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    Easy go to Hell {Pv Ozinette}

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    Caleb Matthew
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    Message  Caleb Matthew Lun 26 Avr 2010 - 22:55

      La fraicheur de la nuit avait envahi les rues de Sannom, telle une brume qui se glissait sournoisement sous chaque porte, sous chaque pli des vêtements des passants égarés. Certains badauds vêtus avec frivolité couraient se mettre à l'abri de l'humidité nocturne, d'autres prenaient le temps d'apprécier avec sérénité cette nouvelle saison chargée de parfums vifs et floraux, tandis que d'autres encore prenaient déjà de l'avance sur la nuit à venir, cuvant leur alcool ingurgité dans le caniveau le plus proche.
      Le printemps était bien là, apportant avec lui son lot de complications météorologiques, ses températures versatiles, sa chaleur légère et ses vent inconstants. Quoique Caleb n'aimât pas vraiment cette atmosphère étouffante qui promettait un été brulant et sirupeux, il appréciait le printemps. La raison? Simpliste. Le jeune homme n'avait qu'à s'adosser langoureusement contre un mur, glisser avec toute l'érotisme du monde une cigarette entre ses fines lèvres et quiconque se voyait invité à la pure débauche. Ça n'était même pas sa théorie, c'était la réalité. , testée et approuvée. Oui, le printemps était une excellente saison pour les affaires.

      Il était vingt-et-une heures, cela faisait à peine trois petites heures que Caleb était levé, et il déambulait, tel un chaton égaré, dans les nombreuses rues de Sannom, une cigarette éteinte entre ses lèvres, effleurant à peine sa langue. Allons donc, la journée de faisait que commencer pour le jeune homme, il était tout juste temps pour lui d'entrer en scène, pourvu qu'il trouvât de quoi jouer sa divine comédie. De quoi appâter de nouveaux clients, de quoi se montrer en bref. Ses pas le menèrent, au hasard des rues, sur un chemin qui lui était bien connu. D'un geste presque automatique, il porta la flamme de son zippo, marqué d'arabesques noires, à sa cigarette et tira deux longues bouffées réconfortantes. Ses yeux fixaient au loin une grande bâtisse et un fin sourire flotta quelques secondes sur ses lèvres rosées alors que le zippo regagnait sa place initiale, dans la poche du long manteau de cuir mordoré de Caleb. Comme à son habitude, sa tenue était somme toute parfaite, jouant avec classe sur les détails, ne laissant rien au hasard. Ses chaussures excellemment bien cirées ne contrastaient pas outre mesure avec l'étroit fourreau du jean noir, ni même avec la chemise d'un pourpre immaculé. La chaîne tombant de son cou et l'élastique sombre, qui retenait, pour une fois, ses mèches chocolatées en une minuscule queue-de-cheval, ajoutaient au charme taciturne de Caleb.
      C'est d'un pas résolu qu'il pénétra dans une de ses aires de jeux favorites.
      La musique envahit ses oreilles bourdonnantes.

      ~

      Caleb étira ses longs bras, dégourdissant ses membres endoloris par le sommeil. Sa dernière cliente venait de partir, le genre quinquagénaire hululante en mal profond d'amour, relativement embêtante, mais plutôt généreuse sur les pourboires. Allons donc... Sans sortir de sous sa légère couverture, le jeune homme tendit la main vers la table basse qui faisait office de table de chevet et attrapa la chaînette de sa montre à gousset. Dix-huit heures. Soupir. Caleb daigna enfin se redresser, faisant glisser sur son dos le drap de coton blanc. Son regard vitreux se posa sur la bourse posée à côté d'un billet plié en deux. Avec peine, il déchiffra le mot, gorgé de petits cœurs et de surnoms affectueux. Un autre rendez-vous, fixé au surlendemain. Les femmes étaient vraiment bien plus délicates sur ce genre de choses que les hommes.

      Les femmes répugnaient vraiment Caleb.

      Et puis elles payaient bien moins que leurs congénères masculins. Sept-cents Ryzs. Le jeune homme fronça les sourcils, ravageant son joli visage. Il allait falloir qu'il arrête de se brader ainsi, où il ne pourrait plus finir le mois. Certes, c'était déjà une bien belle somme, mais il fallait également compter l'achat de ces cigarettes et alcools de luxe, de ses drogues, sans parler de son traitement médicamenteux.
      Sa tête bascula en arrière, ses cheveux allèrent effleurer de leurs douces pointes ses omoplates meurtries et le jeune gigolo éclata de rire. Alala, il avait vraiment beaucoup dormi, bien plus longtemps qu'il ne l'aurais souhaité. Mais au moins, comme cela, il était de nouveau d'attaque pour une nouvelle partie de plaisir dans quelques heures. Un sourire plus carnassier se peignit sur son visage.
      D'un geste, il se débarrassa de la couverture qui avait glissé au pied du lit et la jeta à bras-le-corps dans une pièce adjacente où s'entassait déjà d'autres objets similaires ainsi que la Halconera.
      Regard amoureux sur son arme chérie.

      L'immeuble désaffecté fut quitté après avoir enfilé un jean délavée et une chemise blanche, tenue passe-partout, pour rentrer à l'auberge, le petit pied-à-terre de Caleb. Il récupéra les clefs de sa chambres au comptoir, jeta quelques pièces au patron par la même occasion.

      « Préparez-moi quelque chose, n'importe quoi, je redescends tout de suite. »

      En effet, il ne mit que très peu de temps à déposer son fusil -enveloppé préalablement dans un large carré de tissu bleu ciel pour la dissimuler- et la bourse gagnée cette nuit.
      Le repas -une omelette aux champignons- fut avalée en un rien de temps, avec quelques regards sombres aux quelques clients. Beaucoup des gens qu'il côtoyait au quotidien venait dans cet endroit, aussi, il ne pouvait s'estimer tranquille tant que des connaissances seraient présentes au même endroit que lui. Cela impliquait également ses propres clients. Et Dieu seul sait combien ils pouvaient être, à partager à la fois sa couche pour une nuit payée et son restaurant préféré.
      Jamais tranquille, vraiment.
      Un vieil homme lui adressa une œillade malsaine, Caleb l'ignora superbement.
      Non, vraiment.
      Les couverts posés, l'assiette vide, il remonta dans sa chambre. Vingt heures. Une douche plus tard, il était temps d'égayer un peu cette morne soirée, de s'amuser si possible, de se distraire un minimum.

      ~

      Sur la scène, un groupe de quatre hommes lançait des accords tantôt d'une douceur sans fin, tantôt aussi déchirant que la foudre elle-même. Caleb écrasa son mégot dans un cendrier à l'entrée la boîte de nuit la plus branchée de Sannom, et de tout Gamaëlia affirmait-il facilement, et se fraya un chemin entre les jeunes danseurs, les moins jeunes alcooliques et atteint son but premier, un des deux grands bars.
      Soupir.
      Tous les hauts tabourets étaient occupés. Vraiment, comme s'il y avait besoin de cela pour commencer à énerver notre jeune gigolo. Un dernier regard lui apprit que s'asseoir à ce comptoir était dans espoir. Dans un froncement de sourcils plus que certain et dans un agacement croissant à vive allure, il traversa à nouveau le flot des danseurs alors que le chanteur à la voix mélodieuses les enveloppait d'une douce mélopée amoureuse.
      Slow. Quelle horreur.

      Caleb se dépêcha de gagner le deuxième bar de la boîte, et il se hissa sans difficultés sur un des nombreux sièges vides.

      « Coupe de champagne. »

      Des mots secs lancés à l'adresse du barman, un homme qu'il connaissait pour lui avoir offert une nuit de plaisir lorsqu'il était plus jeune, accompagnés d'un regard noir qui semblait crier « Tu parles, j'te bute ».
      Clair, simple, précis.
      Caleb renversa imperceptiblement sa tête en arrière, et s'accouda avec dédain sur le comptoir, attendant avec une exaspération feinte ladite coupe de champagne. Il ne comptait pas beaucoup boire ce soir, ne tenant pas vraiment à se trouver dans un état pitoyable au bout de deux verres. Il connaissait ses limites, ne les respectait pas toujours, voire rarement, mais il savait s'arrêter.
      Le champagne était parfait.
      Dans un soupir las, son coude glissa légèrement, allant taper dans le bras de son voisin, plus proche que prévu. le jeune homme haussa les sourcils, surpris par ce contact inopiné et fixa le garçon qui se trouvait à sa gauche. Les cheveux d'ébène, les yeux d'émeraude, le menton arrogant et un verre entre ses longues mains blanches, son voisin lui disait vraiment quelque chose.
      Vraiment.
      Sa coupe arriva, Caleb l'ignora, préférant chercher dans sa mémoire l'endroit où ils avaient bien pu déjà se rencontrer -peut-être ici d'ailleurs-, son nom peut-être. La recherche n'aboutissant manifestement aucunement, le gigolo prit une gorgée de champagne -délicieux- et tendit un doigt malsain vers le jeune homme. Il n'avait pas franchement l'habitude d'adresser la parole comme cela, à un étranger. Mais ce manque dans son cerveau, ce trou de mémoire, l'occupait bien plus qu'un comportement quelconque en boîte de nuit. Pour une fois.

      « T'es qui? »

      Un aller simple pour l'Enfer.
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    Message  Oz Roland Mer 28 Avr 2010 - 23:14

      Oz poussa un soupir las et profondément blasé lorsque les premières notes caractéristiques d’un slow s’élevèrent dans la boîte bondée. Assis à la fois avec nonchalance et élégance sur un tabouret du bar, sirotant sa deuxième Margarita de la soirée, le jeune homme se félicita d’avoir quitté la piste avant que le morceau fatidique ne passe dans les enceintes du Jumble. Il ne serait pas obligé de se coltiner une gonzesse en jupette qui ne savait pas danser et qui se serait collée à lui en papillonnant stupidement des cils, ainsi. Pas que cela le dérangeait forcément outre mesure, mais là, ce soir, il n’en avait aucune envie. Et puis, un slow, c’était chiant. Trop lent. Beaucoup trop lent. On ne pouvait même pas se déhancher de manière ultra sexy sur un truc pareil, on se contentait de faire des pas d’une lenteur accablante en tenant sa partenaire par la taille. Même pas une danse. Donc ouais, il avait bien choisit son moment pour quitter la piste toujours aussi pleine quelque soit le jour de la semaine, pour venir se désaltérer avec un inévitable verre d’alcool ou cocktail au bar. Le deuxième bar du Jumble, d’ailleurs, s’il-vous-plaît, celui qui, au fond, avait toujours l’avantage de disposer de plus de sièges libres que le premier. Lorsque l’on était un habitué des lieux, on constatait plutôt rapidement que tous le troupeau avait tendance à se réfugier au comptoir du premier bar, alors on avait le réflexe d’aller directement s’installer au deuxième. Pratique.

      Tenant son verre dans une main, Oz avala une nouvelle gorgée de son cocktail à base de tequila, et tira sur le col de sa chemise, dans un geste machinal, le regard blasé se baladant sur l’étalage de bouteilles diverses, derrière le comptoir. Vêtu d’un veston noir sans manches laissé ouvert, passé sur une chemise blanche aux manches retroussées au niveau du coude, une cravate noire nouée nonchalamment autour du cou et d’un jeans sombre, il avait mêlé la nonchalance à l’élégance, comme il en avait prit habitude, à l’aide d’un regroupement hétéroclite de quelques bracelets glissés aux poignets, à l’aide des chaînes en guise de ceinture, d’une ou deux bagues aux doigts, de deux ou trois pendentifs autour du cou. Sobre et stylé. Une tenue comme il les aimait. Il avait traîné pas mal en ville, aujourd’hui. Déambulant d’une rue à une autre, d’un bar à un autre, d’une boutique à une autre, il avait glandé comme il savait si bien le faire et comme il le faisait toujours si bien. En rentrant à l’Auberge pour prendre une douche brûlante pendant plus d’une heure, il n’avait croisé ni Sila qui devait être au studio de danse ni Vasco qui lui devait être on ne savait où, que ce soit dans une rue en train de se produire avec sa guitare ou dans un café en train de chanter les louanges de la première donzelle venue. Alors après avoir traîné un moment au bar de l’Auberge histoire de se plaindre continuellement pour le plaisir auprès de Pop, ce cher aubergiste, Oz était finalement sorti, et s’était tout naturellement dirigé vers le Jumble. La boîte de nuit de renom était incontournable, après tout. Et puis, se déchaîner sur la piste, en profiter pour étaler sans vergogne son talent de danseur qui, s’il n’était pas d’une perfection incontestable, était d’une sensualité et d’une technique suffisamment conséquentes pour que l’on puisse classer le gosse de riche dans la catégorie des bons danseurs, ce serait toujours çà.

      Il avait donc dansé, et bien entendu, il avait bu. Sans excès, pour une fois. Et il avait commencé en douceur, avec une simple coupe de champagne - le meilleur champagne de l’établissement, bien entendu. Laquelle avait été suivie d’une Margarita, et la dite Margarita fut suivie d’une autre, présentement dans la main d’Oz. Mais c’était tout. Il n’était donc pas saoul, pas au point de perdre complètement la tête et d’aller se pendre au cou de toutes les personnes qui ne faisaient que passer à côté de lui, tout du moins. Et c’était tant mieux pour lui. Il était donc assis, durant ce slow, au bar, un coude posé sur la table, occupé à boire et à se demander vaguement quoi faire ensuite, lorsque la catastrophe se produisit. Un coude percuta le sien. Un coude avait glissé stupidement sur le bar, trop près, et venait de percuter le sien. Son bras, son bras à lui. Le regard accusateur et la mine courroucée d’Oz se tournèrent vers la personne assise à sa droite, personne qu’il avait bien entendu complètement éclipsé de son esprit jusqu’ici. Il considéra le jeune homme avec dédain, balayant ses cheveux chocolatés, ses yeux d’un marron profond, son visage pâle et sa haute silhouette un court instant du regard, méprisant. Il eut un léger froncement de sourcils, cependant, lorsqu’il observa avec davantage d’attention le visage de son voisin. Cette gueule… Elle lui disait quelque chose, là, vaguement. Aucun nom ne lui venait à l’esprit, et il ne savait pas du tout d’où cette impression venait. Peut-être l’avait-il déjà croisé ? Fort possible. En tous les cas, pour le moment, il ne s’en soucia pas outre mesure.

      - T’es qui ?

      Haussement de sourcil.
      A la fois d’un mépris indubitable et d’une incrédulité hautaine.

