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    Give me something I can believe [Vasco]

    Oz Roland
    Oz Roland
    Glandeur appliqué/Sobre à ses heures perdues

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    Message  Oz Roland Dim 24 Juil 2011 - 22:03

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      Il avait froid. Les mains fourrées dans les poches de son jeans d'un tissu bleu foncé épais, il essayait désespérément de les réchauffer un tant soit peu à défaut de pouvoir compter sur une veste qu'il ne portait pas, allongeant quelque peu sa foulée pour arriver plus vite à destination. Il se tenait un peu voûté comme pour se protéger instinctivement, les mains dans les poches et les épaules tremblotant par à-coups, la bise glaciale de l'hiver désordonnant ses cheveux de jais déjà pourtant bien en bataille et s'infiltrant sous l'unique pull qu'il portait sur le dos, d'un tissu bien trop fin pour pouvoir contrer le froid, noir et de coupe très simple, lui dévoilant la gorge et une partie de l'épaule. Pourquoi sortir sans veste par un temps pareil, uniquement vêtu d'un jeans, d'une paire de chaînettes autour des hanches en guise de ceinture et d'un pull trop fin ? Excellente question. À dire vrai, Oz lui-même n'aurait pas de réponse exacte à fournir. C'était juste une sale habitude qu'il avait, de sortir sans avoir grand chose sur le dos. Et d'habitude, il piquait toujours un pull épais à Vasco ou même sa veste en cuir quand le musicien ne la portait pas, sauf qu'il avait tâché d'éviter la chambre de ce dernier pendant un peu plus d'une semaine dernièrement, s'obstinant à s'absenter, à esquiver et à dormir dans les endroits plus ou moins improbables selon les cas, au pire la tête appuyée sur la table d'un bar en compagnie de Jimmy, au mieux dans une petite chambre au-dessus du même genre d'établissement, louée sur un coup de tête avec l'argent qu'il disposait grâce à son père. Alors aujourd'hui encore, lorsqu'il s'était arrangé pour quitter l'auberge sans croiser ni une certaine brunette ni un certain blondinet de sa connaissance, il était parti vêtu de cette manière sans penser à emporter une veste. Il le regrettait un peu maintenant qu'il en arrivait au point de claquer des dents, mais il n'avait pas encore froid au point de s'avouer avoir eut tort, même pour une chose dans le fond aussi futile que celle-ci. Non, pour en arriver à avouer avoir eut tort, il faudrait qu'il soit littéralement mort de froid dans une ruelle de la capitale.

      I'm dying to catch my breath.

      Même une fois à l'intérieur de la salle principale de l'auberge sannomienne, Oswald ne retira pas tout de suite les mains des poches de son jeans. La chaleur ambiante lui arracha un frisson dû à la différence de température entre l'intérieur et l'extérieur, mais il n'y fit pas plus attention que cela et poursuivit sa route sans s'arrêter, traversant la salle tout droit en direction des escaliers qui menaient aux étages de l'établissement. Il aperçut Pop au comptoir du coin de l'œil, l'aubergiste qu'ils avaient appris à apprécier avec Vasco à force de le côtoyer quasiment chaque jour. Ill faillit s'arrêter pour le saluer sauf que la masse de gens agglutinés au bar le découragea et il préféra donc poursuivre son chemin, sans accorder ni un regard ni un salut personne, éternel gosse de riche solitaire ou pas si solitaire que ça, jugé par la masse tout simplement trop hautain et trop imbu de sa personne pour accorder la moindre attention à autrui – exactement comme il voulait qu'on le juge. La montée des escaliers lui arracha une grimace furtive et il profita du fait de déboucher dans un couloir désert pour sortir une main de sa poche et soulever son pull, baissant les yeux sur l'hématome qui lui balafrait le flanc. Il ne se souvenait même plus comment il était apparu, celui-ci. Est-ce que c'était un coup qu'il avait reçu dans la bagarre qui l'avait opposé aujourd'hui encore à une bande de types faciles à provoquer au coin d'une rue ? Probablement. Il s'était pris pas mal de coups, cette fois-ci – forcément, lorsque l'on affrontait trois personnes tout seul. Mais comme toujours, il n'en avait rien à faire. Peut-être aussi que l'hématome datait d'un peu plus longtemps, par exemple du soir où il avait connement décidé d'infiltrer le quartier général des Chasseurs de primes en compagnie de Jimmy. Une belle erreur, cette histoire. Mais là encore, il s'en foutait : peu importait. La douleur physique était plus facile à supporter que la douleur mentale. Il préférait avoir mal au corps que mal à l'âme. Et puis, se défouler, donner matière à la colère, ça annihilait toute pensée et ça permettait de retarder le moment où il faudrait bien un jour faire face. Faire face à ce qu'on lui avait dit, faire face au changement, faire face à ce qu'il ne voulait pas, faire face à ce qu'il vivait, faire face à tout. Et il ne voulait juste pas.

      I've lost all my trust.

      Pourquoi cette porte ?

      Though I've surely tried to turn it around.

      Maintenant qu'il avait lâché son pull, qu'il avait à nouveau fourré la main dans la poche de son jeans et qu'il avait continué d'avancer machinalement par la force de l'habitude, il se retrouvait planté devant la porte d'une chambre qu'il connaissait bien. Il l'avait probablement occupée autant que la sienne, à force de faire la navette entre l'une et l'autre sur un coup de tête ou un autre. Fronçant légèrement les sourcils, laissant son regard couleur d'émeraude fixé sur le bois de la porte, un bleu dû à la bagarre qu'il avait lui-même provoqué plus tôt dans la journée s'étant formé sur le haut de sa pommette gauche, sous l'œil, et le coin de la lèvre éraflé, Oz resta totalement immobile, ayant encore froid dans son pull trop fin. Ou peut-être qu'il avait froid tout court. Qu'est-ce qu'il foutait là, sérieusement ? Depuis que Vasco lui avait foutu cette énorme claque mentale au port, un peu plus d'une semaine auparavant, il faisait tout pour l'éviter. Tout comme il tâchait d'éviter encore le plus possible cette fille qu'il connaissait bien et qui avait débarqué à nouveau dans sa vie sans rien demander, d'ailleurs. Alors pourquoi venir se planter devant cette porte maintenant ? Pourquoi avoir l'envie irrépressible de l'ouvrir, d'entrer et de se fourrer sous les couvertures du lit imprégné de l'odeur d'une personne qu'il aurait préféré détester ? Il le savait, il le savait très bien, mais il refusait de se le formuler. Il l'avait pourtant dit clairement, le jour où Sila était arrivée, il le lui avait dit clairement sans savoir pourquoi il s'était cru obligé de lui ouvrir un infime pan de son cœur, à elle qu'il évitait présentement au même titre que Vasco. S'attacher. S'attacher irrémédiablement. Avoir besoin de. Un besoin viscéral. C'était tellement nuisible. Tellement handicapant, tellement aliénant. Et il avait peur. Il avait peur de tout. Il avait peur de cet attachement. Il avait peur qu'on le laisse, qu'il le laisse. Il avait peur qu'elle change tout, qu'elle l'aliène à son tour. Il avait peur, il l'avait toujours eu et il était juste perdu. Et là debout dans le couloir de l'auberge, là planté devant une porte qu'il ne se résolvait toujours pas à ouvrir, là les yeux dans le vague, les sourcils légèrement froncés, le regard perdu et les mains dans les poches, il hésitait.

