s'empressa de se diriger à l'endroit où le cortège devait finir. Plutôt que de suivre les manifestants, leurs demander ce qu'il n'allait pas… il pensa aller directement chez le concerner, voir sa réaction, comment se portait-il et si cela l'affectait, il aviserait par la suite. Tout naturellement il se dirigea vers un manifestant et lui demanda la destination finale de la marée humaine, ce dernier lui répondit à son tour, le journaliste le remercia et se dirigea pressement au lieu dit pour être sûr d'y être un peu avant les autres. La chance voulait que le cortège n'avançait pas de façon très rapide et cela lui permit d'arriver quelques minutes avant lui. Le problème c'est qu'une fois arrivé devant la maison de l'homme il douta fortement que ce dernier lui ouvre sa porte. Le journaliste connaissait très peu l'homme, il n'avait jamais eu l'occasion de lui parler ou autre et était plus familier de ses agissements que de l'homme en lui même. Se présenter en tant que Mikaël Rogers n'était alors peut être pas la chose la plus intelligente, il ne savait pas si l'homme avait déjà entendu parler de lui, mais si c'était le cas il y avait de grandes chances pour qu'il le laisse moisir sur le perron. Il entendit les manifestants qui se rapprochaient de plus en plus et décida finalement de faire comme à son habitude, entrer par "effraction" et inventer n'importe quoi pour s'en tirer avec le moins de problèmes possible.

      L'entrée principale de la villa était visible aux yeux de tous et les yeux qui allaient la fixer dans quelques instants n'arrangeait pas Mikaël, ce dernier fit donc le tour de la maison pour entrer par derrière en espérant qu'il y ait une porte de derrière… Il entendait déjà les manifestants tout près et alors qu'il s'apprêtait à presser le pas, il aperçut un peu plus loin une jeune homme, immédiatement il fronça les sourcils en se demandant ce qu'il pouvait bien faire ici. Peut être était-ce un manifestant qui s'était perdu? Mais cela était peu probable. Alors peut être un manifestant qui voulait en découdre directement avec l'objet de leur colère ou pire un autre journaliste qui était arrivé avant lui. Cette dernière pensée le rendit tout à coup très jaloux de ce jeune homme, même si elle n'était pas avérée, il détestait que ses concurrents arrivent en premier ou aient de meilleures "histoires", cela le rendait généralement grincheux. Même s'il ne fallait pas mettre la charrue avant les boeufs, il ne pouvait pas s'empêcher d'en vouloir à cet homme qu'il ne connaissait même pas. Alors qu'il se demandait encore qui était cet inconnu et surtout pourquoi il était là, une nouvelle question germa dans son esprit : pourquoi s'approchait-il de lui? Le journaliste n'avait pas bougé d'un pouce que l'autre homme s'était déjà approché de plusieurs mètres. Qu'est-ce qu'il lui voulait maintenant? Malheureusement lorsque le brun se décida à adresser la parole à Mikaël ce n'était pas pour répondre à l'une de ses questions, mais pour lui en poser une. Est-ce qu'il pouvait l'aider? Tiens c'était une bonne question, effectivement il pouvait peut être l'aider tout dépendait de ce qu'il pouvait lui dire, de ce qu'il avait vu et de qui il était également. Pour une fois le journaliste décida de ne pas harceler directement ce jeune homme, il préférait la jouer plus finement, bien qu'il doutait d'un quelconque résultat probant, au pire il improviserait comme d'habitude. Tout le monde savait que les plans c'était pour les chochottes… et éventuellement ceux qui étaient conscient qu'en en ayant un ils auraient à coup sûr beaucoup moins de problèmes.

      Mikaël lui rendit son sourire, la politesse et la gentillesse faisaient habituellement des miracles.


      "Peut être, vous faites partie des manifestants, non? Enfin je suppose, sinon pourquoi seriez-vous ici, tout près de la maison de m. Auguste, cible des manifestants, presque dans son jardin?"

      Évidemment Mikaël restait Mikaël, il ne fallait pas trop lui en demander non plus.
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    Luka Moenning
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    Message  Luka Moenning Ven 25 Nov 2011 - 0:06

      « Mais tu paniques, mon petit! »
      Luka se rendit compte que son petit coeur battait un peu trop. Quel genre d'impression avait-il eu de cet homme pour que tout son corps réagisse ainsi? Ce n'était pas inhabituel qu'il croise des gens après avoir réalisé ses sombres desseins. Alors quelle était la raison pour que son être au plus profond lui transmette ses craintes? Cette sensation déplut fortement à Luka qui s'empressa de reprendre possession de son corps et de calmer ses rythmes respiratoire et cardiaque le plus discrètement possible.