      Putain, il en avait de bonnes celui-là. Qui il était ? On pouvait donner bon nombre de réponses à une question pareille, en vérité. Celle qui serait probablement la plus juste serait sans conteste Oswald Roland, âgé de fraîchement 18 ans, fils cadet d’un des hommes d’affaires les plus riches du continent, gosse de riche capricieux et arrogant qui claquait des fortunes, jugées communément colossales mais qui n’étaient que des broutilles pour lui, dans des alcools luxueux, des fringues faits sur mesure par de grands couturiers, dans tous les objets qu’il pouvait voir et qui pouvaient l’intéresser quelques secondes avant de les oublier dans un coin, encore et toujours, sans cesse. Claquer du fric pour claquer du fric, par la force de l’habitude qui devient élément intégrant du quotidien. Il était Oswald Roland, donc. Mais on ne l’apprenait que très rarement de sa bouche, vu que pour lui, il était « Oz ». Et surtout pas Oswald. Tout le monde le connaissait davantage en tant qu’Oz, et tout le monde ou presque se contentait de ce surnom - ce qui était d’ailleurs une décision des plus sages. Alors il était Oz. Oz le gosse de riche insupportable d’arrogance quand on se contentait de le connaître superficiellement ; Oz le magnifique ou Oz la bombe sexuelle quand on l’écoutait disserter sur la beauté divine de son corps sculptural ; Oz le plein aux as qui ne foutait que dalle de ses journées quand on le voyait toujours traîner dans l’Auberge, dans les bars ou en boîte ; Oz le chieur de service qui gueulait sans cesse sur ce grand blond avec qui il s’affichait tout le temps en ville, et qu’il était censé se taper selon les dires de beaucoup ; Oz le violent qui préférait définitivement abattre son poing dans la tronche d’un emmerdeur plutôt que de lui demander gentiment d’arrêter ; Oz le provoquant qui ne souriait que lorsqu’il le faisait de manière narquoise pour déclencher les hostilités ; Oz le sale gosse qui s’impatientait sans arrêt et exigeait que le moindre de ses caprices soit comblé sur le champ ; Oz à la fierté démesurée qui s’emportait et se vexait pour un rien bien trop souvent ; Oz l’égocentrique qui ignorait, méprisait et préférait se tourner vers son nombril plutôt que de s’occuper de ce putain d’autrui ; Oz le vrai, Oz le masque, Oz le mélange. Oz.

      Mais il n’allait pas répondre cela. Non, pas assez drôle. « Ton pire cauchemar », peut-être ? Bof, trop cliché, beaucoup trop cliché. « Pas quelqu’un qui a du temps à perdre avec tous les crétins que cette foutue boîte attire »  ? Véridique. « Juste une bombe sexuelle »  ? Cà tombait tellement sous le sens… « Incontestablement la plus belle gueule que tu croiseras dans ta chienne de vie » ? Ouais, çà, çà lui plaisait bien. On pouvait trouver de jolies réponses du style, lorsque l’on cherchait un tant soit peu. Mais finalement, après quelques secondes passées à jauger son interlocuteur d’une œillade méprisante, Oz jeta son dévolu sur la réponse qui lui paraissait la plus pertinente dans l’instant.

      - Le mec que t’aurais pas du toucher.

      Evidemment qu’un coude qui venait se taper malencontreusement contre le bras de Sa Majesté suffisait pour trouver motif à ce dernier de râler. Evidemment qu’il allait se servir du premier prétexte venu pour contredire son monde, pour faire son chieur, pour faire valoir cette autorité incontestable qu’il se targuait effrontément d’avoir. Evidemment qu’il n’allait pas gentiment se présenter alors qu’on lui parlait sur ce ton présomptueux qu’il jugeait être le seul d’être en droit d’employer. Evidemment.

      - Excuse-toi.

      Le regard de jade éclatante vrillé dans le marron de l’impertinent, Oz s’était exprimé sur un ton sans appel, impérieux, avec cette inflexion purement autoritaire et impérative de l’ordre pur et dur, d’un adorable et incontestable despotisme propre aux gosses de riches qui ont l’habitude qu’on leur obéisse. Le coude toujours posé nonchalamment sur la surface du bar, portant le verre d’alcool à ses lèvres avec grâce, il ne quitta pas l’autre jeune homme du regard et attendit. La lueur de sombre défi dans les yeux, celle du roi qui n’attend qu’une chose de son sujet : qu’il se couche. Parce qu’il ne pouvait pas en être autrement. Pas pour quelqu’un comme Oswald Roland.
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    Message  Caleb Matthew Sam 1 Mai 2010 - 0:25

      Les dernières notes lentes et aériennes du slow s'égrenèrent dans l'atmosphère chargée en alcool, sueur et libido de la boîte de nuit. Essoufflés de cette danse qui se révélait parfois bien plus tendue que toutes les autres sauvageries qui pouvaient se pratiquer dans cet endroit, les danseurs se retirèrent peu à peu de la piste, allant chercher refuge parmi les fauteuils moelleux de l'étage moins bruyant. Certains se dirigeaient vers les deux bars, apaisant avec force d'alcool leur soif pour reprendre de plus belle leurs gesticulations effrénées au rythme d'une nouvelle chanson du groupe, vantant avec la voix mélodieuse les bienfaits d'une bonne cuite. Pathétique.
      Gesticulations, c'était vraiment comme ça que Caleb voyait la danse. Oh, certes, il savait apprécier de bons artistes interprétants avec brio un tango ou une valse très technique, mais le seul sentiment que pouvait lui apporter la vue de ces jeunes gamaëliens de déhanchant avec plus ou moins de vulgarité était la pitié. Bien entendu, il faisait partie de ce lot, quoiqu'il n'aimât pas danser. Mais la piste était un excellent terrain de chasse, il ne fallait pas le nier et Caleb savait s'en servir avec l'expérience d'un grand maître. Utiliser son corps svelte pour attirer à lui toutes sortes de danseurs, des filles la plupart du temps, mais il lui arrivait de se déhancher aux côtés d'un garçon.
      Oui, le Jumble était vraiment un endroit plein de surprises.

      La preuve.

      « Le mec que t'aurais pas dû toucher. »

      Sur le coup, Caleb ne sut pas vraiment de quelle manière réagir. Devait-il paraître profondément offusqué, comme si cette simple remarque l'avait blessé au plus au point? Un peu exagéré, non? L'ignorer, chose habituelle pour lui? Cela aurait été des plus ennuyeux et l'aurait fait passer pour un homme sans réelles convictions, le laissant piétiner sans vergogne. Non, définitivement, non. Mais il ne voulait pas vraiment provoquer d'effusions, alors qu'il était tranquillement installé au Jumble, sirotant sans grand entrain sa première coupe de champagne. Sérieusement, cela faisait plus de quarante-huit heures qu'il n'avait pas pris ses médicaments, n'avait rien bu du tout; il était donc légèrement à fleur de peau, pas vraiment sur les nerfs, mais un rien aurait suffit à réveiller quelque pulsion. Laquelle? Personne n'aurait pu le dire.
      Mais l'honneur -si honneur il y avait- était sauf, les bulles légères du champagne faisait déjà leur effet et le jeune homme se sentait déjà plus détendu, près à aborder tous les problèmes du monde avec la plus grande sérénité.
      Un seule verre d'alcool lui faisait déjà tourner la tête, emplissant son esprit des plus douces mélodies.
      C'était pitoyable.
      Mais Caleb avait appris à vivre avec.

      Ceci dit, le gigolo n'eut que le temps d'esquisser un sourire d'une hypocrisie remarquablement narquoise à l'adresse de son bien prétentieux interlocuteur.

      « Excuse-toi. »

      Allons donc, cette fois-ci, ce fut un véritablement étonnement qui se peignit sur le visage de Caleb. En lui-même, cet ordre lâché avec cet air impérieux ne le choqua pas outre mesure, non. Pas plus que l'affluence d'arrogance qui émanait de sa petite personne, la jeune gigolo en avait bien plus l'habitude que n'importe qui: la plupart de ses clients masculins étaient de cette trempe pseudo-aristocratique, exigeant à tort et à travers mille choses parfois infaisables. Il était bien là le problème. Que Monsieur Roland Oswald donnât un ordre, fort bien, le jeune homme en aurait certainement fait de même à sa place, mais qu'il ordonne à Caleb, bras-droit du chef de la fameuse Akaëlia et gigolo des plus prisés de tout Sannom, c'était inadmissible. Pour ce dernier. Il n'avait d'ordres à recevoir de personne, absolument personne, gratuitement. Il n'était pas le genre d'homme à agir sans compensation.
      Soutenant avec défiance le regard de jade de son terriblement vaniteux voisin, Caleb plongea à son tour les lèvres dans sa coupe, narguant avec suffisance Oswald. Un jeu qui lassa hélas bien vite l'ancien Dalavirien mais qui fut presque immédiatement remplacé par un autre. Joueur sans outrance, Caleb aimait s'amuser à chercher la petite bête chez tout le monde, à ses risques périls. Enfin ça, c'était ne serait-ce qu'avec une minuscule goutte d'alcool dans le sang.
      Le jeune homme vida sa coupe, la déposa avec douceur sur le comptoir et tout en haussant un sourcil interrogatif, pivota sur son siège, s'adossant avec langueur contre la paroi vitrée. Son regard se promena sur les danseurs qui continuaient de suivre avec ferveur les paroles sans grand intérêt de la chanson, le rythme trépidant de la musique. Sans toutefois s'excuser auprès de Môsieur-le-voisin-mécontent. Seul un rire sarcastique put parvenir aux oreilles de celui-ci, ainsi que quelques mots peu familiers à Caleb, mais tout aussi vrais que le poing qui allait potentiellement atterrir dans son si joli visage.
      Une voix calme, posé, grave et narquoise.

      « Désolé gamin, tu ne m'intéresses pas outre mesure. »

      Certes, celui qu'il voyait du coin de l'œil n'avait rien d'un gamin, il devait avoir sensiblement le même âge. Mais il savait d'expérience que le surnom de «gamin» ne plaisait pas du tout du tout. Voire même plus.
      Un régal.
      La piste de danse le désintéressa bien vite et l'ambre incandescente de son regard retourna se poser sur Oz, parcourant les courbes de son corps, comme seul un spécialiste aurait pu le faire.
      Déformation professionnelle.
      Non, vraiment, il ne l'intéressait pas, quoiqu'il fallait à présent jeter un coup d'œil du portefeuille. Un fin sourire s'esquissa sur ses lèvres tandis qu'il commandait au barman un verre de jus de mangue: il n'était vraiment pas le genre de personne qui constituait l'essentiel de la clientèle de Caleb. Bien trop arrogant, avec ce petit air pédant qui sied si bien aux gens de cette espèce, porte-monnaie garni à l'appui.
      Un nouveau rire léger secoua le jeune homme.

      Dans son esprit, la question de savoir qui était l'homme qui lui faisait face avait presque totalement disparu.
    Oz Roland
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    Message  Oz Roland Dim 2 Mai 2010 - 23:34

      Oz observa d’un œil désintéressé les différentes expressions qui passèrent sur le visage de Caleb, images de ses réactions, en attendant d’obtenir les excuses qu’il réclamait égoïstement. Le sourire incontestablement narquois de son interlocuteur ne fit que renforcer son agacement propre aux personnes trop fières, l’étonnement évident lui fit esquisser un très léger sourire suffisant et arrogant, aux coins des lèvres, la défiance dans le regard lui donna davantage l’envie d’écraser, de lapider l’adversaire. Le silence qui s’allongeait et les excuses qui tardaient nourrirent la contrariété, cette présomption dans la façon de boire et cette manière de pivoter sur son siège pour se détourner lui firent légèrement froncer les sourcils d’exaspération. Le rire, incongru, sarcastique, narquois, provoquant, ce rire n’était rien d’autre qu’un affront dans les règles, un affront intolérable, l’appel désespéré d’un masochiste qui n’avait probablement pas reçu son quota de maltraitance et de coups de la journée. Ce rire, Oswald le prit naturellement très mal. On ne riait pas ainsi de lui. Les sourcils froncés, les lèvres pincées, l’éclair contrarié dans les yeux d’émeraudes, le gosse de riche aux cheveux de jais n’avait cependant pas encore vu le meilleur.

      - Désolé gamin, tu ne m'intéresses pas outre mesure.

      Wow, wow, wow.
      Là, c’était du suicide pur et dur, à peu de choses près, ou il ne s’y connaissait pas.
      Non ? Bon, peut-être que non, mais çà n’en était pas loin, en tous cas.

      Oz commença par hausser un sourcil, lentement. Le coude toujours posé nonchalamment contre la surface du bar, les longs doigts repliés autour du verre, il n’éclata pas tout de suite dans une colère impulsive comme on pourrait probablement s’y attendre. Non, il haussa un sourcil, simplement, l’air de se demander pendant une seconde s’il avait bien entendu, s’il ne s’était pas juste imaginé ces quelques grotesques propos. D’abord, çà. Cette ridicule, cette grossière insulte. Gamin. Gamin, quoi. D’où cet abruti, cet inconnu qui n’était rien, strictement rien, se permettait-il de le considérer, lui, Oswald Roland, comme un vulgaire gamin ? Sa coupe de champagne lui montait déjà à la tête, à celui-là, ou quoi ? Il n’était pas un gamin, il était loin de l’être. Ou en tous les cas, c’était comme çà que le gosse de riche voyait les choses. Oz exécrait tout simplement le fait que l’on puisse le juger de la sorte, comme un môme, un vulgaire gosse qui ne connaissait rien à la vie. Il venait d’avoir 18 piges, il estimait donc ne plus être un gamin. A juste titre ou pas, cela, c’était une autre affaire. Pour lui, de toutes façons, il n’était plus un gamin depuis longtemps. Depuis que son enfoiré de frère aîné s’était cassé ; depuis qu’il s’était mis à fréquenter les boîtes de nuits insalubres alors qu’il n’avait que 14 ans, graissant la patte des videurs avec quelques gros billets histoire de pouvoir entrer malgré son âge ; depuis qu’il s’était mis à boire avec excès, à traîner avec des types plus âgés, louches et qu’il n’aimait pas, à s’afficher sans cesse avec les pires salauds de gosses de riches qu’il pouvait trouver ; depuis qu’il s’était retrouvé les premières fois dans le lit de quelques filles sans savoir comment, à force de perdre pied à cause de l’alcool ; depuis qu’il s’était mis à détester le monde avec plus d’acharnement que jamais, depuis qu’il faisait tout pour détester et se faire détester en retour ; depuis cette époque, depuis tout çà, donc, il estimait ne plus être un gamin. Et il ne supportait pas, ne pouvait pas accepter, que l’on puisse le qualifier de la sorte aujourd’hui. Mauvais point pour Caleb, pour commencer.

      Mais cela ne s’arrêtait pas là. Comment çà, il ne l’« intéressait pas outre mesure » ? C’était quoi cette connerie monumentale, çà encore ? Non, mais parce que pour ce cher Oswald, il fallait être sérieux une minute. Ce genre de propos, c’était complètement aberrant. On s’intéressait forcément à lui, bordel. C’était une vérité incontestable, une vérité prouvée, une vérité fondée, que diable ! Soit l’on craquait pour son corps d’éphèbe rien qu’en le regardant, soit on avait envie de le claquer, soit on avait envie de se le taper immédiatement, soit on avait envie de le buter, soit on l’admirait, soit on le détestait, peu importe, mais on ne pouvait pas rester indifférent. Impossible. Inadmissible, disons plutôt. Sincèrement. C’était incroyable le nombre de conneries magistrales qui pouvait sortir de la bouche des attardés de cette putain de ville à deux ryzs, n’empêche. Oz se le disait sans arrêt, et il n’avait probablement pas fini de le faire. Après avoir haussé un sourcil, un rire sec et incrédule, au fond baigné d’arrogance, fusa de la gorge du gosse de riche. Incrédule, c’était le mot. Tout comme son ton, qui restait cependant d’une suffisance et d’un mépris indubitables, alors qu’il posait les yeux sur son interlocuteur.

      - Tu déconnes ?

      Bien sûr que non, qu’il ne déconnait pas. Mais la question méritait toujours d’être posée, bien qu’elle ne demandait pas forcément de réponse. Oz n’en attendait pas non plus, de toutes façons. La preuve. Il tendit le bras avec élégance pour poser sa Margarita sur le comptoir, avant de pivoter légèrement sur son siège, de se pencher en avant, et de saisir brusquement l’impertinent par le col, avec cet air menaçant qu’il arborait toujours lorsqu’il voulait faire clairement comprendre à son vis-à-vis qu’il était à deux doigts de lui coller son magnifique poing dans sa stupide petite gueule. Les sourcils froncés, l’air hautain et irrité, Oswald n’attendit effectivement pas de réponse et sa voix claque de nouveau, sifflante et autoritaire à la fois.