      Save me from my fear.

      Il ne savait même pas ce qu'il faisait. Il ne savait même pas s'il allait foudroyer Vasco du regard dès qu'il le verrait et faire aussitôt demi-tour pour finalement changer d'avis et fuir au plus vite, il ne savait même pas ce qu'il voulait et comment il réagirait. Là tout de suite, il avait décidé de laisser les interrogations de côté pour laisser place entière à ce que son âme, à ce que son corps, à ce que son être entier, sauf sa raison et son obstination, voulaient. Il posa la main sur la poignée de la porte, la tourna et poussa le battant pour entrer – cette porte, il le savait, n'était jamais fermée. Ne me brise pas. Les yeux d'abord baissés, il les releva presque avec méfiance pour les promener sur la chambre. Maintenant que tu as ouvert cette porte, ne la laisse pas se refermer. La chambre qui, il le constata très vite, était vide. Il n'eut même pas le temps de se sentir soulagé ou non que le bruit caractéristique de la douche en marche lui parvint de la porte fermée de la salle de bains, lui faisant déduire logiquement que Vasco était bien là, mais qu'il prenait sa douche. Planté sur le seuil, Oz hésita à nouveau. Il pouvait tout à fait faire demi-tour, refermer cette porte comme s'il n'était jamais entré et repartir, ni vu, ni connu. Oui, il pouvait. Mais il referma quand même la porte derrière lui, doucement, sans aucun bruit, presque distraitement, avant de porter un regard fatigué et souligné par le bleu qui marquait sa peau blanche sur le lit de Vasco, dans un coin de la pièce. Il avait l'intime conviction qu'il était en train de faire une erreur, il le sentait dans chaque fibre de son corps qui voulait continuer à fuir. Mais il promena tout de même distraitement le bout de ses doigts sur le mur avant d'y prendre appui pour se débarrasser de ses chaussures en les envoyant valser près de l'armoire, puis ses chaussettes pour pouvoir poser ses pieds nus sur le sol. Il avança ensuite sans bruit jusqu'au lit pour y poser d'abord un genoux puis s'y laisser choir, le corps relâché comme s'il n'attendait plus que ça. Se tournant du côté pour se retrouver face au mur, presque tout contre lui, Oz remonta quelque peu les genoux, colla ses pieds l'un contre l'autre dans l'espoir de les réchauffer un peu puis tendit légèrement la main devant lui pour toucher le mur du bout de ses doigts. Se concentrant uniquement sur le bruit de l'eau dans la pièce d'à côté, il ferma alors les yeux.

      Gime me something I can believe.

      Et il ne savait toujours pas ce qu'il venait chercher.
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    Vasco Fair
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    Message  Vasco Fair Dim 24 Juil 2011 - 23:17

      L’eau. Comme pour laver les fautes qu’il portait avec lui. Vasco avait pris l’habitude de prendre des douches plutôt froides, vu que son meilleur ami avait pris la manie de prendre ses douches dans sa chambre et que, celui-ci ne lésinant pas sur l’eau chaude et prenant bien entendu tout son temps, le monde lui appartenant évidemment, le blond devait s’estimer heureux s’il avait ne serait-ce que cinq minutes d’eau chaude. Cette habitude, pourtant, il la perdait peu à peu, à son plus grand regret. Cela faisait plus d’une semaine qu’Oz n’était plus venu dans sa chambre, même pas pour récupérer l’un des nombreux colliers qu’il y avait oublié ou pour venir emprunter un vêtement à Vasco. L’artiste s’inquiétait, follement : il avait aperçu Oz, parfois, en ville, de loin, ou même à l’auberge. Mais à peine avait-il eu le temps de s’approcher du gosse de riche que celui-ci avait déjà disparu, l’ayant sûrement aperçu également et cherchant à l’éviter. Les rares fois où Vasco avait réussi à le coincer, l’ex académicien s’était montré glacial, encore plus méprisant que d’ordinaire, terriblement mauvais avec le blond. Ce dernier aurait sûrement dû s’en vexer et finir par en avoir marre, en être fatalement blessé jusqu’à laisser tomber le plus jeune : mais il était de notoriété publique que Vasco Fair était capable de supporter toutes les humeurs et toute l’agressivité dont était capable de faire preuve Oswald Roland. Et parce qu’il le supportait alors que personne d’autre n’en était capable, le chanteur savait, au fond de lui, que la tocade d’Oz finirait par lui passer et qu’il viendrait de nouveau vers lui, repenti tout en sachant qu’il n’avait pas besoin de proférer la moindre excuse. Ici plus que n’importe quand, d’ailleurs. Quand un problème éclatait entre ces deux énergumènes, Vasco se jugeait la plupart du temps le plus coupable des deux : oh, il ne niait pas qu’Oz avait ses fautes aussi. Après tout, quiconque était réellement proche de l’ex-académicien savait pertinemment que celui-ci était un vrai nid à problème. Mais le musicien l’aimait tel quel : or, lui, il était censé être irréprochable, infaillible. Mais il n’était qu’un homme, et cela provoquait parfois quelques ennuis entre eux.