      « Laisse la place à Julio, tu seras plus à l'aise. »
      Son inconscient fort développé, appelé aussi intuition, avait raison. Cela le perturberait nettement moins de garder le rôle de manifestant qu'il s'était donné que de chercher à mixer les deux personnages. En creusant un peu dans sa mémoire, Luka revint exactement cinq jours en arrière, lorsqu'il avait enfin pu finir les recherches sur le terrible M. Auguste. Cette enquête avait pour but de comprendre son emploi du temps et de définir la méthode à appliquer pour le maximum de discrétion. Découvrir et analyser les va-et-vient de sa famille pouvait être enrichissant. Car si il existait une chose que Luka détestait, dans ce travail, c'était de prendre le risque de se retrouver face à un enfant, ou à un innocent. Il l'avait déjà expérimenté par le passé, et croiser les yeux aguerris d'un môme, qui comprend plus vite que vous la situation, c'était comme croiser ceux du faon à qui on enlève la mère. On ne citera pas Bambi pour des raisons uniquement technologiques, mais l'idée est là. Ainsi, en effectuant bon nombre de ces recherches, Luka diminuait fortement les probabilités de perpétuer cet évènement.
      Son travail préliminaire réalisé avec brio, et couché sur papier, Luka s'empressa de se trouver le meilleur alibi qui soit: des amis sans antécédent, qui iraient à la manifestation lors de laquelle il comptait mettre un terme à la vie de M. Auguste. Et pour cela, quoi de mieux que se trouver dans une boîte, un soir ou l'autre. Comme approche, Luka ne savait pas encore comment arriver à ses fins, mais il devait se laisser porter par le personnage qu'il avait appelé Julio Nomäg, qui avait trois ans de moins que lui, et qui venait d'arriver à Sannom. Son rôle d'acteur était indispensable, et il ne devait absolument pas se contredire. Comme attitude, il opta pour l'adolescent nonchalant, volontaire mais pas spécialement motivé, à l'aise et agréable et quasi-toutes circonstances. Et cet air lui porta chance, car il rencontra Mari, au bar, qui commandait une tournée pour tous ses amis. Ils parlèrent rapidement, et comme Luka savait bien le faire, il mit en avant le fait que Julio venait d'arriver et ne connaissait personne. Il ne fallut pas une seconde pour qu'elle commande un verre de plus et l'invita à se joindre à eux. Il y avait là trois garçons qui se voulaient comiques, beaux et ouverts, et une fille superbe qui étrangement, ne sortait avec aucun d'entre eux. Il réussit à raconter son histoire de nombreuses fois dans la soirée, comme l'aurait fait tout adolescent avec un ou plusieurs verres de trop. En réalité, ce n'était pas du tout le cas de Luka. Il s'était simplement contenté de singer les garçons de la bande et de se faire accueillir le mieux possible. Le stratagème réussit, et les six compères de Luka, certes bien atteints par la boisson, garderaient dans un coin de leur mémoire que leur nouvel ami s'appelait Julio. Qu'il venait du nord du continent. Qu'il ne voulait pas devenir pêcheur comme ses parents et était arrivé quelques jours plus tôt seulement. Il paraît évident que Julio était bien plus abouti que cela, mais Luka ne pouvait pas trop en demander à ses alibis. Ils se retrouvèrent au même endroit trois jours d'affilée et Julio semblait être accepté en temps que membre du petit groupe.
      La veille du mouvement, Mari motiva ses amis pour qu'ils la suivent, ce qu'ils décidèrent tous de faire, sauf Julio. Il leur avait fourni une excuse des plus valables: un besoin urgent de ranger son appartement en vue de la venue de sa mère dans les jours qui arrivaient. Il n'avait aucune envie qu'elle se rende compte que l'argent qu'elle lui envoyait ne finissait pas dans l'aménagement de son cocon comme elle le lui avait demandé. La joyeuse bande lui accorda ce contre-temps et ils se donnèrent malgré tout rendez-vous après le cortège dans un petit bar du centre-ville. C'était là que Julio devait les rejoindre après avoir mis de l'ordre dans sa chambre, et c'était là qu'il se rendait quand, à mi-chemin, il se souvint avoir oublié de fermer son unique fenêtre. Il avait tourné les talons et s'était senti observé... La suite, vous la connaissez.