      - Rien à foutre. J’exige des excuses quand même, mec.

      Evidemment qu’il exigeait. Il ne demandait jamais rien, il ordonnait. Et il tenait à la nuance, vous pouvez même aller demander confirmation à Vasco Fair. Il exigeait des excuses, il fallait les lui donner, point. Ce n’était pas compliqué à comprendre. Et là, il les exigeait de cette tête à claques avec son champagne et sa connerie présomptueuse, cette tête à claques qu’il ne connaissait pas et dont il se foutait bien, cette tête à claques qu’il méprisait bien évidemment sans le connaître, cette tête à claques… Cette tête à claques qui lui disait incontestablement quelque chose, oui. Merde alors. Le froncement de sourcils qui illustrait la contrariété devint l’image d’une réflexion. Oz se foutait des gens. Ou tout du moins, il s’en foutait de la plupart. Il ne retenait pas énormément de noms, ne se donnait pas la peine de retenir tous les visages qu’il pouvait croiser dans sa vie. Il ne se donnait jamais la peine de chercher, de fouiller dans des souvenirs qu’il ne voulait pas prendre le risque de remuer. Seulement, là, il venait de s’enfiler deux Margaritas et une coupe de champagne, ce mec le cherchait incontestablement, il était agacé, irrité, et cette impression d’avoir déjà vu son vis-à-vis quelque part le dérangeait, le frustrait quelque peu. Alors il plissa un court instant les yeux, chercha un quelconque indice dans les traits du visage de cet homme, fit appel à sa mémoire, là, toujours en le tenant, et sa voix, quoi que toujours sèche, se fit pensive.

      - Ta tronche…

      Oui, elle lui disait quelque chose, cette gueule, indubitablement. Et puis soudain, avec une simplicité effarante, ce fut le déclic. Oz écarta les doigts et lâcha le col de Caleb, pour se reculer sur son siège, les sourcils encore froncés, alors qu’il penchait presque imperceptiblement la tête du côté, en l’observant. Il ne se souvenait pas de son nom. Mais des images de son unique année passée à l’Académie lui revinrent à l’esprit. Ces cours qu’il séchait sans arrêt, ces professeurs auprès de qui il se montrait si effrontément insolent, ces gamines qu’il draguait pour passer le temps, ces types qu’il avait provoqué si souvent, jusqu’à en venir aux poings, cette salle commune de cette stupide maison, la Dalavarie. Ouais, la Dalavarie. Ce putain de système à la con, cette histoire ridicule de maison. Il y en avait eu plusieurs, des Dalaviriens. De toutes sortes. Oswald avait été le gosse de riche pourri gâté, suprêmement arrogant, terriblement insolent et incontestablement insupportable. Celui dont on avait été certainement ravi de se débarrasser au bout d’une dizaine de mois. Et puis, il y avait eu ce Dalavirien, aussi. Un dont le nom échappait complètement à Oz, un à qui il n’avait probablement jamais adressé la parole, ou alors il ne s’en souvenait pas si c‘était le cas. Un dalavirien, donc, qui, maintenant que çà lui revenait, avait fait scandale pour avoir sauté du toit de l’école. Tentative de suicide ratée, vu que sa chute avait été rattrapée par le sort d’un professeur qui avait réagi à temps. Si Oz s’en souvenait, c’est parce qu’il se rappelait qu’il avait relativement apprécié la chose. Ouais, parce que les professeurs effarés se trouvant soudainement obnubilés par ce gosse qui avait sauté du toit sans prévenir, il avait quant-à-lui pu se casser en ville pour aller finir la journée et la nuit dans un bar, à se saouler la gueule en beauté, comme il savait si bien le faire. Evidemment.

      Il n’avait pas retenu son nom, mais l’analogie qu’il faisait entre le visage de ce suicidaire raté dont il se souvenait vaguement et les traits de son voisin de bar, ce soir-là, lui paraissait évidente. Oz porta donc machinalement la main à son verre abandonné sur le comptoir, et le porta ensuite à ses lèvres pour avaler une nouvelle gorgée du cocktail. C’était flou, mais les pièces du stupide puzzle semblaient se dessiner progressivement dans son esprit, se mettre lentement en place, et cela lui convenait. Oubliant momentanément l’affront et les excuses qu’il attendait toujours, il posa de nouveau le coude sur la surface du bar et considéra Caleb d’un air parfaitement méprisant et supérieur, comme il le faisait si souvent. Le verre en main, le coude sur le bar, les yeux rivés sur celui dont il voulait découvrir l’identité avant qu’il ne découvre la sienne. Comme un jeu. Où il gagnerait forcément, parce qu’il ne perdait jamais, parce qu’il ne pouvait pas perdre.

      - Toi… T’es l’abruti qui a cru pouvoir voler, et qui a sauté du toit de cette putain d’Académie, il y a quelques années.

      Il ne se donnait pas la peine de demander confirmation, bien entendu. Même s’il était loin d’en être sûr à 100%, les traits de ce visage faisaient vaguement mais perceptiblement écho à sa mémoire, et cela lui suffisait pour se permettre d’affirmer une chose pareille. Chose qu’il balançait comme si elle était la plus anodine qui soit, d’ailleurs, avec ce mépris incontestable dans la voix et le regard. Après tout, Oswald Roland et le tact, çà faisait deux.
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    Message  Caleb Matthew Mer 5 Mai 2010 - 20:54

      Le barman posa, à côté de son coude nonchalamment appuyé contre le comptoir, son long verre de jus de mangue. Ce fruit avait la particularité de provoquer chez Caleb le même effet qu'une bonne bouteille de vin ou une canette de bière mousseuse. Le côté «Je saute sur tout ce qui bouge (ou pas) en moins !», s'il-vous-plaît. La main aussi légère qu'une plume, le jeune homme saisit son joli verre et but une lente gorgée, savourant chaque instant du jus sirupeux coulant avec indolence le long de sa gorge. Avec délectation, il renversa la tête en arrière, souriant de jubilation. Les premiers mots de son arrogant interlocuteur n'effleurèrent qu'avec douceur ses oreilles fermées à tout son. Même la musique, qui continuait de déverser son flot continu de notes légères. Ce moment de pur bonheur aurait pu se poursuivre, encore et encore, si seulement la signification des si tendres paroles d'Oswald n'avaient pas pénétré l'esprit tordu de Caleb.
      Lui, déconner? Sans dire jamais, la déconnade était rarement au programme dans le monde de Caleb. Très rarement. Il était, presque en toute circonstances, d'un sérieux irréprochable. D'accord, il paraissait sérieux. Car bien entendu, tous ces magnifiques compliments à l'adresse des femmes les plus laides n'étaient que mensonges.
      Bien entendu.

      En revanche, c'était très certainement ce jeune homme à la Margarita qui plaisantait, vraisemblablement. Ne comprenait-il pas que des excuses, Caleb n'en présenterait jamais gratuitement? Un instant, il songea à frapper Oswald. Fort, très fort, pour le dissuader de réclamer à nouveaux ce genre d'inepties. Mais les brumes de son esprit s'épaississaient de plus en plus, le perdant encore un peu dans cette joyeuse sérénité.
      Il ne se départit pas de son sourire, il conserva son attitude nonchalante. Enfin, il essaya.
      Car voyez-vous, garder une posture de parfaite indifférence indolente relevait du domaine de l'impossible lorsque son interlocuteur vous tordait ainsi le col de chemise. Non vraiment, ce garçon était dérangé. Ou n'avait aucun sens de l'humour, au choix, quoique Caleb penchât pour la première solution.
      Dans son regard de topaze, seuls le mépris et la résolution pouvaient se lire avec facilité.
      Le jeune gigolo tendit à son tour la main, et attrapa celle qui tentait visiblement de l'étrangler. La poigne plus que ferme qu'il exerça fit lâcher son agresseur soudain et il fut sur le point de coller une bonne droite dans le charmant minois de ce dernier.
      Personne ne touchait son corps sans sa permission.

      « Ta tronche... »

      Allons donc, l'illuminé avait apparemment d'autres choses à raconter.
      Mais cette simple injonction, particulièrement vulgaire en soi, rappela à Caleb combien le visage de son vis-à-vis lui était familier. Le dérangeait. Toutefois, il avait beau chercher, il ne voyait pas qui il pouvait être. Il fallait dire que le jeune homme tentait par tous les moyens d'occulter une grande partie de son passé, notamment ses désastreuses années passées à l'Académie de Sannom.
      Il prit une nouvelle gorgée de son jus de fruits, le grisant un peu plus.

      « Toi… T’es l’abruti qui a cru pouvoir voler, et qui a sauté du toit de cette putain d’Académie, il y a quelques années. »

      Et il manqua de s'étouffer.
      Crachant et toussotant, il regarda avec la plus grande incompréhension son terrible voisin. Comment pouvait-il savoir? Cette tentative désespérée de suicide datait tellement... Une bien belle connerie en soi, qui l'avait mis au centre de l'attention pendant le reste de sa scolarité.
      Et la mémoire fut.
      Le brouillard couvrant ces bribes du passé se dissipa.

      L'Académie. Grimace.
      Ces mèches aux couleurs de l'obsidienne la plus pure, ces perles d'ambre verte scintillante, cette peau opaline. Une forte impression de déjà vu. Cette stature bourgeoise, cette main élégante, ces vêtements de couturier, ces riches bijoux. Certain, c'était...
      Cette face arrogante, ce petit air pédant, cette voix impérieuse et inflexion suprême. Bien sûr, bien sûr, c'était...
      Ce sourire malsain, cette petite fossette prétentieuse au coin de la lèvre, cette œillade meurtrière. Bien entendu.
      Oh oui, cet homme ne lui était absolument pas inconnu.
      «Oswald Roland», «Enfoiré !», «Oz», «ROLAND !». C'était des noms, des mots, des cris qui avaient somme toute rythmés sa scolarité. Reflet parfait d'une époque que Caleb aurait volontiers oubliée, une tranche de son passé enfoui au fin-fond de sa triste mémoire, un souvenir douloureux dont il fallait éliminer toutes les sources. Un instant, l'Akaëlien eut la fugace idée de traîner son charmant voisin hors de la boîte de nuit et de le frapper jusqu'à que mort s'en suive, dans l'espoir d'annihiler tout trace de son peu glorieux passé à l'Académie. Une main leste tenta de saisir sa précieuse arme, dans son dos. Vide. Caleb fronça un bref instant les sourcils. C'était vrai qu'il ne prenait jamais la Halconera avec lui au Jumble. Question de principes. Question aussi de ne pas effrayer ses potentiels clients.

      Mais somme toute, rien n'était certain. Était-ce une aliénation de sa mémoire? Ça ne serait pas la première fois que le jeune homme serait victime d'hallucinations visuelles et auditives. Et Oswald Roland serait une de ces nombreuses folies? Non, vraiment, non. Les hallucination ne pouvait pas attraper le col de sa chemise.
      Où était le rêve, où était la réalité? Cela faisait bien longtemps que Caleb avait anéanti la frêle barrière entre ses deux idées.
      Une chose était certaine, néanmoins, à l'Académie de Sannom, ni nul part où ce gosse de riche avait bien pu poser son si gracieux postérieur, l'on enseignait l'option Tact. Mais rassurez-vous, Caleb pouvait en faire preuve pour deux.
      Ou pas.

      « Et tu es donc le con de fils à papa qui nous a fait chier pendant près d'un an, c'est ça? »

      Un sourire sarcastique anima le visage visiblement tendu de Caleb. Sa respiration était calme, paraissait calme, mais son rythme cardiaque augmentait au fur et à mesure qu'il détaillait, plissant les yeux par moments, le jeune homme chargé de souvenirs -mauvais- qui lui faisait face.
      Et comme ça, soudainement, il se pencha en avant, et répétant le mouvement qu'avait fait Oz quelques minutes auparavant, alla saisir du bout de ses longs doigts blancs la jugulaire de celui qu'il fallait presque considérer comme sa future victime. Enfin non, il ne comptait pas, il ne comptait plus, le tuer. Pas encore, pas maintenant.
      Il saisit juste ce bout de gorge et se pencha sur l'oreille d'Oz. Si ce dernier essaya de se débattre ou quoi que ce soit d'autre, le gigolo n'en avait que faire; fidèle à sa force, il ne broncha pas et glissa quelques mots d'un ton doucereux, aux doux relents de mangue et d'alcool mêlés.

      « Que les choses soient bien claires, Roland, je n'admettrais pas que tu déblatèrent à propos de cette putain d'Académie, comme tu me dis si bien. Compris? »

      Plein de mépris et de d'ivresse sucrée, Caleb se redressa, retira sa main, prenant bien soin d'effleurer d'une manière tout à fait menaçante l'épaule d'Oswald. Il n'y avait dans ce geste, aucune animosité autre que celle que le jeune homme venait d'énoncer. Caleb n'allait pas chercher plus loin, se contentant du strict nécessaire, soit empêcher son ancien camarade d'évoquer à nouveau sa scolarité désastreuse. Ou n'importe quel autre souvenir d'avant.
      Qu'Oz le voulût ou non, le jeune gigolo était bien plus puissant que lui, très certainement plus fort physiquement. Mais il y avait peut-être une chose sur laquelle ce stupide gosse de nanti pouvait terrasser l'Akaëlien: l'orgueil.
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    Message  Oz Roland Mer 12 Mai 2010 - 17:58

      Oz fut relativement satisfait de l’air qui se peignit sur le visage de son voisin de bar. Il n’y avait rien de mieux que de déstabiliser les autres, les déstabiliser pour ne pas l’être soi-même. Prendre les devants pour attaquer le premier, attaquer avant d’être attaqué, blesser avant d’être blessé. Faire aux autres ce que l’on ne supporte pas que l’on nous fasse ; juste une philosophie de vie comme une autre. Ou pas. Le fils Roland esquissa de nouveau un léger sourire narquois, au coin des lèvres, avec ce dédain qui lui était propre, cette arrogance ostentatoire de celui qui estimait avoir remporté une petite victoire. Il apporta de nouveau le verre à ses lèvres, avala une gorgée de Margarita. Ainsi, il avait vu juste. Ce type, assis juste à côté de lui, lui était effectivement familier. Alors comme çà, il était bel et bien le Dalavirien qui avait tenté de mettre fin à ses jours, il y avait de cela quelques années ? En vue de son air, il n’y avait plus aucun doute. Satisfait d’avoir levé le voile sur cette désagréable impression de déjà-vu inexpliquée, Oswald consentit à passer l’éponge sur les excuses qu’il n’avait pas encore obtenu, et qu’il n’obtiendrait certainement jamais, pour le fameux coup de coude malheureux. Non, vraiment, cette histoire de suicide raté était bien plus intéressante que l’autre, pour sûr.

      - Et tu es donc le con de fils à papa qui nous a fait chier pendant près d'un an, c'est ça ?

      Certes, de toutes évidences.