      Les yeux fermés, la tête levée vers le jet d’eau et les deux yeux clos, pour une fois débarrassé du bandeau qui ne le quittait pourtant jamais aux yeux de tous, c’était à tout cela que Vasco pensait alors. A Oz, son ami si cher qui l’évitait de façon plus qu’évidente. Il ne faisait à vrai dire plus que se rincer, profitant de l’eau tiède contre sa peau, utilisant plus d’eau que nécessaire contrairement à son habitude, juste pour penser, comme si le clapotis de l’eau et la sensation de cet élément sur sa peau nue l’aiderait à y voir plus clair. Mais depuis qu’Oz avait commencé à s’éloigner, Vasco conservait la même conclusion : tout était entièrement sa faute. Il avait cru, alors qu’ils rentraient du port, après cette annonce qui avait provoqué une véritable tempête dans le cœur d’Oz et dont les dommages s’étendait jusqu’au corps meurtri de celui qui avait déclaré son désir d’épouser cette femme qu’ils ne connaissaient pas, tous les deux, que tout se réglerait. Ce ne fut qu’ensuite qu’il constata à quel point il fut naïf. Rien n’était réglé : et de toute évidence, Oz lui en voulait à mort pour avoir osé s’attacher autant et si vite à une femme, au point de rêver de mariage avec elle. Et pour l’artiste, le problème ne venait pas de la possessivité déplacée de son ami mais bien de lui et seulement lui. C’est vrai, il était idiot. Il savait parfaitement qu’Oz n’allait pas sauter de joie face à la nouvelle. Il l’avait toujours su. Et pourtant, il avait tout de même eu la stupidité d’aller lui annoncer cela de but en blanc, et même de lui proposer d’être son témoin. Il était vraiment, décidément, définitivement un idiot fini. Avec ces idioties, il était en train de perdre Oz : et cela ne lui permettrait même pas d’avoir Edryn. Comprenons-nous, il ne cherchait pas à échanger son meilleur pote contre celle avec qui il voulait faire sa vie. Il aimait bien trop Oz pour cela, et l’abandonner ainsi le tuerait. Mais franchement, c’était idiot. S’attacher ainsi à une femme qu’il ne connaissait au fond ni d’Eve, ni d’Adam… C’était sûrement ça qui avait le plus révolté son meilleur ami. Vasco se demanda sérieusement ce qui clochait, avec lui, pour qu’il réussisse ainsi à détruire les relations sans lesquelles il ne pourrait vivre. Il avait sûrement un grave problème.

      Vasco coupa l’eau, soupira. Il rouvrit un œil, posant la paume de sa main contre celui qui était aveugle pour le garder fermer. Il ne pouvait supporter l’idée d’avoir l’œil ouvert sans rien y voir. Attrapant une serviette, il entreprit de se sécher, enfilant son bandeau au plus vite. Puis, une fois ses cheveux vaguement séchés, il posa au hasard ses yeux sur la glace : il avait, il n’y a pas si longtemps, un bleu sur la joue. Une marque que lui avait laissée Oz, parmi tant d’autre. Mais en baissant les yeux, il pu le constater aisément : ni son torse, ni ses bras, ni même ses jambes n’avaient encore des marques des coups qu’avaient pu lui infliger Oz. Même si Vasco n’appréciait pas fondamentalement de se faire taper dessus à longueur de temps et pour rien du tout, il sentit une peine terrible s’emparer de lui alors qu’il faisait ce triste constat. Car cela voulait dire qu’Oz n’était plus auprès de lui, tout simplement, que le gosse de riche ne l’avait plus approché depuis trop longtemps. La peur le gagna, une fois de plus : et s’il ne revenait jamais ? Et si la blessure que lui avait infligé le blond était si terrible qu’il avait décidé de ne plus le voir ? Et si il s’était tout simplement lassé de le voir, lui, cet imbécile de blond qui passait son temps à le taquiner ? Comme il était de plus en plus régulièrement pris par cette terreur, Vasco se décida : il enfila rapidement ses vêtements, un vieux jeans foncé et un pull au col en V émeraude, afin de partir immédiatement dans la chambre d’Oz. S’il ne s’y trouvait pas, il fouillerait toute l’auberge puis toute la ville à sa recherche, même si cela devait lui prendre des heures. Il en avait assez d’avoir peur, il en avait assez d’attendre. Il ouvrit donc la porte de la salle de bain qu’il n’avait pas verrouillée.

      La surprise l’empêcha d’abord de faire quoi que ce soit. Mais rapidement, elle fit place à un étrange mélange de joie et de peine. Oz ! Il était là, dans son lit ! Il était de retour auprès de lui ! Mais en même temps, il lui trouvait l’air si mal qu’il ne pouvait vraiment apprécier cette vision. Sans un mot, il s’approcha, doucement, comme s’il avait peur qu’Oz finisse par réagir s’il allait trop vite. Avec mille précautions, comme si son meilleur ami était une bête sauvage qu’il ne fallait pas brusquer, il finit par poser sa main, doucement, sur la main qu’Oz avait tendue vers le mur : il la retira tout aussi vite, comme s’il s’était brûlé. Ce fut d’un ton à la fois choqué et mortellement inquiet que Vasco s’exprima alors, comme s’il n’y avait pas eu ce trop long silence entre eux, comme si Oz ne s’était jamais employé à l’éviter, comme s’il n’avait jamais fait cette annonce qui avait menacé de tout détruire, comme si tout allait bien. Parce que leurs retrouvailles se passaient toujours ainsi, comme si de rien n’était.

      « Oz ! Tu es glacé ! »

      Alors Vasco eu l’attitude la plus logique qui fut. Il courut d’un côté de la pièce pour récupérer dans l’armoire un de ses pulls, le plus épais qu’il avait. L’instant d’après, il était sur Oz. Et avant que celui-ci n’ait le temps de protester ou quoi que ce soit d’autre, Vasco s’était déjà glissé dans le lit à son tour pour se coller dans le dos d’Oz, tirant la couverture sur eux pour la remonter jusqu’au menton d’Oz, le bras fermement serré contre le torse de ce dernier, histoire de le forcer à la fois à garder la couverture et pour le retenir là. Vasco se foutait à vrai dire de ce qu’il s’était passé, de ce qu’avait bien pu faire Oz, de ce qui l’avait décidé à revenir et de ce qu’il comptait faire : tout ce qui importait pour le décoloré, c’était de réchauffer son ami, que celui-ci ne tombe pas malade et qu’il aille mieux. A la fois dans son corps et dans sa tête, dans son cœur. Car Vasco n’ignorait pas le froid qui pouvait régner dans le cœur d’Oz quand celui-ci se sentait trop blessé. Il avait mainte fois fait les frais d’une telle glaciation. Et il avait toujours tout fait pour faire fondre cette glace qui emprisonnait parfois le cœur de son ami.
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    Message  Oz Roland Lun 25 Juil 2011 - 2:07