      « Laisse-le vivre, et cache-toi avec moi. »
      Julio sourit, et se sentit légèrement mieux. L'homme en face de lui avait un visage long, les traits fins, et était fort agréable à regarder. Ses yeux étaient très lumineux, et Julio se prit à penser à des opales, bien qu'il n'en ait jamais vus. Même sous le costume noir composé d'un veston et d'un pantalon droit, accompagnés et assortis d'une ceinture et d'une cravate, Julio n'avait aucun mal à remarquer la minceur de son interlocuteur. Il paraissait même plus fin encore de près que de loin.
      Lorsque celui-ci lui renvoya une question, Luka ne put s'empêcher de tiquer sur cette curiosité qui ne lui plaisait guère. Ce genre de renseignements en disait long; l'homme avait réellement envie d'en savoir plus. Mais malgré les craintes de Luka, Julio garda le sourire. Que devait-il dire, et surtout... comment? Vérité, ou humour? Le jeune homme effectua quelques moues avec sa bouche qui laissaient entendre qu'il réfléchissait quant à sa réponse. Une fois les pour et les contres pesés, Julio se lança à dire ce qu'il pensait des manifestations avec toute la sincérité du monde.

      -Non, ça ne m'intéresse pas trop.

      Il marqua une courte pause. En effet, Julio détestait la politique et toute la publicité qui en découlait. Formaté par ses parents, il s'apprêtait à suivre le même chemin qu'eux: totalement contre le système, mais sans jamais rien faire. Manifester? C'était aux yeux de Julio, perdre son temps pour aucune conséquence positive à l'arrivée. Revenant à la réalité alors qu'il s'était un peu perdu dans les souvenirs anti-politiques qu'il s'était fait de ses parents, Julio se demanda ce que l'inconnu faisait là, lui. Faisait-il parti des manifestants? Cela lui paraissait bien étrange. Mais le risque était archi-présent, car ils étaient alors à moins d'une vingtaine de mètres de la scène de crime. Et si l'inconnu continuait à être curieux comme Luka le craignait, il pourrait y avoir de l'eau dans le gaz.
      Mais pour l'instant, le danger n'était pas réellement présent. Il ne fallait pas faire d'un ruisseau un tsunami. Cet homme, en face de lui, avec son ensemble noir sur cette chemise blanche, n'avait rien de dangereux, sinon le fait d'être curieux. Julio trouvait qu'il aurait pu faire penser à un homme d'affaire si seulement sa tenue reflétait un air soigné et appliqué. Ce qui n'était pas le cas notons-le bien.

      -Mais j'avais l'intention de m'y rendre effectivement. Mes amis y ont participé et je dois les y rejoindre.

      Julio plongea ses mains dans ses poches, froissant un peu plus son veston et sa chemise. Cela renforçait son air assuré, nonchalant et adolescent.
      De nombreuses questions fusaient dans la tête de Luka. La plus compliquée demandait l'identité de cet étrange interlocuteur. Une autre l'interrogeait sur les raisons de sa présence ici. Enfin, une troisième insistait sur cette curiosité qu'il sentait envahissante chez cet homme. Devait-il les lui poser? Cela paraîtrait-il bizarre?

      « Arrête avec ces questions: Julio n'a peur de rien, il est à l'aise. Il ira chercher les réponses que tu attends. »
      Julio parut réfléchir un instant et grimaça, comme s'il hésitait à agir. Et pourtant, vaillant et courageux, le jeune homme tira sa main droite de sa poche et la présenta à son interlocuteur. Tendue, confiante, elle invitait à être serrée.

      -Je m'appelle Julio. Enchanté. Êtes-vous... policier, par hasard?

      Cette hypothèse lui était venue par déduction. La manière avec laquelle il avait posé sa question lui avait aussitôt fait penser à un interrogatoire mené par les forces de l'ordre, même s'il n'y avait jamais eu affaire. Et son accoutrement le lançait également sur cette pensée: cet air un peu négligé qu'il s'imaginait voir sur les enquêteurs et inspecteurs... Tout aurait pu concorder, mais il manquait encore un acquiescement de la part du concerné.

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