      Oz fronça légèrement les sourcils. Bon. S’il voyait vaguement qui était son interlocuteur, il en était visiblement maintenant de même pour ce dernier. Un partout, donc. Avantage envolé. Remise à zéro des scores. Génial. Le jeune héritier roula des yeux d’un air incontestablement irrité, alors qu’il tendait légèrement le bras pour poser une nouvelle fois son cocktail alcoolisé sur le comptoir. Comment çà, « fils à papa » ? Il avait mal entendu ou quoi ? Il pouvait accepter qu’on le traite de gosse de riche, mais il ne fallait pas tout mélanger. Après tout, c’était la stricte vérité ; il était bien l’enfant d’un homme plus que fortuné, et loin d’être modeste, il ne se privait jamais pour rappeler à qui voulait l’entendre qu’il avait du fric à outrance. Il était donc bien un gosse de riche, un fils de bonne famille, un putain d’héritier. Mais un fils à papa… Non, çà, décidément, il ne pouvait pas accepter. Son père, il le détestait. Alors moins on l’associait à lui, mieux c’était, et mieux il allait. A la limite, on pouvait parler de lui en tant que figure emblématique de la fortune Roland, mais c’était tout. Après tout, c’était tout ce qu’il était, pour Oz. Juste un géniteur. Un géniteur qui entretenait les comptes, un géniteur qui ramenait le fric à la maison. Il n’y avait aucun sentiment sinon celui de la haine viscérale, alors non, décemment non, il n’était pas un fils à papa. Il s’en foutait de lui, bordel ! Ou tout du moins, c’était ce qu’il répétait sans cesse.

      Balayant ces agaçantes pensées de son esprit, Oz fit un effort pour se concentrer sur le reste, posant de nouveau ses iris d’émeraude sur le visage de celui qui ne lui était plus tellement inconnu, maintenant. Ils avaient été probablement de la même année, à l’Académie. Non, certainement, même. Son nom, il l’avait sur le bout de la langue. Il se souvenait, il se souvenait un peu plus à chaque seconde, comme si les rouages d’un engrenage s’étaient mis en marche. Ce visage faisait écho à un autre, plus jeune mais invariablement le même, dans son esprit, dans sa mémoire. Oui, ce type, cet éternel solitaire, ce Dalavirien, ce taré qui avait sauté du toit, son nom, c’était… Qu’est-ce que c’était déjà ? C’était… Cachou. Merde, non. Matthew. Oui, voilà, Matthew. Caleb. Le suicidaire de cette fameuse et unique année passée à l’Académie, Caleb Matthew. Cela lui revenait, maintenant. Oz n’avait jamais eu réellement affaire à lui. Oh, il l’avait peut-être emmerdé, par-ci par-là, de temps en temps, mais si c’était le cas, cela ne l’avait pas spécialement marqué. Et il s’en fichait bien, dans l’immédiat. Qui aurait pu croire qu’il allait tomber par hasard ce soir-là, au Jumble, sur un camarade de cette foutue Académie ? Voilà une charmante soirée qui s’annonçait, oui.

      Le gosse de riche n’eut de toutes façons rien le temps de répondre, ni de faire, vu que Caleb Matthew se pencha vers lui, comme lui-même l’avait fait l’instant plus tôt, pour le saisir par la gorge. Ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait, au nanti délinquant, mais l’impression restait toujours aussi désagréable. Oz voulu fusiller son vis-à-vis du regard, se dégager d’un geste empreint de fierté. Mais il ne pu qu’écouter, et attendre que celui qui semblait avoir bien plus de force qu’il n’aurait pu croire au départ daigne bien le lâcher. S’il détestait çà ? Evidemment. Son regard se fit noir, un instant, lorsque son voisin finit par reculer, lui effleurant l’épaule au passage. D’où se permettait-il de faire un truc pareil, celui-là ? Comment pouvait-il croire que lui, Oz, allait se laisser intimider comme çà et allait obéir sagement, sans discuter ? Comme s’il était du genre à obéir… Quelle connerie. Il se saisit de nouveau de son verre, d’une main leste, pour toujours réitérer la même action, soit avaler une gorgée d’alcool. Alors comme çà, Caleb ne permettrait pas qu’il déblatère sur cette putain d’Académie, hein ? Il lui en dirait tant, tiens. Oz ricana, d’une manière suprêmement arrogante, délicieusement provocante, et dévia un instant le regard, pour confier son verre dorénavant vide à la surface du comptoir.

      - Ah ouais ?

      Oui, il se foutait bien de ce que Caleb voulait, oui, il était con de ne pas s’inquiéter outre mesure de la force dont ce dernier pouvait visiblement faire preuve, non, il n’obéirait pas. Le regard glissant vers l’autre ex-dalavirien, haussant lentement un sourcil, Oz laissa passer quelques secondes avant de reprendre la parole, usant encore et toujours de ce ton imprégné d’arrogance et de mépris indubitables, ce ton qui était le sien.

      - Et si je m’en fous, Matthew ?

      Question pertinente, n’est-ce pas ?
      Certes.
      D’une provocation indéniable, bien sûr, mais à force, venant de lui, ce n’était même plus étonnant.
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    Message  Caleb Matthew Sam 22 Mai 2010 - 0:18

      Si le gigolo avait manqué, il y a quelques instants, de perdre la vie dans un violent étouffement -mort bien pathétique pour celui qui la donnait de façon si négligée- il avait à présent repris ses couleurs et son sourire sarcastique de circonstances. Le visage de son voisin de comptoir lui procura une immense satisfaction. Caleb n'avait pas une once d'orgueil parcourant ses veines, et ne pouvait, de ce fait, rivaliser avec Oz sur ce point, pourtant, il ne pouvait que se sentir fier de voir ainsi le richissime héritier perdre quelques dixièmes de secondes sa superbe.

      Ses doigts se refermèrent sur son verre de jus de fruits, qui fut (malheureusement) vidé en un rien de temps. Conservant la matrice vide de sa soif automatique entre ses mains, il s'adossa à nouveau au bar, se renversant tout à fait sur son siège. Ses pensées de détachèrent d'Oswald Roland ; les nuées enjôleuses de l'alcool embrumait son esprit tortueux, Caleb se savait soumis à n'importe quelle boisson alcoolisée, le champagne y compris. Caleb s'accommodait de la soumission, il la vénérait. Mais il ne voulait pas se montrer trop entreprenant devant cet homme qui savait, apparemment, bien trop de choses. Indifférence, indifférence.
      Son regard se perdit parmi les danseurs, jeunes gens aux sens à la fois annihilés et exacerbés, se déhanchant avec plus ou moins de grâce sur la piste. La musique, tantôt chancelante et hésitante, tantôt entraînante, étiolait ses dernières notes sur fond de piano-synthétiseur amplifié par la magie. Les clameurs enivrées des applaudissement de la foule saluèrent la prestation du groupuscule tandis qu'un violoniste entrait dans la lumière basanée, faisant hurler son instrument, apparemment électrique. Le visage blond du musicien lui disait vaguement quelque chose, le souffle erratique et l'extase peint dans chacun de ses traits en moins. Oui, peut-être avait-il dû baiser Caleb autrefois, la semaine dernière? Il ne se rappelait plus.

      Bienheureux, perdu dans des souvenirs qu'il ne se remémorait pas, le jeune homme ferma un instant les paupières, savourait chaque note doucereuse du divin violon.
      Si seulement le gamin nanti n'avait pas perturbé le fil décousu de ses pensées...
      Caleb fit volte-face, revint s'accouder négligemment au bar.

      Regard glacial et sourire avenant. Les deux parts de son esprit luttaient déjà,
      imposant à l'une et l'autre les désirs contradictoires de son être: sauter sur ce crétin désobligeant pour le tuer ou bien pour le violer sauvagement -et le faire payer plus tard. Extrêmes. Non, il ne fallait pas faire ce genre de choses, pas ici, vraiment. Il fallait boire, boire pour basculer tout à fait, pour ne pas se laisser aller, pour ne pas arracher la peau, la gorge, les ongles de cet impertinent. Il ne savait pas sa force, sa rage, sa férocité, sa folie ; il ne savait pas sa sauvagerie, son envie, son désir. De conflit intérieur, Caleb fronça les sourcils -Oz aurait pu y voir un quelconque et unique signe d'une conséquence un peu trop perceptible de ses provocantes paroles. Mais il était bel et bien question d'un tiraillement dans son esprit-même. Les deux partis se relayaient au trône de l'indécence et cherchaient à tout prix à cracher leur venin.

      « Alors... »

      Les mots étouffèrent dans sa bouche, la Nature et sa sœur bien-aimée la Maladie coupaient court à toute élucubration mentale. Son verre roula sur le comptoir et hésita, au bord, à demeurer ou aller s'écraser un peu plus bas: il opta pour la seconde possibilité et éclata en des centaines de morceaux dispersés et sentant bon la mangue collante.
      Mais il ne s'occupait plus de son verre avorté: il sentait les douces volutes du sommeil alourdir ses épaules, emplir sa tête, envahir sa bouche. Dame Morphée reprenait ses droits, revendiquait la possession du corps de Caleb. Morphée... Morte-Fée, la seule femme qui n'eut jamais à payer pour jouir à satiété du jeune homme ; comme Caleb était fragile entre ses bras... Cette sensation, juste avant de sombrer dans un abîme sans fond, une obscurité totale, sans rêve ni cauchemar, cette sensation il l'adulait, l'idolâtrait. Bien-être exaltant, langueur grandissante. Il exsudait la faiblesse, ses paupières se fermèrent paisiblement, lourdement sur ses yeux vitreux, dissimulant derrière leurs opaques rideaux l'image définitivement arrogante d'Oswald Roland.
      Mais aucun songe ne vint troubler cette énième crise, bienfait morbide, juste la tête confiée au comptoir remuait de temps à autres, assurant bien qu'il n'était pas mort. Pas encore. Ce genre de choses pouvaient durer longtemps, très longtemps, des heures voire de jours entiers dans certains cas. Et rien ne pourrait y faire, il resterait là, médiocre pantin de chair et de sang à la merci de n'importe quel détraqué. Il risquait sa vie à chaque crise.

      Combien de temps resta-t-il ainsi? Il n'en savait rien. Toujours est-il que lorsqu'il redressa la tête, celle-ci lui tourna violemment. Presque mécaniquement, il sortit son élégante montre à gousset et y jeta un bref coup d'œil. Vingt-deux heures trente. Cela faisait à peu près dix minutes, presque douze certainement. le superbe violoniste avait déserté la scène, laissant place à un guitariste tout autant talentueux de beau. Caleb acheva de se redresser tout à fait, espéra un instant qu'Oswald ne soit plus là, parti se bourrer la gueule un peu plus loin ou se trémousser au rythme d'un solo de guitare. Mais non, il était toujours là, arrogant. le gigolo reprit le cours de ses pensées, là où elles s'étaient arrêtées. Toutefois, il venait de se réveiller, ce qui équivalait à un taux d'alcoolémie particulièrement élevé. Un large sourire prit possession de ses lèvres et il continua sa phrase précédente comme si aucun sommeil inopportun n'était venu troubler ses paroles.

      « ... Je vais devoir te tuer ! »

      Bien entendu, s'il y avait quelques minutes ces mots prenaient un véritable sens de promesse de vengeance, ils étaient maintenant complètement insensés. Sensiblement, il se rapprocha de Oz, lança un regard entendu au barman à qui il commanda jovialement un Mojito. La torpeur faisait envoler sa précédente volonté de ne pas boire.
      Il était une autre personne, presque. Il était simplement en pleine phase de réveil, il regretterait plus tard ces bien tristes actions -s'il était capable seulement de ressentir un quelconque regret.
      Un Mojito, un regard de braise et une main avancée plus tard, Caleb se reprit violemment. Le tout n'avait duré que quelques secondes, peut-être suffisamment pour que l'autre brun le remarque, ou pas, allez savoir... Il recula doucement, atténuant petit à petit la flamme de ses yeux ardents et retira sa main aventureuse qui gagnait du terrain sur la distance qui la séparait des cuisses d'Oz. En effet, il n'éprouva pas un seul regret, se contentant de se rassurer sur le fait qu'il n'avait pas été plus loin. Il avait déjà été bien, bien plus loin, et n'avait écopé que d'une nuit impayé et d'un meurtre de plus sur les bras. Vraiment, qu'avait-il à faire d'un gamin pédant? Rien du tout, rien, absolument rien.
      Il perdit ses yeux dans sa large coupe de Mojito et en bu une longue rasade, comme s'il ne s'était pas agit d'un cocktail délicat mais d'une vulgaire mousseuse blonde.

      « Je vais devoir te tuer... »

      Presque un monologue, ces mots résonnèrent dans le vide l'entre-deux chansons, imperturbable. Son visage repris une teinte d'impassibilité et regarda brièvement l'héritier d'un regard plus sombre que d'ordinaire. Il hésita entre partir dignement et aller abandonner son corps fatigué à son lit ou bien aller danser, se changer les idées, ou encore demeurer sur ce siège, à supporter la présence somme toute horripilante de son ancien camarade. Baillant avec ostentation, Caleb fit tourner le verre à demi-vide entre ses fines mains.
      Si l'orgueil n'empoisonnait pas l'âme du jeune gigolo, il était certain que le Sommeil, bien puissant venin, le laissait pourrir de l'intérieur.

      « Je te tuerais. »

      Regard macabre.

      Mais pas maintenant.

      Il pouvait encore apprendre des choses de cet homme, il en était certain.
      Informateur de la Mort, détracteur de la Luxure et pantin de la Soumission, il jouait à la perfection ses rôles.
      Rire bref.
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    Message  Oz Roland Mar 29 Juin 2010 - 0:43

      - Alors...

      Il n’y avait eu qu’un regard polaire et un sourire tordu, bien vite relayés par un froncement de sourcils, mais Oz ne faisait pas vraiment attention. Un coude de nouveau posé sur la surface du bar, il tendit une main vers le barman pour claquer des doigts, sèchement, et commander ainsi une nouvelle Margarita - parce que vraiment, ce cocktail frappé à base de tequila était tout simplement délicieux. Le port de tête altier et le mépris marquant ses traits, il resta un instant tourné vers le barman, pour être bien sûr que le larbin allait correctement effectuer sa tâche, et attendit en même temps la suite de la réplique calebienne. Alors quoi, hein ? Ce silence soudain, c’était de l’hésitation ? Il l’aurait parié. Un rictus méprisant au coin des lèvres, se complaisant dans ses arrogantes certitudes, Oz glissa légèrement sur son coude et retint un soupir blasé, soupir censé témoigner de la lassitude qu’il ressentait à l’égard de toutes ces grandes gueules qui ne savaient absolument rien faire de concret. Non vraiment, que cela était lassant, terriblement lassant. Pourquoi devait-il supporter la présence de cet individu alors qu’il buvait tranquillement un coup, d’abord ? Il faudrait qu’il pense à sommer l’ordre au gérant de trier les entrées de la boîte, et de n’accepter que les gens au compte en banque suffisamment gonflé, et il faudrait aussi qu’il demande sa place attitrée au bar, où personne ne viendrait l’emmerder, et…

      Et un bruit cristallin de verre brisé le tira de ses réflexions idiotes, le faisant quelque peu sursauter sur son siège. Le gosse de riche tourna enfin la tête vers son voisin, pivotant par la même occasion, les sourcils froncés, se demandant ce qui lui prenait, maintenant, à ce décérébré. Décérébré qui… avait désormais la tête stupidement posée sur le comptoir. Oz haussa un sourcil, lentement. En se penchant légèrement du côté, il pu voir les innombrables éclats de verre collants qui jonchaient le sol à leurs pieds, preuve que c‘était bien le verre de son voisin de bar qui venait de perdre la vie. Qu’est-ce qu’il foutait, au juste, ce cinglé ? Cà lui prenait souvent, de balancer son verre et de coller connement son front sur le comptoir, pour ne plus bouger ni parler ? Il avait à ce point besoin d’un temps de réflexion pour continuer sa phrase ? C’était… grave. Fronçant une nouvelle fois les sourcils, Oz considéra plusieurs dizaines de secondes la masse immobile, et se demanda alors furtivement si Caleb Matthew n’avait pas fait une crise cardiaque, brutale et fatale. Cà se pouvait, non ? Le jeune homme tourna la tête vers le barman qui lui apportait la nouvelle Margarita, l’air un tantinet effaré. Si ce con avait clamsé, on n’allait pas l’accuser, tout de même ? Il n’avait vraiment pas besoin d’un procès collé aux fesses, pas maintenant ni même jamais. Non mais franchement, il ne pouvait pas aller rendre l’âme ailleurs qu’à côté de lui, cet abruti ?