      Il avait entendu l'eau se couper, le bruit monotone, apaisant et quelque peu étouffé par l'épaisseur du mur s'interrompre. Oz en avait rouvert les yeux un instant, le bout des doigts encore collé sur le mur. Un instant, l'hésitation avait à nouveau pris possession de son corps alors qu'il songeait à l'option qu'il lui restait encore. Oui, il pouvait toujours se lever, reprendre ses affaires et s'en aller au pas de course comme s'il avait le diable à ses trousses, pour ne pas se faire rattraper par cet instant de faiblesse qu'il avait eu. Il le savait, il ne lui restait plus beaucoup de temps. Il le savait, cette porte de sortie ne resterait pas éternellement ouverte, ni même encore longtemps. Il pouvait déjà la voir commencer à se refermer, ne laissant qu'un entrebâillement de libre, suffisant large pour pouvoir s'y glisser. Oui, il pouvait encore revenir en arrière. Il le pouvait encore, il n'avait plus beaucoup de temps, il ne savait pas ce qu'il voulait, ce qu'il cherchait, et l'hésitation paralysait son corps, lui faisait fixer ce mur sans le voir et sans arriver à trancher. Pourquoi son corps ne bougeait-il pas ? Était-ce le froid, l'hésitation ou parce qu'il avait pris la décision tout seul ? Il ne savait pas. Et il ne bougea pas. Alors il se contenta de refermer les yeux, doucement, l'hésitation encore au fond de l'âme mais bridée par cette sensation d'être certain d'être arrivé trop tard ou en l'occurrence ici, de ne pas avoir pu se résoudre à s'en aller lorsque la chose était encore possible. Il ferma les yeux et sentit son corps se détendre, ses épaules retrouver une calme immobilité, le froid s'adoucir sans pour autant encore disparaître. Il aurait aimé pouvoir s'endormir, là tout de suite. En une fraction de seconde. Et se réveiller dans un endroit où tout irait bien, un endroit où il ne serait qu'un adolescent de dix-huit ans normal, un type sans problèmes, un gosse à qui tout réussirait toujours, un gosse avec une mère et sans culpabilité, un gosse qui ne passerait pas son temps à avoir peur, à faire du mal aux seules personnes qui comptent ou à toujours blesser le premier de peur de se faire blesser. Juste un endroit où il ne serait pas Oswald Roland.

      Il entendit la porte de la salle de bains s'ouvrir et ce fut fini, il sut à l'instant même que tout porte de sortie était désormais close. Il était trop tard pour fuir. Il avait fui pendant plus d'une semaine et il comptait à dire vrai continuer dans la même optique mais là, là tout de suite, là à cet instant, là par cette journée d'hiver, il avait eu un moment d'égarement, un moment de faiblesse, et il était là, là dans cette chambre, là dans sa chambre, là dans son lit à sentir son cœur s'apaiser rien qu'en sentant son odeur, comme s'il n'était qu'un chat qui aurait déserté la maison de son maître pendant une longue période et qui aurait fini par revenir. Est-ce qu'il était comme ça ? Est-ce qu'il était destiné à toujours, toujours revenir vers Vasco malgré tout ? Dans sa tête, il aimait se dire que non. Il aimait se dire que c'était lui qui choisissait, lui qui choisissait toujours, lui qui pourrait tout à fait décider de ne plus revenir. Mais au fond, quelque part ailleurs, quelque part dans le cœur ou quelque part dans l'âme, il savait pertinemment qu'il reviendrait. Juste parce qu'il ne pourrait tout simplement pas supporter le fait de ne plus jamais revenir. Il entretenait donc cet entre-deux, cet éloignement qui n'était pas un départ, le poussant toujours un peu plus pour qu'il fasse mal, pour qu'il fasse douter, pour qu'il fasse s'interroger. Juste parce qu'il était Oz, et qu'il ne savait jamais réagir normalement. Mais là, cet éloignement allait voler en éclats. Ou tout du moins, tout serait à recommencer à cause de ce foutu instant de faiblesse qu'il avait eu, ou plutôt qu'il était en train d'avoir, là, alors qu'il se faisait la réflexion que quoi qu'il puisse penser, quoi qu'il puisse douter et combien il pouvait se sentir blessé, Vasco lui avait manqué.

      Un instant, Oz songea à faire semblant de dormir. Comme ça, il n'y aurait aucune question, il n'y aurait aucune parole échangée, il n'y aurait absolument rien. Sauf que non. Il savait très bien qu'il n'y aurait pas 'rien' et c'était probablement en sachant cela dans le fond qu'il était venu dans cette chambre, venu chercher inconsciemment auprès de Vasco ce qu'il fallait d'assurance ou tout du moins un peu de chaleur. Parce qu'il avait froid, aussi bien dans le corps que dans le cœur. Et le froid, glacial, mordant, pouvait brûler. Ce fut la réflexion fugace qu'il se fit en soulevant les paupières, posant les yeux sur cette main qui se colla sur la sienne tout doucement avant de soudainement s'enlever, de ce mouvement brusque que l'on avait en touchant quelque de particulièrement chaud ou en l'occurrence ici, de particulièrement froid. Les mots que prononcèrent Vasco furent de circonstance, emprunt de ce naturel spontané des situations foncièrement normales. Comme si absolument rien ne s'était passé. Comme toujours. Le brun ne bougea pas d'un pouce, ne réagissant même pas, ne répondant même pas, se contentant de garder un regard vague fixé sur le mur à quelques centimètres de son visage. Il était glacé, d'accord. Et alors ? Ce n'était pas important. Ce n'était absolument pas important comparé à tout le reste. La tension reprit possession de ses épaules lorsqu'il sentit Vasco tomber sur le lit et son corps se raidit quelque peu en le sentant se coller dans son dos. Non. Comment fuir, maintenant ? Prenant appui sur une épaule, Oz tenta pendant une ou deux secondes de se coller davantage contre le mur, histoire de s'éloigner sensiblement de Vasco et se redresser dans la foulée pour réparer ce qui était probablement, à ses yeux, une erreur. Sauf que le bras du blond emprisonna son torse et que la couverture fut vite rabattue sur eux, lui couvrant agréablement le corps jusqu'au menton.

      All my agony fades away
      when you hold me in your embrace.
      Oz se figea finalement, le corps un peu raide mais se détendant imperceptiblement. Le bout de ses doigts qui avaient quitté le mur y revinrent presque distraitement et il ferma à nouveau les yeux, un court instant cette fois, pour uniquement profiter de cette chaleur corporelle qui lui arracha un frisson au même titre que celui qui avait agité son corps lorsqu'il était entré dans l'auberge. Maintenant que Vasco était là, maintenant qu'il était tout près, son odeur était encore plus présente. Et elle se mêlait à l'odeur de son éternel shampoing au miel, celui qu'il s'entêtait à utiliser toujours sous la douche, celui qu'Oz aimait bien. Sentir cette odeur le détendit encore un peu plus. Pendant une seconde. Le temps qu'il se rende soudain que Vasco était là, qu'il était effectivement là, et qu'il était tout près. Qu'il était tout près alors qu'il s'était efforcé de le tenir éloigné pendant des jours entiers, des jours qui équivalaient à des semaines lorsque l'on savait qu'il ne s'en passait plus un sans qu'ils ne se voient depuis plus de deux ans maintenant, le temps que leur relation devienne petit-à-petit ce qu'elle était aujourd'hui. Sans réfléchir, rouvrant les yeux et gardant les doigts contre le mur, Oz prit la parole d'une voix calme et presque posée alors qu'il énonçait tout simplement ce qui lui apparut sur le coup comme une évidence, sans même réellement savoir pourquoi.