      L’air impassible et tranquille du barman le rassura cependant. Ce dernier déposa la boisson devant Oz, puis repartit, sans un mot. L’arrogant gosse de riche s’empara donc doucement du verre, pour le porter lentement à ses lèvres, tout en gardant ses yeux d’émeraudes posés sur son voisin qui ne bougeait plus. Il se pencha un peu, et avança sa main libre vers le corps immobile pour tendre l’index, et viser l’épaule la plus proche. Sauf qu’il suspendit le dit index à quelques centimètres du bras de Caleb, les sourcils de nouveau froncés. Et si c’était une ruse ? Une honteuse manipulation pour le pousser à commettre une erreur dont il ignorait la teneur ? Sincèrement, on ne savait jamais. Il hésita un instant, du coup, sans bouger, le verre dans une main et l’index suspendu en l’air, les sourcils froncés, la paranoïa envers les autres se disputant à la confiance en soi. Et puis, après un temps, il finit par hausser furtivement les épaules, fondamentalement agacé, pour avancer son index et le planter dans le bras de Caleb, dans un geste universel et certes sommaire pour s’assurer de l’immobilité de l’adversaire. Quelques secondes. Et comme l’étrange jeune homme ne bougea pas d’un pouce, Oz finit par se redresser sur son siège, perplexe et soupçonneux à la fois. S’il ne comprenait pas ? Evidemment. S’il n’était pas mort, il s’était endormi, cet abruti ? Comme çà, subitement ? C’était grave, décidément.

      Dans un soupir où se mêlaient exaspération et mépris, Oz se détourna de la forme immobile pour siroter tranquillement sa Margarita, le coude sur le comptoir. Il leva les yeux vers le haut du mur qui lui faisait face, laissa un instant ses pensées vagabonder à leur guise. Dès qu’il aurait fini de boire, il se casserait. Il avait assez dansé pour ce soir, et il pourrait toujours s’enfiler une dernière bouteille à l’Auberge en rentrant. Oui, il laisserait ce dérangé psychologique endormi ou mort sur son comptoir, et il se casserait sans chercher à comprendre. Parfait, c’était parfait. Sauf que le dérangé psychologique finit par se redresser, une dizaine de minutes plus tard, pas si mort ou endormi que çà. Le mouvement dans le coin de son champ de vision alerta le gosse de riche, et il tourna la tête, sans pivoter sur son siège, fronçant une nouvelle fois les sourcils, légèrement. Et il les fronça davantage lorsqu’un sourire étira les lèvres de Caleb, avant qu’il ne finisse enfin cette phrase qu’il avait commencé une bonne dizaine de minutes plus tôt, comme si absolument de rien n’était.

      - ... Je vais devoir te tuer !

      Dérangé.
      Il était vraiment dérangé, ce mec.

      Oz le considéra avec une incrédulité suprêmement méprisante, le toisant avec arrogance, haussant un sourcil avec dédain. Le tuer, hein ? Tiens donc. Et il espérait impressionner qui, avec cette pause monumentalement grotesque en plein milieu de phrase ? Non, vraiment, sincèrement, indubitablement, invariablement, inexorablement, ce mec était dérangé. A n’en pas douter.

      - Et il t’a fallu 10 minutes pour trouver la fin de ta phrase ?

      Toujours ce mépris mêlé à l’incrédulité, dans la voix et dans l’expression.

      Oz l’observa encore un instant, conservant le même air, se posant encore quelques questions sur l’état mental de son interlocuteur, puis finit par se détourner, pour porter son verre à ses lèvres, tout en poussant un soupir parfaitement dédaigneux sans le regarder.

      - …Taré.

      Un souffle entre les lèvres, une lasse résignation, un mépris indubitable et éternel.
      Oui, Caleb Matthew était taré.
      Oz en était persuadé.
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    Message  Caleb Matthew Lun 26 Juil 2010 - 0:42

      Sa propre outrecuidance l’épatait, l’effrayait presque. Il s’échappait à lui-même, demeurait en dehors de son corps. Il s’observait si misérable, dans un simulacre de soumission parfaite. Il voyait ses regards glisser le long de la jugulaire blanche et arrogante de son ancien camarade, ses mains poursuivant leur exploration du verre ; quand allait-il le tuer? Résistant à la tentation de clore à nouveau les paupières sur cette vision crispante, celle d’Oswald Roland mimant sans conteste son rôle de gamin inabordable, sans songer un seul instant qu’il en offrait une toute aussi exacerbant, légèrement affalé sur le comptoir, les yeux dans lesquels se distillaient encore une nébuleuse vague de plaisir acide. Masochiste et sadique, Oz n’avait pas vraiment tort en affirmant ce qu’il venait d’affirmer.

      « … Taré. »

      Fou, Caleb l’était très probablement. Mais l’on ne pouvait pas se permettre de ne le qualifier qu’avec cet adjectif péjoratif. Il y avait tellement de subtilités dans son être… Quoique tout à fait abordable, il paraissait d’une neutralité polaire, à faire pâlir la plus entreprenante des femmes, et si des ombres de sourires calculés passaient parfois sur son visage d’ivoire, il n’était que purs jeux. Caleb aimait jouer, c’était indéniable, aussi, pourquoi ne parvenait-il pas à s’amuser du fils Roland? Les brumes de l’alcool commençaient à remplacer sa lucidité implacable par une tout autre raison, bien plus large, ouverte et éhontée. Il porta le verre à ses lèvres, fixant un point au hasard devant lui, tombant sur l’étiquette flambant neuve d’une belle bouteille de Bourbon. L’alcool terrien semblait être à la mode dans la capitale gamaëlienne. Juste avant de basculer tout à fait dans les limbes de l’inconscience partielle et de l’oubli total, il eut une légère pensée pour ce pauvre garçon qui mourrait peut-être dans quelques heures.

      L’absolu monde du plaisir, haut en couleurs, ne le laissait pas de marbre. Un sourire presque franc de dessina sur ses lèvres noircies par l’alcool. Il était un autre, il n’était pas lui-même, il n’y avait jamais eu de vrai Caleb, juste une succession de rôles plus ou moins différents. Celui-ci l’était carrément.

      « Je pense que nous sommes partis sur de mauvaises bases. »

      Les premières paroles qui franchirent le seuil de sa bouche aurait pu choquer n’importe quel individu qui l’eut connu uniquement dans son état normal. Voir Caleb concéder quelque chose semblait de l’ordre de l’impossible, si tant est que la concession n’était pas dument payée. Mais, hormis Oz, qu’il tuerait sans doute le lendemain, une fois ses objectifs atteints, et le barman dont il était quasi-certain du silence -après tout, il continuait de lui proposer ses services, de temps à autres- il n’y avait aucun témoin capable d’intervenir en sa défaveur. Caleb rapprocha sensiblement son siège de celui de son interlocuteur et posa avec un charisme fou son menton dans le creux de ses doigts. Replaçant d’une main hésitante une mèche chocolatée derrière son oreille, il reprit, d’une voix plus basse et plus grave:

      « Tu veux des excuses, n’est-ce pas? Je te les ferais. Plus tard. Que dirais-tu d’un verre? »

      Et sans prendre garde à la réaction -ou à l’absence de réaction- d’Oz, il fit venir le barman d’un signe de la main, l’attrapa par le col, l’abaissant au niveau de ses lèvres qui articulèrent sa commande d’un murmure à peine audible.

      « Mon chou, je t’achète la bouteille de Bourbon, derrière toi. »

      Caleb n’avait pas réellement conscience du fait que depuis son arrivé au bar, il mélangeait les alcools, les saveurs, et même personnalités. Il avait, depuis assez longtemps, pris la grande habitude de tout mêler dans sa tête et dans son corps. Médicaments, envies de meurtres, nicotine, alcools en tous genres -mais pas trop souvent- et drogues diverses et variées, il ne faisait pas tellement la différence.
      Ledit chou prit une couleur des plus rougeoyantes, et se tourna vivement vers l’objet des convoitises du gigolo. Lui-même avait déjà succombé de la même manière à Caleb, aussi pensait-il que le jeune homme cherchait à animer les rouages de l’amour et de l’addiction chez le jeune Roland.
      Il pensait mal.
      Caleb avait, depuis le début, bien compris que jamais Oz ne se laisserait faire, et il avait donc laissé tout à fait tomber l’affaire. D’accord, dans cet état, il n’assurait plus grand-chose, mais il avait d’autres idées en tête.

      Il n’était plus gigolo, il était Akaëlien.

      Le barman posa devant eux deux verres de petite taille et la bouteille désirée à présent ouverte. Caleb, repoussant son ancien cocktail, les servit d’une main experte. C’était que ce genre de choses était monnaie courante dans son milieu. Il observa un moment le liquide mordoré tourbillonner dans les méandres de cristal et se saisit du sien, tendant l‘autre à son vis-à-vis. Il planta son regard, qui avait somme toute la même couleur, ou presque, que l’alcool qu’il tenait dans la main, dans celui d’Oz. Petit à petit, son ancienne neutralité glaciale se muait en une vague tiédeur, à peine capable de montrer une quelconque affection pour quoi, ou qui que ce soit.

      Il avait d’autres desseins que de faire du jeune homme son client, quoiqu’il fut persuadé qu’il aurait pu, sur le coup, empocher une bonne somme en une seule fois. Son précédent sommeil lui avait livré un pan de mémoire oubliée, pourtant récente, puisque le nom des Roland ne lui évoquait plus seulement son ancien camarde de la Dalavirie, mais aussi une affaire alarmante quant à un certain trafic illégal d’armes terriennes. Bien entendu, ça n’était pas le fait que ledit trafic soit parfaitement interdit et punissable qui avait soulevé les dirigeants de l’Akaëlia, mais bien la concurrence qu’il occasionnait. Les investigateurs de cette nouvelle émulation n’étaient pas encore connus, mais il y avait certaines rumeurs qui circulaient à ce sujet. Le principal suspect et cible était le chef actuel de la fortune Roland, à savoir le père d’Oz. Caleb était très prisé au sein de la Guilde pour les informations qu’il détenait ou était sensé détenir et son deuxième buisness tournait principalement autour de cette vente d’indications.
      Et le fiston devait bien savoir quelque chose.
      Et si ça n’était pas le cas, il n’était plus d’aucune utilité pour Caleb.

      « A nos retrouvailles. »

      Quel charmant mensonge.

      Levant légèrement son verre, il trinqua du bout des lèvres avant de les tremper dans l’amertume acide du Bourbon, le faisant perdre un peu plus pied.
      A la mort !
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    Message  Oz Roland Ven 30 Juil 2010 - 1:58

      La soif était incommensurable. Constamment, inexorablement, elle le poussait à enchaîner les verres jusqu’à perdre complètement pied. Il n’aimait pas perdre le contrôle de lui-même, non. Il s’était déjà ridiculisé plus d’une fois, lorsqu’il était devenu saoul au point de sauter au cou de tous les malheureux passants, par exemple. Mais la douce ivresse qui se propageait dans les veines et qui annihilait toute sensation, toute prise de tête, le souffle salvateur de l’ébriété qui balayait l’agacement, les doutes et les contrariétés, tout çà, comment y résister ? Finalement, de temps en temps, çà ne pouvait être que bénéfique. D’une certaine façon seulement, tout du moins. Mais çà l’était quand même. Oz se désintéressa un instant de son voisin de bar ; le coude toujours posé sur la surface plane du comptoir, il leva légèrement le menton et fixa sans vraiment le voir le verre qu’il faisait tourner entre ses doigts, l’œil vitreux. Margarita, Margarita, Margarita. Il en avait marre de la Margarita. Il voulait, il voulait… de la vodka. Ou de la tequila. Un mojito ? Un gin tonic ? Oh, non, pas de gin, il n’était pas fan du gin. Vraiment, il crevait de soif, mais qu’est-ce que c’était lassant de chercher à chaque fois un nouvel alcool pour diversifier le plaisir, à force. Evidemment, il ne songea pas une seule seconde à boire de l’eau. Soyons sérieux, jamais il ne toucherait à cette immondice que la plupart des gens s’obstinait étrangement à boire, bien entendu. Parce que franchement, il n’existait certainement pas de boisson plus dégueulasse que celle-là.

      « Je pense que nous sommes partis sur de mauvaises bases. »

      La voix de son interlocuteur le tira de ses réflexions existentielles.

      Oz fronça légèrement les sourcils, comme il le faisait quasiment constamment ou presque, et quitta son verre des yeux pour tourner la tête vers Caleb. Partis sur… de mauvaises bases ? Non mais de quoi il lui causait, celui-là, cette fois ? Evidemment qu’ils étaient partis sur de mauvaises bases. Ils ne pouvaient décemment pas partir sur de bonnes bases, pas vrai ? Bien sûr que non, ou tout du moins pas lorsque l’on s’appelait Oswald Roland, certainement pas. Bref, constatation débile. Un tic agita imperceptiblement le coin des lèvres du gosse de riche, illustration parfaite d’une incrédulité sombre et narquoise. S’il n’en avait strictement rien à faire ? Et comment. Le verre qu’il tenait en main trouva une nouvelle fois le chemin de sa bouche, et les dernières gorgées de la boisson lui brûlèrent délicieusement la gorge. Oh oui, il était las de la Margarita pour ce soir, mais rien ne l’empêchait de finir son verre - question de politesse élémentaire, bien évidemment. Oz tenait encore le dit verre lorsque son voisin de fortune se mit légèrement en mouvement, attirant de la sorte son arrogante attention ; il posa donc une nouvelle fois ses prunelles de jade sur le jeune homme, avec un détachement foncièrement méprisant dans l’allure et l’attitude, alors que ce dernier posait indolemment son menton dans le creux de ses doigts pour reprendre la parole, d’une voix plus basse, et dire cette fois quelque chose d’indéniablement plus intéressant que son annonce précédente. Si Oswald voulait des excuses ? Et comment. Pourquoi ? Non pas parce qu’effleurer son coude était le pire affront qu’on puisse lui faire en ce bas monde, pas du tout, mais juste parce qu’il l’avait décrété, tout simplement. Il voulait des excuses, il exigeait des excuses, il aurait des excuses. Juste parce qu’on lui devait obéissance, que l’on devait plier à ses exigences et que l’on devait combler le moindre de ses caprices. Dans sa logique, tout du moins. Bref, ce n’était là que le caprice du jour d’un enfant orgueilleux, autoritaire et indéniablement puéril, somme toute.