      - Tu ne devrais pas faire ça.

      Tu ne devrais pas quoi ? T'inquiéter pour moi ? T'occuper de moi ? Te soucier de moi ? Me donner cette impression que je compte, que ce que tu disais au port l'autre jour était sincère ? Me rassurer comme ça ? Me rassurer, puis peut-être plus tard me coller à nouveau une claque phénoménale en pleine figure ? T'amuser avec des sentiments que je ne contrôle pas, des putains de trucs que je ne veux pas ressentir ? Jouer au yoyo sans même t'en rendre compte, me propulsant un coup en hauteur et l'autre tout en bas, sans pour autant jamais se résoudre à lâcher totalement ? Ou me pousser sans le savoir à m'attacher invariablement de plus en plus ?

      Il ne le savait pas lui-même.
      Il ne savait rien.

      Il laissa échapper un soupir las et vaguement agacé de ses lèvres, ferma les yeux à nouveau une seconde, garda le silence un court instant, puis enchaîna avec une injonction qu'il avait bien trop souvent l'habitude de donner, de cette voix subtilement et naturellement autoritaire qui était la sienne :

      - Recule-toi.

      Qu'il puisse retourner en arrière.
      Qu'il puisse se réfugier à nouveau dans la colère et la rancœur au lieu de faire face.
      Que je puisse fuir.
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    Vasco Fair
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    Message  Vasco Fair Lun 25 Juil 2011 - 22:53

      Cela faisait tellement longtemps que Vasco ne s’était plus retrouvé collé à son meilleur ami… Ou peut-être pas tant, mais en tous cas, c’était l’impression qu’il avait. Plus d’une semaine, et si cela pouvait sembler ridiculement court pour tous ceux qui avaient connus la douleur d’être séparés bien plus longtemps des gens qu’ils aimaient, c’était déjà bien trop pour Vasco. Il avait trop l’habitude de le voir, et le chérissait malgré toutes les difficultés qu’il lui imposait. C’était un réel et puissant soulagement de se retrouver alors collé à lui dans cette étreinte, pouvant perdre son visage dans le dos ou les cheveux de son si cher ami s’il le désirait. Et même s’il le froid qui s’était emparé d’Oz lui donnait des frissons, qu’il tentait de contenir tant bien que mal afin de ne pas inquiéter un jeune homme qui essaierait sans succès de dissimuler le fait que cela lui causait du souci, il n’aurait échangé cette place pour rien au monde, ravi de pouvoir transmettre sa chaleur à son meilleur ami. A vrai dire, il était capable de tout donner à Oz, absolument tout : son lit, sa chambre, son argent, ses vêtements comprenant cette veste en cuir qu’il adorait, ses quelques livres, même ses instruments de musique… Jusqu’à son bonheur et sa vie s’il le fallait, si cela pouvait sauver Oz qui semblait être attaché au malheur, destiné à se condamné lui-même pour Vasco ne savait quelle obscure raison. Alors là, transmettre sa chaleur à cet être qu’il aimait tant et qu’il sentait glacé, c’était le minimum qu’il pouvait faire. Il crevait d’envie de l’aider, mais il ne savait pas comment faire. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il ne le laisserait pas tomber, jamais : et qu’à cet instant, il resterait là, même s’il avait parfaitement senti Oz se raidir et essayer, alors que l’artiste se collait à lui, de s’écarter suffisamment pour ne pas avoir le moindre contact avec le jeune homme. Oui, Oz ne voulait peut-être pas, finalement, de lui : mais Vasco ne cèderait pas, pas maintenant. Même s’il devait montrer son amour, sinon avec violence, avec une fermeté qu’Oz lui connaissait bien et qui le frustrait très souvent, une fermeté implacable contre lequel le gosse de riche ne parvenait pas à lutter – et s’il tentait, il échouait. Systématiquement.

      C’est peut-être en connaissance de cet acharnement que mettait Vasco à le retenir quand bien même il ne le voulait pas qu’Oz n’essaya pas vraiment de se décoller de lui. Vasco espérait que c’était tout simplement parce qu’il était bien, dans ses bras : mais il ne savait pas vraiment si cette idée n’était qu’une chimère vague et lointaine produite par un esprit trop naïf ou si elle correspondait à la plus exacte vérité. Non il ne savait pas et à vrai dire, il n’avait pas vraiment envie de savoir : si c’était bêtise, il préférait y rester enfoncé. Il n’avait pas envie d’être confronté à une cruelle réalité qui le laisserait démuni, une réalité selon laquelle il ne faisait qu’imaginer l’importance qu’il avait pour Oz, une réalité où Oz ne voulait pas de lui et où il s’était toujours imaginé leur grande amitié. Leur si particulière amitié. Il prit la parole, cependant. Vasco ne devrait pas. Mais qu’est ce qu’il ne devrait pas faire ? Le garder auprès de lui ? Il était inenvisageable de l’abandonner dans la nature, de le laisser se perdre dans un monde trop hostile, de se séparer de lui tout simplement, il l’aimait bien trop pour ça. S’inquiéter de son état ? Encore une fois, il l’aimait tant qu’il ne pouvait ne serait-ce que penser à ne pas s’inquiéter. C’était plus fort que lui. Se placer là, tout contre lui, pour le réchauffer, le rassurer, prendre soin de cet être qui se donnait des airs durs mais qui était au fond si fragile ? C’était idiot. C’était idiot de lui dire cela, en ce cas : car en venant ici, nul doute qu’Oz savait pertinemment comment réagirait Vasco, à le sentir si froid au fond de son lit. Il devait le savoir, que si lui revenait toujours, Vasco l’accueillait systématiquement à bras ouverts, qu’il ne lui posait aucune question, n’exigeait aucune excuse, ne lui faisait aucun reproche. Il était là, toujours : peu importe le moment, peu importe les circonstances, le musicien était toujours à la disposition du brun. Et si c’était indéniablement mauvais pour leur relation dans le sens où cela entretenait la possessivité malsaine d’Oz à l’égard de Vasco, cela en demeurait un élément essentiel.