      Il les lui ferait, donc, les fameuses excuses. Parfait. « Plus tard. »
      Plus tard ? Non mais attendez, pourquoi plus tard ? Pourquoi pas tout de suite, d’abord ? Le gosse de riche, qui accordait finalement toute son attention à Caleb Matthew, eut un nouveau froncement de sourcils, furtif et contrarié. Il n’était pas patient. Il ne l’avait jamais été. Patienter et attendre, c’était chiant, particulièrement chiant. On ne lui disait pas d’attendre, pas à lui, non. Oz pivota du coup légèrement sur sa chaise, vers Caleb, le dos plus droit comme pour tenter de gagner vainement quelques centimètres, et jeta une œillade noire et (supposée) menaçante à ce dernier. Oui, par là, il était censé lui faire comprendre que non, il refusait, que non, ce ne serait pas plus tard, et que oui, ses excuses, il les voulait tout de suite, que ce n’était de toutes façons pas négociable, et puis d’abord de quel… Attendez. Un verre ? Ce qu’il pensait d’un verre ? Mais bien sûr qu’il voulait un verre. Il avait encore soif. L’alcool ne lui était pas assez monté à la tête. Quelle merveilleuse idée venait d’avoir cet abruti de brun. Figé stupidement quelques secondes avec un regard noir, coupé dans son élan, Oz se renversa finalement sur le dossier de sa chaise, avec lenteur ; puis, d’un haussement d’épaules désabusé, il donna son assentiment. Sauf que son voisin avait déjà fait venir le barman, et le gosse de riche eut à peine le temps de tendre le bras pour déposer son verre de Margarita vide sur le comptoir que Caleb attrapa le dit barman par le col, et l’attira à lui d’un geste. Pendant une seconde, Oz crut qu’il allait rouler une pelle au pauvre type - et franchement, il se demanda avec effarement POURQUOI diable l’ex-dalavirien avait soudainement envie de rouler une pelle au barman, sans prévenir. Et puis dès la seconde suivante, cela ne lui parut plus vraiment si étrange que çà - Matthew avait une tête de pédale, après tout. Le barman aussi, d’ailleurs, maintenant qu’il y pensait. Ils avaient peut-être baisé ensemble ? Allez savoir. Bah, il s’en foutait. En fait, il était entouré de pédales. Caleb était une pédale, le barman était une pédale, et Vasco était le roi des pédales. Mais lui n’en était pas une, évidemment, vous vous en doutez bien. Stupidement fier tout à coup, sans aucune raison, Oz eut un ricanement fugace, au bout des lèvres. Un ricanement furtif qui eut tôt fait de mourir, soudainement, en vérité, pour céder la place à un léger haussement de sourcil, alors que l’évidence s’imposait alors à l’abruti de gosse de riche. Mais oui bien sûr, comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? C’était d’un génie machiavélique ! Si Caleb roulait subitement une pelle au barman, cela ne pouvait être que pour une seule et unique raison : pour obtenir une remise sur le prix des consommations. Cà ne pouvait être que çà, pas vrai ? Les gens du peuple cherchaient sans cesse à dépenser le moins de fric possible ; et franchement, quel meilleur moyen que celui-ci pour s’assurer un rabais sur les produits ? Oui, çà ne pouvait être que çà, vraiment.

      Sauf qu’en fait, Caleb ne roulait pas une pelle au barman, à mieux y regarder. Il commandait juste à boire. Oh, ce n’était pas une pédale, alors ? Quelle étrange façon de commander une bouteille, quand même. D’abord dubitatif et pensif, Oz finit cependant par abandonner toutes ces réflexions fatigantes pour ricaner une nouvelle fois devant la tête écarlate du barman ; pédale. Le dos calé contre le dossier de sa chaise, il croisa les jambes et bascula doucement la tête en arrière, pour darder un instant le plafond de ses iris d’émeraude. Il aimait cette sensation de se tenir en équilibre sur un fil ; le dernier verre de Margarita avait détendu ses muscles et sa conscience, mais il lui restait toujours la possibilité de se rétracter pour rentrer, sans toucher à une goutte supplémentaire. Il écoperait seulement d’un léger mal de crâne le lendemain, au pire, ainsi. Ou alors il choisissait de continuer, d’accepter le verre, et il dégringolerait invariablement la pente de la déchéance, laissant la sobriété au sommet. Déchéance, déliquescence, décadence. Des mots aussi doux que celui de délinquance. Une ombre de sourire étira le coin de ses lèvres, éphémère. Finalement, qu’est-ce que çà pouvait bien lui foutre, hein ? Il était Oz, et il était au Jumble. Alors il allait danser et boire, comme il se le devait dans un endroit comme celui-ci. Il allait s’éclater sur la piste jusqu’à n’en plus sentir ses jambes, et il allait se bourrer la gueule en beauté, parce que finalement, cela, c’était peut-être ce qu’il arrivait le mieux à faire dans sa foutue vie. Ouais, voilà, ce n’était pas bien compliqué. Le fils Roland releva donc la tête, et regarda son voisin servir les verres avec une dextérité évidente. Puis, lorsque Caleb lui tendit un des deux verres, Oz attendit quelques secondes avant de se pencher légèrement en avant, pour le saisir d’un mouvement élégant et indolent à la fois. Pourquoi refuser, après tout ? Il posa un regard indifférent sur le liquide ambré, et eut un sourire en coin, emprunt du mépris habituel dont il faisait preuve, lorsque le brun trinqua à leurs retrouvailles. Leurs retrouvailles. Quelle connerie.

      Oz leva le verre à ses lèvres, renversa la tête en arrière, et sans prévenir, avala le tout d’une traite. La douleur, familière, affreuse et délicieuse à la fois, explosa dans son crâne alors qu’il avalait la dernière gorgée. La sensation était horrible, mais indéniablement géniale, grisante. Bourbon. Et pas du mauvais, en plus. Et bien au moins, Matthew avait bon goût en matière d’alcool, c’était déjà çà. Le verre n’était pas très grand ; l’opération n’avait nécessité que quelques secondes. Oz baissa le menton, et instantanément, ses lèvres se crispèrent dans une grimace. Les mots, quant-à-eux, échos de ses pensées, ne furent qu’un souffle irréfléchi qui s’échappa de ses dents serrées.

      - Putain, la vache.

      Comme tu dis, mon chou.

      Oh, il était habitué. L’alcool, il connaissait, certes. Mais un verre de bourbon avalé d’une traite restait un verre de bourbon avalé d’une traite, indubitablement. Et puis, il y avait eu les Margarita, avant. Alors forcément que les effets du poison liquide commençaient à se faire sentir, sournoisement et implacablement. C’était là tout le principe du jeu. Oz ferma les paupières. Quelques secondes à peine. Il les rouvrit ensuite, se pencha en avant sur son siège pour se rapprocher sensiblement du bar. Il avisa la bouteille de bourbon, l’attrapa d’une main habile, puis se servit un deuxième verre. Bien sûr qu’il allait trop vite. Et il n’en avait strictement rien à cirer. Une fois l’action achevée, Oswald posa le coude sur le comptoir et se tourna vers Caleb. Là, il le fixa avec un reste d’arrogance éternelle au fond des prunelles, et lui décrocha une esquisse de sourire narquois mais léger, levant quelque peu son verre.

      - Cà se boit cul-sec, mec. Sinon, je ne vois pas l’intérêt.

      Evidemment.
      Et sur ces bonnes paroles, il porta le deuxième verre à ses lèvres, comme précédemment.
      Alea jacta est, comme on dit.
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    Message  Caleb Matthew Jeu 26 Aoû 2010 - 0:59

      Un sourire méprisant avait accompagné les opérations. L’entre-deux états était d’un mépris incroyable, faisant osciller son caractère entre détestable et enjoué, entre pantelant et bien dans sa tête. Mais là, pour le moment, Caleb Matthew prenait de haut son vis-à-vis, tout en sachant très bien que l’inverse était également vrai. Ils étaient donc à égalité. Une vraie rigolade.

      S’il n’avait pas été l’engeance de sa mère et né du bon côté de la clôture, chez la femme légitime de son père, il aurait probablement été autre chose qu’un simple « homme du peuple ». Il avait appris que ledit paternel était plutôt riche, lui-même héritier d’une firme gamaëlienne puissante et donc, dans la logique des choses, Caleb aurait pu être pété aux as. La crème de la crème de la haute société. Mais, à la place, il était devenu la crème de la crème -ou presque- de la mafia locale. Et puis, il n’était pas si pauvre qu’il ne le laissait croire. Ses vêtements coûteux en étaient le témoignage invariable. Alors qu’il laissait couler deux minuscules gorgées de bourbon dans sa gorge, le la lui brûlant littéralement, une image étrange lui vint à l’esprit. S’il était né fille -grand bien lui fasse de ne pas avoir à subir un tel malheur- peut-être l’aurait-on marié au garçon qui lui faisait face. La vision de son propre corps féminisé vêtu d’une robe de mariée à l’italienne et de celui, plus masculin, d’Oswald Roland dans son costume trois-pièce sombre et strict le fit mourir de rire. En effet, quelque chose, un bruit, un son, se rapprochant plus ou moins d’un rire traversa la barrière de ses lèvres décadentes et imprégnées d’alcool, faisant trembler tout son corps, et surtout la main tenant le verre à peine entamé. Forcé de reposer ledit verre sur le comptoir lustré, il se serina mentalement pour stopper ce rire intempestif qui aurait pu gâcher l’intégrité de l’opération entreprise s’il n’était pas déjà un parfait taré/abruti/déchet (rayez la mention inutile) aux yeux d’Oz. Dans un feulement de satisfaction personnelle, Caleb arrêta cette difformité vocale et entreprit d’observer consciencieusement son nouvel ami boire un premier verre, cul-sec pour ainsi dire.

      L’ombre d’un sourire mauvais mais charmant passa sur ses lèvres.

      Oui, vas-y, bois…

      Les mots d’Oz coulèrent dans son oreille comme de l’eau pure, sans accroche, sans brûlure, sans douleur. Il était particulièrement vulgaire. « Comme moi » songea Caleb. Un vrai sourire, franc et diabolique, se dessina tout à fait sur son visage à présent angélique. Ces deux gorgées supplémentaires qu’il venait de boire devait l’avoir vraiment rendu ivre. Complètement saoul.

      Une tiédeur sans nom avait enveloppé tout son être et se muait petit à petit en une chaleur blasphématrice et obscène.

      Un ricanement lui échappa, pouvant être attribué aux précédentes paroles d’Oswald. « Cul-sec »? Comme les hommes, les vrais, ceux chargés de virilité et de testostérone? Un homme? Était-il seulement un homme? D’un côté probablement. De l’autre, en revanche… Ces élucubrations inouïes auraient pu se poursuivre indéfiniment si le bruit cristallin du verre contre le verre n’avait pas interrompu le flot de ces pensées folles.

      « Hum. »

      Ce fut le seul mot, le seul son qui franchit ses lèvres assurément closes. Plus pour très longtemps hélas puisqu’il suivit l’exemple de son compagnon et vida d’une traite le petit verre d’alcool. Si Caleb était plutôt doué pour choisir ou même appâter ses clients à l’aide de l’alcool, il n’y était pas moins que très peu habitué. Cette rasade fut une véritable tuerie. Une boucherie phénoménale dans son gorge malmenée, une explosion dissolvant tout sur son passages, amygdales, trachée, jusqu’à l’estomac quasiment vide. Il renversa la tête en arrière, exposant son joli cou d’oie, sa pomme d’Adam tressautant et ses narines dilatées. Il aimait la douleur, l’adulait, lui était entièrement soumis. Et l’alcool le faisait indéniablement souffrir. Il lui était donc indubitablement soumis, n’est-ce pas? Un bruit sur le bar lui refit prendre conscience de la réalité qui l’entourait et il déduisit du verre vide à peine reposé d’Oswald qu’il venait de boire son second. Caleb, reprenant la bouteille, versa une nouvelle dose à son voisin et à lui-même, plus par contenance que par besoin et nécessité. Les deux perles salées au coin de ses yeux chocolat furent chassées d’un bref battement de cils et un insolite rictus charmeur prit place sur sa bouille endolorie.

      Sa question était primordiale, d’une importance capitale, il voulait cette information à tout prix. Mais, il lui fallait être discret, invisible, inodore, comme le poison versé discrètement dans un verre innocent. Il laissa les mots rouler lentement sous sa langue avant de les faire éclater dans sa bouche et les abandonner à l’air chaud du Jumble.

      « Que penses-tu du plaisir, mon che… »

      Le jeune homme réfléchit un instant, coupant sa phrase en plein milieu. Non, ça n’était pas ça, il devait confondre… Dans un froncement de sourcils peu gracieux, il retrouva le fil de ses pensées, les bonnes, et reprit, ne laissant pas le temps à l’autre d’en placer une. Ce fut par la volonté du Saint Esprit qu’il ne se perdit pas en cours de chemin et parvint à mener à sa finalité cette question sournoise et aussi affuté que la ruse d’un Siou.

      « Haerm, je veux dire, que penses-tu du fait que ton père soit impliqué dans un trafic d’armes? »

      Pour le côté discrétion, c’était mort. Irrémédiablement mort. Fini. Kaput. Perdu, et toute une liste longue et suante de synonymes ennuyeux.

      Le verre ne retrouva pas le chemin de ses lèvres, s’il devait avoir une réponse convenable de la part du fiston, il devait être en mesure de pouvoir s’en souvenir et surtout, de la comprendre. Il lui restait encore cette infime part de lucidité, celle qui luttait contre l’extinction totale, celle qui se débattait encore contre les limbes de l’inconscience partielle et non létale.

      Caleb, ne sachant pas plus du latin que l’italien qu’il connaissait, ne se permit pas de citation philosophique qui n’aurait pas tant sied à sa personne.
      Alors, il attendait, le menton au creux de sa main et un sourire figé peint sur son visage d’albâtre.
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    Message  Oz Roland Jeu 26 Aoû 2010 - 23:15

      Et çà explosait à nouveau, çà lui vrillait le crâne, çà lui brûlait la gorge, çà déferlait comme des vagues au rythme de la musique bourdonnante. C’était une chaleur habituelle, une douleur familière ; et pourtant, il ferma les yeux avec force, une grimace lui tordant les lèvres, alors que l’alcool lui flinguait allégrement la tête. Merveille des merveilles. Les doigts serrés autour du verre, il resta quelques secondes immobile, se désintéressa du sang qui battait dans les tempes, ouvrit doucement les yeux et se prit à se dire que la chanson qui prenait d’assaut ses tympans lui disait quelque chose. Mais pas moyen de mettre un titre sur le morceau. Tant pis. Il n’avait pas envie de danser, de toutes façons, il n’en avait plus envie ; il voulait boire, boire, boire et tomber. Ou osciller. Et puis merde. La musique était trop forte, mais elle était agréable une fois qu’on s’y était fait. Le gosse de riche desserra quelque peu ses doigts, et se renversa avec lenteur et nonchalance sur le dossier de sa chaise ; un soupir d’aise fut avorté sur ses lèvres alors qu’il grimaçait à nouveau, furtivement. Lui n’était pas masochiste, et s’il appréciait bien trop souvent de canaliser sa colère en passant par la violence, il n’empêche qu’il n’aimait pas la douleur - il ne l’adorait pas littéralement. Oh, elle pouvait être salvatrice dans bien des cas, mais là, non. Il grimaçait, et il se demanda vaguement pourquoi il fallait toujours qu’une rasade d’alcool pareille fasse mal comme çà. Le revers de la médaille, peut-être. Ou non. Bref, c’était n’importe quoi ce qu’il se disait, là.

      Oz se décolla du dossier de la chaise, décroisa les jambes et se pencha en avant pour poser à nouveau son verre sur le bar ; le léger tintement du verre contre la surface dure lui arracha une espèce de sourire furtif, et il se saisit à nouveau de la bouteille, comme s’il était tout naturel qu’il veuille la terminer. Une question de la part de son acolyte attira vaguement son attention, mais il était occupé à se verser une nouvelle rasade de bourbon sans remarquer que Caleb l'avait déjà servi, alors il n’écouta que d’une oreille et ne fit de toutes façons même pas gaffe à l'alcool qu'il fit déborder. Il y eut juste ce mot, « plaisir », qui titilla une partie de sa conscience ; plaisir, plaisir, plaisir, quoi plaisir ? Oui, oui, ce bourbon était plaisant, il était bien d’accord ; hochons vaguement la tête pour signaler qu’on a tout compris alors que ce n’est pas vrai, hochons la tête et relevons la bouteille pour ne pas tout faire déborder.