      Vasco ne put s’empêcher de sourire en entendant Oz lui exiger de s’écarter. Non un sourire heureux, simplement un sourire sombrement amusé, le sourire ironique de celui qui se retrouve dans une situation qui n’a rien de drôle mais à laquelle il trouve tout de même quelques aspects cocasses. Oz n’était sûrement pas venu dans la chambre de Vasco pour y dormir tranquillement en pensant que le jeune homme n’allait pas immédiatement lui sauter dessus : d’ailleurs, il devait pertinemment savoir que Vasco était là puisque, Vasco en avait fait l’expérience alors qu’Oz s’emparait de sa douche, on entendait très distinctement le bruit de l’eau de l’autre côté de la porte. Et le gosse de riche, maintenant, lui demandait de reculer. Le blond avait tellement l’habitude des indécisions d’Oz qu’au fond, cela ne le surprit même pas vraiment : et il savait parfaitement de quelle genre était cet ordre. C’était l’un de ceux qu’il devait impérativement contredire. Parfois, il ne le comprenait pas : mais là, alors qu’ils étaient tous les deux l’un contre l’autre, ça crevait les yeux. Oz ne serait jamais venu si c’était pour l’agresser, l’insulter : il ne se serait pas allongé dans son lit si c’était pour couper les ponts entre eux. Reculer, obéir, serait alors une terrible erreur. Parfois, le borgne était capable de montrer trop d’entêtement pour le gosse de riche. Et si cela ne plaisait que rarement à ce dernier, c’était la plupart du temps nécessaire au bien de tous. C’est pourquoi Vasco ne dit alors pas un mot, sa contestation ne se ressentant que dans l’étreinte plus forte qu’il offrait à Oz. Il n’avait pas besoin de parler pour qu’Oz comprenne que non, il ne le lâcherait pas. Au propre comme au figuré. Et comme pour insister encore sur cette idée, il colla ses lèvres chaudes contre la peau encore trop froide d’Oz, sous son oreille, en un tendre baiser qui fit ensuite des petits. Et puis ce fut un murmure, délicat, exprimant tout de même une petite douleur, incomparable à celle qui était née auparavant de ce fait.

      « Tu m’as manqué. Terriblement. »

      Oh oui, Oz lui avait bien trop manqué. C’était une véritable torture de le voir s’éloigner de lui, de ne pas savoir s’il reviendrait un jour. Il refusait ainsi de le laisser tomber. En l’embrassant ainsi, délicatement, glissant parfois sur la joue du jeune homme, appuyé sur un coude tout en gardant son torse collé au dos d’Oz du mieux qu’il pouvait, Vasco aperçu l’éraflure et le bleu qu’affichaient Oz, sur ce visage qu’il ne supportait pas de voir abimé. Un froncement de sourcil fut alors visible chez le blond. Et le murmure reprit, entre deux baisers.

      « Qu’est ce que tu as fait ? »

      Ce n’était pas un reproche mais une question inquiète, dont le double sens que Vasco ne voyait pourtant pas crevait les yeux. Qu’est ce que tu as fait pour abimer ton visage, toi qui fait pourtant tout pour ne jamais gâcher ta belle gueule, toi qui veut être le maître des apparences et qui prétend te trouver si beau que c’est un honneur pour les autres de voir ton auguste personne ? Tu t’es battu ? Contre qui ? Et pourquoi ? Surtout, pourquoi ? Mais aussi, qu’est ce que tu as fait, pourquoi m’as-tu évité tout ce temps ? Sais-tu comme ça m’a blessé ? Toutes ses questions se mêlaient dans l’esprit de Vasco, sans qu’il n’ose en poser ne serait-ce qu’une : l’important était pour lui de sauver son meilleur ami à la dérive, l’ancrant à lui-même même si cela signifiait être entrainé dans sa chute. Le blond ne voulait pas laisser le brun seul, jamais. Tout, sauf le laisser tomber.
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    Message  Oz Roland Mar 26 Juil 2011 - 2:37

      Naturellement, Vasco fit acte de désobéissance. L'injonction resta suspendit dans l'air, sans écho, sans réponse, simple parole de trop que l'on avait choisi d'ignorer. En vérité, Oz n'était pas étonné. Non, ce qui l'aurait plutôt étonné, ce serait le contraire. Il y avait des fois où le musicien lui obéissait sans discuter, sans même ciller, endossant presque avec joie ce rôle de valet ou d'esclave que le maître improvisé lui donnait bien trop souvent. Et puis il y avait aussi toutes ces fois où il refusait d'obéir, mais où il ne refusait d'obéir que pour mieux pouvoir s'accrocher à l'autre, faisant bien souvent preuve d'une obstination et d'une fermeté qu'on ne lui soupçonnerait pas de prime abord. Oz connaissait ces facettes de Vasco, il connaissait toutes les facettes de son être, et il avait quelque part en lui déjà prévu que cet ordre-ci rejoindrait le rang de ceux qui n'avaient pas été respectés. Une réponse, claire et silencieuse, lui fut tout de même offerte alors qu'il sentait Vasco le serrer un peu plus contre lui, son bras n'ayant pas quitté le torse de son ami. Oz retint un soupir, se contentant de se borner à fixer le mur devant lui, sans lever les yeux sur le blond qui sentait encore le shampoing derrière lui Il ne pouvait nier que cette proximité physique lui faisait du bien. De un, parce qu'il avait froid, indubitablement froid. Et de deux, parce que c'était Vasco. Parce que rares, très rares, pour ne pas dire quasi-inexistantes, étaient les personnes pouvant se permettre un tel comportement vis-à-vis d'Oswald Roland sans que celui-ci ne fasse tout pour les détruire. Parce que Vasco avait droit à ça, parce qu'il s'était octroyé ce droit avec les années, et parce que Vasco lui manquait, tout simplement. Il faillit sursauter en sentant les lèvres de ce dernier se poser avec son éternelle délicatesse sur sa peau, sous son oreille, lui arrachant finalement un nouveau frisson alors que la chaleur du geste contribuait à chasser pas à pas le froid qui lui engourdissait le corps, mais qui contribuait également à faire fondre petit-à-petit la couche indicible de glace qui lui emprisonnait le cœur. Il y avait bien une chose qui l'avait d'abord surpris chez le blond mais qu'il avait ensuite rapidement appris à avoir besoin, c'était ces éternels gestes tendres qu'il avait pris l'habitude de recevoir de sa part, les baisers, les caresses, les effleurements, les étreintes, toutes ces choses qui, loin de faire d'eux un couple comme un œil extérieur serait tenté de le croire, n'appartenaient qu'à eux, à eux et à leur amitié si spéciale, cette amitié qui était bien plus que ça et qui était dépendance. Ces gestes qui, là encore, lui avaient manqué.

      Oswald ferma les yeux, la tension de ses épaules se relâchant imperceptiblement, petit-à-petit, un peu plus à chaque effleurement de lèvres sous son oreille, se concentrant uniquement pendant quelques courtes secondes sur cette chaleur agréable et ciblée, sentant la fatigue présente dans son corps sans l'avoir vraiment remarquée avant. Fermer les yeux, laisser Vasco l'étreindre, l'embrasser, le réchauffer, et s'endormir. Ce serait tellement facile, tellement simple... Tellement apaisant. Mais Oz n'était jamais totalement tranquille à l'idée d'abandonner, à l'idée de se relâcher, de capituler, même face à une chose aussi agréable et apaisante que celle-ci. Il avait encore le doute dans le cœur, la perdition dans l'âme, les interrogations et les contradictions dans la tête, et pendant que son corps lui hurlait de rester ici, son esprit lui sommait de partir. Il rouvrit les yeux en sentant le souffle de Vasco chatouiller son oreille et son murmure se faire suffisamment audible, ce murmure qu'il adorait incommensurablement et qui le faisait bien trop souvent, à ses yeux, flancher. Il lui avait manqué ? Étrangement, ces quelques mots raidirent insensiblement le corps d'Oz alors qu'il bougeait un peu la tête, dans un geste infime, comme s'il aurait voulu échapper aux baisers sur sa peau sans y mettre cependant la force nécessaire, et qu'un froncement de sourcils aussi léger que le reste venait rembrunir son visage. Il ouvrit la bouche, prêt à répliquer, la contradiction toujours aussi forte et l'habitude d'attaquer avant de l'être toujours aussi présente dans son être. Parce que tu crois que je suis revenu ? Il se retint cependant, sans savoir pourquoi, hésitant et se ravisant finalement. Tu crois vraiment que je suis revenu ? C'était idiot. De toute évidence, il l'était, revenu. Poser cette question à voix haute aurait eu une consonance grotesque, celle de l'enfant qui refuse de mettre des mots clairs sur ce qu'il est pourtant en train de faire, invariablement. Idiot. C'était idiot. Ou tout du moins, ce n'était pas encore assez clair pour qu'Oz puisse se prononcer maintenant – ou même peut-être jamais.

      Il conserva donc le silence, se détendant à nouveau comme un ballon qui se dégonfle en douceur, gardant les prunelles rivées sur le mur et n'offrant aucune résistance face aux baisers qui continuaient de courir sous son oreille et sur sa joue. Et puis ça s'interrompit un instant, avant de reprendre. Encore un murmure, et cette fois une question. Oz eut un nouveau léger froncement de sourcils, fugace, alors qu'il réfléchissait à la dite question. Ce qu'il avait fait ? Ce qu'il avait fait pour avoir ce bleu sur le visage, lui qui ne supportait pourtant pas avoir de marques à cet endroit pour conserver ce masque de soit-disant impassibilité qui était le sien ? Ou ce qu'il avait fait pour priver Vasco pendant des jours entiers de sa présence ? Le gosse de riche eut un geste lent, décollant le bout de ses doigts du mur pour effleurer ses lèvres machinalement, puis le bleu qui apparaissait sous son œil. Ce qu'il avait fait ? Il s'était battu. Laissant un soupir s'échapper de ses lèvres et sa main retomber sur le matelas, il répondit par une autre question, proférée sur un ton presque las, égal :

      - Quelle importance ?

      Ce n'était pas seulement qu'il s'était battu. C'était surtout qu'il avait cherché. Qu'il avait cherché à provoquer, qu'il avait cherché cette bagarre,, qu'il avait cherché à la faire éclater pour pouvoir jouer de ses poings, stopper toute pensée, balancer des coups et en recevoir. Ce n'était pas que se battre. C'était chercher quelque chose. Marquant un silence, Oz laissa son regard se perdre dans le vague quelque part sur le mur tout près. Puis ce ne fut finalement qu'un souffle, presque pensif.

      - Je voulais avoir mal.

      En se battant, oui, il voulait avoir mal. Un mal physique, qui le détournerait du mal mental. Parce que c'était beaucoup plus simple comme cela, un nombre incalculable de fois plus simple. Se défouler, s'extérioriser, s'occuper et se détourner du problème, c'était tout ce dont il avait besoin – ou croyait avoir besoin. Quant-à l'éloignement, cependant... c'était différent. En s'éloignant, il avait fui. En s'éloignant, il avait esquivé le problème. En s'éloignant, il avait clairement partagé ses sentiments. En s'éloignant, il avait clairement montré sa rancœur. En s'éloignant, il avait puni.

      Là, je voulais te faire mal.

      À nouveau silencieux, Oz resta totalement immobile quelques secondes supplémentaires avant de basculer quelque peu du côté, un peu plus contre Vasco, pour pouvoir lever les yeux sur lui sans trop avoir à tourner la tête. D'abord le pull vert, puis les épaules, les cheveux blonds encore mouillés, ce visage qu'il connaissait bien, cette expression inquiète, ce bandeau noir si familier, cet œil bleu et unique... Pourquoi est-ce qu'il était si faible ? Pourquoi avait-il cet instant de faiblesse, là alors qu'il l'avait fui pendant plus d'une semaine ? Pourquoi alors qu'il pouvait être d'une obstination parfois aussi forte que celle de Vasco ? Pourquoi alors qu'il lui en voulait encore pour l'épisode du port ? Pourquoi alors qu'il avait encore des doutes, une peur, une angoisse ?

      Vasco.
      Tu vas finir par te lasser.
      De moi.

      Sa main se leva presque d'elle-même pour effleurer le pull de Vasco puis son cou, du bout des doigts, comme il l'avait fait avec le mur, avant de passer sur sa mâchoire et sur sa joue. Il mourrait d'envie de l'embrasser à son tour. Juste pour s'assurer qu'il était bien là. Et faire comprendre que lui aussi était là. Il voulait continuer de fuir, il voulait continuer de faire la gueule, il voulait continuer d'en vouloir à Vasco, mais il voulait paradoxalement se rassurer et le rassurer par la même occasion. Paradoxe. Oz n'était qu'une équation insoluble, il l'avait toujours été et le serait probablement à jamais. Il ne savait pas ce qu'il voulait, il n'était même pas sûr de comment tout ça se terminerait, il ne savait même pas s'il allait rester dans les bras de Vasco ou finalement se rebiffer à nouveau comme un animal sauvage et instable, mais peut-être, peut-être qu'il pouvait bien s'accorder cette petite pause, là tout de suite.
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    Message  Vasco Fair Mer 27 Juil 2011 - 23:13