      « Que penses-tu du fait que ton père soit impliqué dans un trafic d’armes ? »

      Oz plissa les yeux, en se débattant avec les brumes de l’alcool pour saisir le sens de la question, de chaque mot. Il reposa lentement la bouteille à plat sur le comptoir, effleura le verre de ses doigts, perplexe. Trafic… Pourquoi Matthew lui parlait de trafic ? Trafic de quoi ? De drogue ? C’était un dealeur, maintenant ? Ou il voulait gentiment lui proposer un joint ? Peut-être. Les armes, les armes… Quelles armes ? Il ne pigeait rien. Non, en fait, il ne comprenait pas le sens de la question. Parce qu’il butait sur un mot. Un seul. Evidemment.

      - …Mon paternel ?

      Le fait de prononcer lui-même le mot, d’une voix pensive et surprise à la fois, sembla lui faire comprendre de quoi il en retournait, et il réagit au quart de tour sans prévenir, se redressant sensiblement sur son siège en se penchant vers Caleb, une lueur rageuse enflammant ses prunelles.

      - Ce salopard ? Pourquoi tu me parles de lui ? C’est un salaud. Sérieux. Un putain de salaud, et puis de toutes façons je l’emmerde, qu’il aille se faire foutre avec son abrutie de lâcheté et sa conne d’autorité. Qu’est-ce que j’en ai à cirer de ce qu’il peut bien dire, hein ? Non, même de ce qu’il ne dit pas, c’est encore plus marrant.

      Et le voilà qui était parti.
      L’alcool déliait les langues.

      Lui d’ordinaire si soucieux de ne pas gâcher sa salive en parlant plus qu’il n’était nécessaire au commun des mortels, prenait subitement l’attitude d’un adolescent rebelle, bavard et revanchard, alors qu’il partait dans un laïus plein de poésie au sujet de Richard Roland. Son père… Ouais, il le détestait. C’était mieux comme çà ; et il n’avait pas le choix. Oz plissa le nez d’un air écœuré ou dédaigneux, au choix, siffla quelque chose d’incompréhensible entre ses dents et se recula un peu, pour récupérer son verre d’un geste.

      - Ouais, çà me fait marrer. Rien à foutre. Qu’est-ce qu’il croit ? Que je vais accepter d’être sa cabeza de turco toute ma vie sans rien dire ou quoi ? Putain mais je l’envois bouler, moi, je lui crache à la gueule, je… Ce n’était pas MA faute, merde !

      Il s’embrouillait, et il ne remarqua même pas les trois mots d’espagnol, vestiges d’un enseignement varié qu’il avait reçu pendant son enfance, qui se glissèrent dans ce qu’il disait ; ou plutôt crachait. Une gorgée de bourbon lui brûla à nouveau l’œsophage, alors qu’il se remettait à boire par pur automatisme. Il s’interrompit un instant, fronça quelque peu les sourcils en se répétant la dernière phrase dans la tête, sentit la colère retomber comme un ballon dégonflé pour faire place à la sombre amertume. Qu’est-ce qu’il racontait ? Ridicule. Évidemment que c’était sa faute, pour ce coup-là ; il ne pouvait pas en être autrement. Il le savait, mais il ne niait quand même. Juste une habitude. Un réflexe.

      - Enfin si. Mais même.

      Le souffle se perdit dans les notes bourdonnantes de la musique, et le gosse de riche noya ses réflexions dans une nouvelle gorgée salvatrice. Allez, il s’en foutait. Il devait s’en foutre. Merde alors, depuis quand il avouait à voix haute que c’était sa faute ? Bourbon à la con. Et minute. C’était quoi la question, à la base ? Parce qu’il y avait eu une question, pas vrai ? Merde alors. Oz fronça lentement les sourcils, et son regard se fixa sur le visage de Caleb en essayant d’y trouver la réponse. Pourquoi est-ce qu’il l’avait lancé sur le sujet, déjà ? Bon sang, ce que c’était chiant de réfléchir dans cet état. Et puis il y avait la musique qui pulsait comme jamais au même rythme que les battements du cœur, et il y avait l’effervescence ambiante, et il y avait le mal de crâne, et il y avait la soif, et il y avait la fatigue, et il y avait le verre, et… et il ne se souvenait plus, mince. Oz laissa passer quelques lentes secondes, puis étouffa un toussotement ; dans un soucis de dignité, il redressa un peu le menton et jeta un coup d’œil derrière le bar, agacé, avant de reporter son regard sur Caleb en soulevant à nouveau son verre, avec l’élégance machinale de l’habitué.

      - Hm. C’était quoi la question, déjà ?

      Dignité, dignité.
      Ou pas.
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    Message  Caleb Matthew Mer 1 Sep 2010 - 0:26

      Caleb observait avec un intérêt grandissant l’alcool s’écouler sur le comptoir laqué, tels les Ryz qu’il avait déboursé pour le payer. S’il avait été dans son état normal, peut-être aurait-il réprimé un soupir de lassitude marquant sa profonde désolation envers son ou sa cliente. Mais le jeune gigolo n’était pas dans son état normal et Oz n’était pas son client, et encore moins sa cliente. Un ricanement lui échappa. Dans un reste de lucidité provisoire, le jeune homme se félicita de ne pas avoir poussé à la consommation. Enfin, pas d’alcool. Car l’héritier semblait lutter contre ses volutes doucereuses, cherchant de quoi répondre convenablement à la question de Caleb. Elle était simple, sa question, pourtant, non?

      Redressant son verre à hauteur de sa bouche rougie, il trempa un bout de langue mutine dans le liquide délicatement ambré. Rien de plus que quelques gouttes légères, néanmoins, il se sentait happé par les brumes opaques de l’ébriété. Un haussement de sourcil plus tard, il manqua de s’étouffer par le même verre qu’il penchait un peu trop. Le choc, vous comprenez. Vraiment, qu’est-ce qui lui prenait, à l’autre ivrogne -car il semblait tout de même avoir un sacré penchant pour la bouteille- à débiter ce nombre incroyable de conneries véhémentes sur son père? Non mais c’est vrai, quoi, ça n’était pas là le sujet; il n’en avait, à proprement dire, rien à foutre de la relation foireuse qu’il pouvait bien exister entre papa et fiston.
      Ou si.
      Caleb déglutit lentement, avalant par la même occasion le peu de bourbon qu’il avait malgré tout réussi à faire sortir du verre et entama une lente et périlleuse activité cérébrale. Les plaintes aux allures de monologue d’Oz n’avait quasiment plus d’importance, il ne les écoutait même plus. Après tout, il se devait de faire le vide pour penser convenablement.

      Seules les basses de la musique et les douloureuses arabesques de l’exaltation lui vrillaient le crâne.
      Il se raccrochait à son idée, comme une bouée de sauvetage dans l’immensité de l’océan de l’ivresse. Il allait se noyer, couler, être submergé, il le savait, et aimait ça. Il aimait terriblement ça. Et pendant que l’autre débitait son flot de paroles insultantes et sans queue ni tête, il essayait d’établir une connexion des plus logiques entre la haine du fils envers le père et une potentielle utilisation du premier. Pourrait-il se servir de ladite haine pour pousser Oswald à l’impossible, au meurtre de son géniteur? Un léger tic anima sa bouche lorsque son interlocuteur éleva la voix, le dérangeant dans ses élucubrations mentales. Mécaniquement, il porta à nouveau le verre à ses lèvres, lapant distraitement son contenu. Première erreur. Où en était-il donc? Ah oui, Oz tuerait-il son père? Peut-être qu’avec un brin de chantage et pas mal de harcèlement… Une main entama son ascension vers le visage d’albâtre de son vis-à-vis mais, arrivée à mi-chemin, elle regagna la fraîcheur bienfaitrice du bar. Non, décidément, on est jamais mieux servi que par soi-même, n’est-ce pas? La perception du sang sur ses mains déjà entachées était d’une jouissance… Les cris d’agonie de ses rares cibles, la bande-son de sa vie, juste derrière les râles de plaisir de ses clients. Ses cicatrices le brûlaient, le démangeaient, sous l’afflux de sensations passées, plus ou moins bonnes, de crimes charnels. Une nouvelle gorgée fut avalée. Deuxième et ultime erreur.

      « Hm. C’était quoi la question, déjà? »

      Car à cette question, il n’avait présentement plus de réponse directe à offrir. En effet, qu’avait-il demandé? Et puis, que venait de raconter Oz à l’instant? Il n’en savait rien, il n’avait pas écouté. Ah si, quelque chose à propos de son père. Son père… Pourquoi parlait-il de son père déjà?

      « Comment va-t-il? Ton paternel, je veux dire? »

      Simple question de rhétorique, rien de plus. Histoire de lui laisser le temps de se rappeler sa question, la vraie, celle qui l’intéressait plus que ces imbécilités. Quelle était-elle? Un effort supplémentaire lui arracha des bribes de mémoire. Quelque chose concernant son père, la haine du fils et un trafic d’armes, n’est-ce pas? Essayons de remettre ça dans l’ordre, allons! Écoutant d’une oreille on ne peut plus distraite la réponse blasphématrice d’Oz, Caleb enchaîna, sans transition aucune, tentant par tous les moyens de reconstituer une question plausible, ou au moins potable.

      « Est-ce que le fils de l’arme de ton père… Non, non… Le père du fils de ton arme… L’arme du père de ton fils… Attends… »

      Mais qu’est-ce qu’il racontait? L’alcool l’avait-il engloutit? S’était-il noyé, comme il l’aimait tant? Était-il mort? Était-ce la fin de la fin? Il fallait qu’il se ressaisisse, et vite ! Et chasser ces divagations sans cervelle de sa tête. Minute. Les divagations n’avaient pas de cervelle, n’est-ce pas? Aaaarg, stop !

      « Es-tu impliqué dans un trafic d’armes? »

      Bien content d’avoir sorti son énormité, Caleb se renversa contre son dossier et levant allègrement le coude pour vider le fond de son verre d’une traite, peu conscient du fait qu’il avait parfaitement oublié la précédente question. Un immense sourire s’accrocha désespérément à ses lèvres, pour ne plus les quitter.

      Et il se resservit un verre.
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    Message  Oz Roland Sam 11 Sep 2010 - 1:32

      Oz ne comprenait pas bien l’intérêt soudain de Caleb Matthew pour son paternel. Non, parce qu’il lui demandait carrément comment il allait, maintenant. Avec cette politesse factice que tout le monde connaissait, et que le gosse de riche méprisait ouvertement ; un peu comme il avait la bienséance en exécration depuis longtemps. Il plissa un peu les yeux, perplexe, fronça sensiblement les sourcils. Il ne remarqua même pas la gorgée de bourbon qu’il avalait mécaniquement, et il darda un regard à la fois incrédule et offusqué sur son vis-à-vis lorsque le sens de la question atteignit enfin sa conscience. Lui demander à lui comment allait son père ? C’était d’un… grotesque. Avait-il bien entendu, au moins ? Est-ce qu’il avait une tête à se soucier du bien-être de son père, d’abord, franchement ? Non, absolument pas. Hein ? Non. Impossible. Bref, c’était donc un nouvel affront qu’on venait de faire à Sa Seigneurie, là, sans aucun doute. Oz écarta le verre de ses lèvres, pour le reposer un peu trop brusquement sur la surface du bar, puis se pencha légèrement vers son voisin en prenant tout naturellement un air méprisant, comme il en avait l’habitude. Et il ouvrit aussitôt la bouche pour continuer de cracher son venin sur la figure paternelle, comme on lui enjoignait si gentiment de poursuivre.

      - Mais qu’est-ce que tu peux en avoir à foutre, franchement, de un ? N’importe quoi. Secundo, je ne sais pas comment il va et je m’en moque, de toutes façons je…

      Il ne pu même pas finir sa phrase que Caleb l’interrompait déjà, enchaînant trop rapidement à son goût et reprenant la parole pour déblatérer des mots sans aucun sens, soudain, sans même l’écouter. Oz fronça un peu plus les sourcils, l’agacement se peignant sur son visage pâle, et il fusilla son ancien camarade de l’Académie d’un regard noir, n’appréciant évidemment pas du tout d’être interrompu de la sorte ; ou même interrompu tout court. S’il ne pouvait même plus laisser sa haine s’exprimer… Quel intérêt ? Et puis, c’était cet imbécile qui avait posé la question, non ? Alors pourquoi enchaînait-il aussi rapidement sur un tout autre sujet ? C’était d’un fatiguant… Le gosse de riche fixa son interlocuteur encore quelques secondes, l’air et le regard figés dans cette exaspération éternelle, puis finit par se redresser sur son siège en s’intéressant de nouveau à son verre, les lèvres frémissant dans un « Tsss. » soufflé spontanément avec mépris. Une nouvelle gorgée d’alcool lui brûla une énième fois l’œsophage, et son regard de jade se balada quelques secondes sur le comptoir, sans vraiment le voir. Il se demanda pendant une seconde pourquoi le bourbon avait débordé sur la surface du bar, mais son esprit se désintéressa encore une fois très vite du sujet, et il tourna la tête avec lenteur pour observer la foule quelques lentes secondes. Avant d’abaisser son verre et de reporter son attention sur Matthew, l’air plus blasé qu’autre chose ; l’agacement s’était envolé aussi vite qu’il était venu, emporté par les vagues de l’ivresse inexorable. De quoi étaient-ils en train de parler, déjà, au fait ?

      « Es-tu impliqué dans un trafic d’armes ? »

      Clignement de yeux.
      Une, deux, trois secondes.

      - Qui, moi ?

      Quelle intelligence dans la répartie, oui, en effet, admirons… Oz plissa légèrement les yeux d’un air perplexe, le verre encore en main. Comment çà, impliqué dans un trafic d’armes ? Lui ? C’était quoi ce changement brusque et soudain de sujet ? Ils étaient en train de trinquer en disant que papa Roland était un sacré enfoiré, non ? Pourquoi passait-on aux armes, tout d’un coup, sans aucune transition ? Oswald perdait le fil de la conversation, oui. Perturbé, il abandonna son regard d’émeraude au liquide ambré de son verre, et fronça quelque peu les sourcils en essayant plus ou moins de réfléchir à la question malgré la brume et le mal de crâne. Oswald Roland impliqué dans un trafic d’armes… Çà sonnait plutôt bien, ouais. Et puis, c’était classe à dire, non ? Si, terriblement. Il ne voyait pas du tout où Caleb voulait en venir, au juste, et franchement, il s’en fichait bien. Il n’avait guère eu l’occasion de toucher à une arme quelconque dans sa vie de gosse de riche, mais de çà aussi, il s’en foutait. Son air se fit pensif, et il releva doucement les yeux en agitant légèrement ses doigts autour du verre, machinalement. Et s’il répondait oui avec un sourire arrogant ? Çà le ferait, non ? Il pouvait faire genre, ouais. Il n’avait strictement aucun intérêt à le faire, mais peu importe, il décrétait juste que çà faisait classe, d’être impliqué dans un trafic d’armes. Comme çà. Sauf que les mots devancèrent sa pensée, et ce ne fut pas une affirmation qui franchit ses lèvres mais plutôt une interrogation, finalement, légitime.

      - Pourquoi je serais impliqué dans un trafic d’armes ?

      Question certes pertinente, pour une fois. Les sourcils légèrement froncés et l’air toujours aussi perplexe, Oz fixa son voisin de bar en se demandant bien pourquoi, en effet. Est-ce qu’il avait une tête à faire du trafic, quelque chose du genre ? Peut-être, peut-être pas. Franchement, il ne voyait pas du tout le rapport, et encore une fois, il s’en foutait. Il resta perplexe encore un instant, puis se renversa lentement contre le dossier de sa chaise en buvant une nouvelle gorgée de bourbon, comme si l’alcool pouvait lui permettre d’y voir plus clair. Les paroles de Caleb n’avaient aucun sens, pas vrai ? Dans ce cas… Dans ce cas, il devait être ivre, tout simplement. Et du coup, çà expliquerait ce brusque changement de sujet, ces paroles sans sens, ces interrogations incongrues. Non ? Si. Persuadé d’avoir trouvé tout seul comme un grand la solution de l’énigme, Oz esquissa un petit sourire supérieur, furtivement, au coin des lèvres. Il porta à nouveau le verre à sa bouche, puis le reposa machinalement sur le bar ; tournant la tête vers son voisin, il haussa un sourcil arrogant sans même se soucier d’une réponse éventuelle à sa question. Là, il fit généreusement part de son hypothèse au concerné ; hypothèse qu‘il décrétait tout naturellement comme juste, bien entendu.

      - T’es déjà bourré, Matthew, à tous les coups.

      Parce que lui ne l’était pas, hein.
      Évidemment.
      Soi-disant.

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    Caleb Matthew
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    Message  Caleb Matthew Mar 26 Oct 2010 - 0:11

      Un sourire goguenard étira les lèvres de Caleb; il se sentait fier, très fier d’avoir retrouvé sa fameuse question et rien, non rien, n’aurait pu entamer la bonne humeur aux saveurs d’alcool qu’il sentait poindre. Quoiqu’un doute persistât dans son esprit: pourquoi, diable, Roland fils serait-il impliqué dans un quelconque trafic d’armes? Plissant outrageusement les yeux dans un rictus somme toute angoissant, il détailla le visage tordu par l’ivresse de son vis-à-vis. L’interrogation dubitative d’Oswald le conforta dans son idée: il venait, à priori, de sortir une nouvelle et énorme bêtise. Pour changer. Non mais vraiment, il n’avait pas franchement la tête d’un trafiquant d’armes. Ou même d’un trafiquant tout court. Sauf son regard un peu trop méprisant. Peut-être. Il l’imaginait mal un revolver ou une mitraillette terrienne à la main, une seringue dans le bras ou un joint à la bouche et son visage de petit héritier pédant lui aurait presque valu le doute sur sa consommation d’alcools forts. Mais la preuve était là, donc Caleb n’avait pas trop à y réfléchir. D’ailleurs, pourquoi pensait-il à cela? N’avait-il pas mieux à faire? Comme… Comme… Comme ! A quoi pensait-il, déjà, il y avait quelques secondes à peine? Caleb fronça un peu plus les sourcils. Dans sa tête, tout se mélangeait, haut et bas, ombre et lumière, plaisir et douleur, père et fils. Et encore, il lui restait assez de lucidité -vraiment?- pour ne pas confondre Oz et une de ses vieilles clientes. Il n’aurait plus manqué que cela. La moquerie de ses lèvres se mua en une fantaisie sans nom, quelque chose qui découvrait ses dents blanches, une fente diabolique et angélique à la fois, sur son visage-même, la dualité de son esprit s’affichait.

      Un doigt s’avança sournoisement sur le comptoir, joueur, et traça d’infinies courbes dans l’alcool luxueux répandu dessus. D’une oreille distraite, il entendu son voisin de beuverie répondre à sa question idiote et il devait lui-même l’être, sacrément idiot, pour y répondre.

      « Pourquoi je serai impliqué dans un trafic d’armes? »

      Le doigt arrêta sa course folle dans une légère éclaboussure alcoolisée. Oui, c’est bien ce qu’il « pensait », il n’avait rien à voir là-dedans. Il ne se souvenait même plus du pourquoi du comment de cette question. Ni son origine, ni rien. Caleb tenta de ne penser à rien, juste pour rire. Pourquoi? Aucune idée. Juste pour rire. Alors que cela n’avait strictement aucun rapport avec ce qu’il était en train de faire. Soit dessiner des figures abstraites de l’index dans du bourbon. Rien de bien passionnant. Lassé, complètement saoul, il porta à sa bouche la pulpe de son doigt imprégnée d’alcool et la lécha consciencieusement. Combien de temps cela dura-t-il? Il n’en savait trop rien, mais une chose était certaine: Oz n’avait pas repris la parole, continuait de lever son verre et semblait songeur. C’est pourquoi Caleb en profita pour répondre à la question de rhétorique posée précédemment. Son sourire se flétrit.

      « Pourquoi? … Pourquoi quoi? »

      Et encore, ça n’était que la version traduite, car, parler un doigt dans la bouche n’était pas l’idée du siècle, si? Enfin, ça n’était pas tant le sens qui avait de l’importance ici, puisque, dans tous les cas, la réplique était inutile.

      Les musiciens, partis, laissèrent place à une musique électrique, sans paroles.

      Caleb retira le doigt d’entre ses lèvres, et réprima son envie soudaine de réitérer ce manège. Cela pouvait ne plus en finir, lorsqu’il était dans cet état là. Alors, perplexe, hagard et fiévreux à la fois, il se lança dans la contemplation énigmatique de sa main. Sa belle main aux longs doigts blancs, brûlée par endroits, aux cicatrices rosées, l’entredeux doigts de la main gauche jauni par la nicotine. Non, c’était vraiment une main sublime. C’est pourquoi Caleb se perdait dans cette vue divine. Et ces ongles, ces ongles ! Entre longs et courts, parfaitement réguliers, ils soulignaient avec justesse la beauté de cette main.

      « T’es déjà bourré, Matthew, à tous les coups. »

      Ledit Matthew releva la tête, légèrement ahuri. Lui, bourré? La réflexion ne s’établit que quelques dixièmes de seconde dans son esprit embrumé. Bien vite, elle fut remplacée par une stupide analogie entre la main qu’il tenait toujours levée au niveau de son visage, comme un parfait idiot, et le jeune homme qui lui faisait face. Son regard passait de son extrémité à son voisin, de son voisin à son extrémité.

      « Bourré? Sûrement. »

      Inconscient du danger qui planait au-dessus de lui, de l’inquiétante épée de Damoclès qui se balançait pernicieusement juste au-dessus de sa tête, Caleb avança cette main aventureuse. Vers Oz. Malheureusement. Ivre, il l’était, il n’y avait plus aucun doute à ce propos. Néanmoins… L’autre l’était aussi, n’est-ce pas? Ou à défaut, était tout simplement con. Alors il pouvait bien faire ce qu’il voulait. Comme d’habitude. Un nouveau sourire fleurit sur ses lèvres, le genre de sourire qui faisait scintiller les yeux de n’importe quelle personne, même du froid Caleb. Quoique… Froid ou chaud, Oz put bientôt le définir charnellement parlant, puisque les doigts du gigolo vinrent se perdre dans sa chevelure d’ébène pour, non pas l’attirer à lui pour lui rouler le patin du siècle, mais bien pour lui ébouriffer joyeusement et vigoureusement la tignasse. C’était doux et chaud sous sa paume, un délice, une simple pulsion. Aussi vite qu’elle était venue, la main, se retira, laissant les mèches sombres dans le désordre le plus total.

      Alors, Caleb fut content, satisfait en fait. Sans raison apparente hormis le fait d’avoir pu jouer dans les cheveux d’Oswald Roland quelques très brefs instants. A ses risques et périls. Enfin, ça, il l’ignorait encore. Probablement.

      Inconscient, toujours, il se remplit un nouveau verre.
      Il était ivre, maintenant, alors bon.
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    Message  Oz Roland Ven 17 Déc 2010 - 17:35

      Oswald se fit vaguement la réflexion, dans un coin embrumé de son cerveau, que son voisin avait une tête de parfait petit crétin en tenant stupidement cette main en l’air comme un débile profond ; vraiment. Pas vrai ? Pour quelle raison faisait-il ça, au juste ? Venait-il de percuter intelligemment qu’il avait une main ? Ou alors était-il un peu, rien qu’un peu, dérangé psychologiquement parlant ? Peut-être qu’il faisait signe à quelqu’un, allez savoir. En vérité, peu importe : Oz s’en moquait. Il se désintéressa bien vite de l’abruti pour se concentrer sur la merveille qu’était le verre qu’il avait précédemment posé sur le comptoir, et le fixa un instant d’un air certainement aussi fasciné que son voisin. Que lui restait-il à faire hormis boire, boire, boire et encore boire jusqu’à plus soif et oubli total, ce soir ? Rien, absolument rien. Rien d’autre ne comptait, absolument rien. Il n’y avait que ça à faire, que ça qui comptait. Vraiment, indubitablement et inexorablement. La soirée se passerait donc certainement très bien. Il se bourrerait la gueule en beauté, comme d’habitude, il irait dégueuler dans les toilettes de temps en temps, comme d’habitude, il balancerait connerie sur connerie en étant persuadé de tenir une conversation cohérente et très spirituelle, comme d’habitude, il irait câliner un ou deux passants en étant pris d’un furieux besoin d’affection, comme d’habitude, il réagirait au quart-de-tour en piquant une crise de colère éclaire dès qu’il prendrait un seul mot de travers, comme d’habitude, il gueulerait encore et encore, comme d’habitude, il aurait un mal de crâne lancinant qui ne se délogerait pas de sa mignonne petite caboche, comme d’habitude, il finirait par sentir le poids accablant de l’épuisement s’abattre sur ses épaules au beau milieu de la nuit, comme d’habitude, et il finirait par s’affaler dans un coin pour se réveiller le lendemain avec une sacré gueule de bois, une humeur de chien (pire que d’habitude, s’entend) et une amnésie partielle, comme d’habitude. En clair, ce serait l’éclate totale. Soi-disant. Sauf que Caleb Matthew en avait visiblement décidé autrement, vu qu’il adopta un tournage à 180° en commettant subitement et étrangement un acte de suicide pur et simple, qui changerait forcément la donne de la soirée. Oz en fut si abasourdi qu’il en oublia de contempler son verre d’un air énamouré et fasciné, et tourna plutôt la tête vers son voisin en haussant les sourcils, figé et interdit. Il n’avait pas rêvé, pas vrai ? Ce type, ce type, là, venait de passer la main dans ses cheveux. Il venait de lui ébouriffer les cheveux. Les cheveux. Ce geste, s’il aurait pu paraître adorablement affectif d’un point de vue on ne peut plus normal, était bien évidemment vu comme un affront pur et dur dans l’œil du cadet Roland. Et alors qu’il fronçait doucement les sourcils, de plus en plus, l’évidence s’imposa dans son esprit.

      Il allait le tuer. Le tuer, vraiment. C’était l’affront suprême - ou un des affronts suprêmes, plutôt ; on ne touchait pas à la divine chevelure de Sa Seigneurie sans son hypothétique accord -accord que monsieur ne donnait de toutes façons jamais-, on n’osait pas balader ses doigts dans ces cheveux de jais absolument merveilleux, on ne se permettait jamais la familiarité de… Bordel, mais qu’il CRÈVE ! Il allait le tuer. Non, il allait le massacrer. Claquer des doigts, et réduire son corps de tarlouze à néant dans une explosion apocalyptique - à supposer qu’il arrive un jour à viser correctement. Il allait lui exploser les dents, lui briser la mâchoire, lui casser toutes les côtes, le rendre manchot, il allait lui labourer le crâne à coups de poing américain, il allait lui balancer un coup de genoux dans le ventre, le traîner dans la poussière, le traîner en justice, jouer de ses relations pour le ruiner et le déposséder de tous ses biens minables jusqu’à ce que pauvreté pathétique s’ensuive, il allait organiser un lynchage dans les règles de l’art, il allait instaurer la peine de mort, il allait le condamner à se faire éviscérer sur la place publique, à être pendu, guillotiné, écartelé, à subir le supplice de la poire d’angoisse et de la chaise électrique, il allait lui faire subir toutes les tortures les plus affreuses et inimaginables sorties tout droit des temps barbares de la Terre, il allait lui faire regretter d’être né et de pas être encore mort, il allait lui arracher toutes les excuses qu’il voulait entendre, quitte à lui faire cracher le sang et les tripes, il allait se faire un plaisir sordide et incommensurablement satisfaisant de le réduire à néant en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il allait, il allait… Il ne savait pas trop ce qu’il allait faire au juste, mais ce serait dévastateur, spectaculaire et mortel, ce serait grandiose, orageux, cataclysmique et terrible, ce serait explosif, effroyable, incommensurable, ce serait, ce serait… En fait, ce ne serait probablement rien vu que le bourbon devait avoir réduit à néant pour la soirée les élans de violence du gosse de riche, ou tout du moins en grande partie. Mais toujours est-il que là, présentement, il n’avait qu’une envie purement spontanée, et c’était foutre son poing en plein dans la tronche du kamikaze. Il devait foutre son poing dans la tronche de ce mec. Question de principe. Histoire de faire comprendre que non, coco, mes cheveux, c’est pas le pelage d’un abruti de petit chihuahua qu’on s’amuse à ébouriffer avec le sourire béat de la vieille peau de grand-mère complètement gaga. Hors de question de laisser passer ça. Hors de question.

      - Toi…

      La colère brûlant dans les prunelles et la voix basse, sifflante et vibrante de menace, Oz entreprit de fusiller l’interpellé d’un regard noir, sourcils froncés, en se penchant légèrement vers lui. Caleb Matthew, la pédale, l’impertinent, l’inconscient, le suicidaire de l’Académie, le suicidaire de ce bar… Au diable le fait qu’il avait du goût en matière d’alcool, ce n’était pas une raison suffisante pour lui épargner la mort. Parce que oui, dans son esprit enflammé par la contrariété profonde, colérique et spontanée qui était typiquement celle des tempéraments les plus sanguins, Oz ne pensait qu’à faire regretter son geste au blasphémateur. Sauf qu’au lieu de balancer une droite à son voisin, Oz abattit brutalement le plat de sa main sur la surface sèche du comptoir, le bruit mat s’élevant brutalement au milieu de la musique tonitruante et la douleur explosant immédiatement dans sa paume. Il grimaça furtivement sur le coup, jura entre ses dents, releva vivement la main pour la secouer stupidement en l’air, insulta le bar en anglais, puis foudroya une nouvelle fois Caleb des yeux, comme si c’était de sa faute. Raide, il reposa plus doucement sa main sur le bar et enchaîna enfin d’une voix claquante :

      - Il n’y a qu’un seul mec qui a le droit de faire ça, un seul, tu piges ? Et ce n’est pas toi. Je devrais te casser ta sale petite gueule de pédale. Ne refais plus jamais ça, plus jamais, ou je te tue.

      Oz laissa le silence s’étirer avec la dernière syllabe, se délectant de la menace et continuant de darder sur son voisin le regard venimeux de celui qui n’a vraiment, vraiment pas apprécié quelque chose. Et effectivement, il n’y avait qu’un seul garçon autorisé à lui faire ça, et c’était Vasco Fair. Quand bien même ce dernier ne se donnait à vrai dire jamais la peine de demander la permission, éternellement suicidaire, lui, lui, il avait le droit de toucher à ses cheveux ; lui, il avait le droit de lui porter ces preuves d‘affection et de familiarité, quand bien même Oz râlait toujours. Lui. Pas les autres. Il n’y avait que lui. Alcool aidant, le gosse de riche s’estima néanmoins satisfait de cette menace et se détendit légèrement, reposant doucement son dos contre le dossier de sa chaise et tendant nonchalamment la main vers le verre de bourbon qui trônait toujours sur le bar. Tant pis pour le coup de poing, la torture, le massacre, l’éviscération et compagnie, il se contenterait pour le moment de boire une gorgée en trinquant à son superbe sang-froid.

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