      Vasco avait senti la tension d’Oz, soudaine, à ses premiers mots. Comme s’il n’acceptait pas le fait que Vasco considère désormais qu’il était de nouveau près de lui. La peur saisit alors Vasco qui sentait qu’Oz essayait de se dérober, certes faiblement, à ses baisers : et s’il s’était trompé ? Non, c’était impossible : Oz connaissait trop le tempérament de son meilleur ami pour imaginer un seul instant qu’il le laisserait tranquillement ici, qu’il n’en profiterait pas pour l’amener de nouveau près de lui, alors même que le brun s’était aventuré en territoire ennemi. Il savait parfaitement le danger qu’il encourait alors. Il savait que Vasco n’hésiterait pas à lui sauter dessus dès lors qu’il l’aurait en vue, et cela ne l’avait pas empêché un seul instant de venir. Et même s’il s’était trompé et qu’Oz ne voulait pas le voir, pas vraiment, qu’il lui avait trop peu manqué, ça n’avait en réalité strictement aucune importance : il saurait le ramener à lui, comme toujours. Il saurait lui faire ouvrir les yeux et comprendre à quel point il était inutile de se faire tant de mal parce qu’il était blessé, à quel point de faire saigner à blanc à cause d’une éraflure était idiot. Même si cela devait lui prendre du temps et qu’il souffrirait dans la manœuvre, cela n’avait aucune importance : il était solide et avait toute sa vie devant lui. Oz ouvrit même la bouche, sûrement dans l’idée de protester d’une quelconque façon, de faire fonctionner cet esprit de contradiction si développé chez lui, peut-être pour ordonner de nouveau à Vasco de le libérer : dans tout les cas, il dû finir par se rendre compte d’à quel point cela serait inutile. Protester serait se confronter à un Vasco déterminé qui lui montrerait à quel point il se trompait en le contredisant, et un nouvel ordre de séparation serait tout aussi ignoré que le premier, Vasco refusant bien évidemment de lâcher son ami aussi facilement, l'artiste étant capable de montrer une obéissance à toute épreuve mais également une désobéissance effrontée qui, si elle irritait la plupart du temps le gosse de riche, était incontestablement nécessaire au bon déroulement de leur vie commune.

      C’est ainsi qu’Oz renonça donc à faire le moindre commentaire, sa parole tuée à sa naissance, n’ayant même pas laissé le temps à ne serait-ce qu’un son de franchir ses lèvres. Tout n’était que silence alors que le jeune homme se détendait dans l’étreinte du blond : le seul bruit audible était, éventuellement, celui des baisers que Vasco déposait sous l’oreille et sur la joue de son ami. Si l’on tendait bien l’oreille, on pouvait également entendre quelques bruits venant de l’auberge, en dessous, mais rien de bien fort : de manière générale, c’était le silence qui dominait cette pièce. Il faisait agréablement chaud, dans cette chambre : et le soulagement de Vasco était tel que, s’il avait supposée l’envie d’Oz de fermer les yeux et de dormir pour à la fois se dérober à la réalité mais aussi afin de profiter sans complexe de la présence indéniablement rassurante de son meilleur ami, il aurait presque adhéré à cette idée. Presque, car il aurait bien trop craint qu’Oz s’éclipse avant que le musicien ne fusse réveillé, comme un amant qui aurait peur de se faire prendre ou qui ne voudrait pas de lendemain à leur aventure. Oz en serait capable, oui : et au-delà même de cette crainte d’être abandonné, Vasco savait qu’il fallait impérativement éclaircir les choses, c'est-à-dire que le brun devait se décider entre continuer ou arrêter de lui faire la tête plus ou moins justement, avant de pouvoir de nouveau fondre dans son affection débordante et déconcertante pour le gosse de riche. C’était nécessaire, non seulement pour le bien de leur relation, mais aussi pour son bien propre : il aurait le plus grand mal à accepter d’être toléré à nouveau puis rejeté l’instant d’après. Il avait certes l’habitude du grand lunatisme de son meilleur ami : mais s’il était rodé et endurant, toute résistance avait ses limites. Et les limites de celles de Vasco arrivaient vite alors qu’il s’inquiétait tant pour son ami qui lui manquait tant, qui le rejetait trop ces derniers temps pour que les choses soient tout à fait normales. A vrai dire, il y arrivait avant de voir le jeune Roland réfugié dans son lit : à cet instant, toute la colère légère qui était née en lui à l’idée que le gosse de riche puisse l’avoir abandonné, las sans doute de ses excentricités, avait fondue en un instant. Seul comptait le fait qu’Oz était de nouveau près de lui.

      D’ailleurs, l’état de son meilleur ami lui brisait le cœur. Il avait plutôt l’habitude de le voir dur voire presque mauvais, agressif jusque dans ses manières et prêt à réagir de manière violente dès que le moindre détail lui déplaisait. Si les choses avaient été normales, Vasco le savait, jamais Oz ne lui aurait offert pareille réponse. Il l’aurait jeté avec un ricanement, lui demandant en quoi ça le regardait, il aurait joué au caïd avec des blessures pires qu’une éraflure et un bleu pour ne pas montrer ses faiblesses, se serait sûrement moqué de l’inquiétude de Vasco en faisant au passage une remarque désagréable soit sur sa gentillesse excessive, soit sur son passé qu’il connaissait en partie, soit encore sur son âge. Bref, il n’aurait jamais eu cette attitude. Présentement, Oz semblait juste… Fatigué. Terriblement fatigué. Et si le ton et l’attitude d’Oz furent un crève-cœur pour l’artiste, le sens de ses paroles le mena à une souffrance et une inquiétude pire encore. Il voulait avoir mal. Il voulait souffrir, comme pour étendre à son corps la blessure qu’il avait dans son âme. Il était si mal que son cœur ne supportait plus seul la douleur : comme s’il avait besoin de se faire du mal pour se débarrasser de ses plaies. Comme une occupation pour ne pas penser à ce qui le rongeait de l’intérieur : en y repensant, avant de connaitre vraiment Vasco, le gosse de riche passait les trois quarts de son temps à se battre. Même leur relation s’était établie sur une bagarre. C’était si triste que même le deuxième sens de la question de Vasco lui échappa complètement, incapable qu’il était parfois de se rendre bien compte de ce qu’il disait ou faisait, de l’impact que pouvait avoir certaines paroles.

      Oz se tourna vers lui, doucement, se retrouvant encore plus proche de ce fait. Vasco prit alors la terrible décision de retenir Oz quoi qu’il en coûte, de lui faire bien comprendre qu’il était là afin qu’il cesse une bonne fois pour toute de l’éviter : car si, pour le moment, Oz répondait plutôt positivement à son étreinte en se collant un peu plus à lui, l’artiste savait comme son ami était instable. Aussi, il pourrait tout aussi bien lui hurler de le lâcher deux secondes plus tard. Et il était tout à fait prêt à prendre ce risque, car il l’aimait suffisamment pour supporter son caractère abominable. Il conservait un air toujours aussi inquiet, stoppant ses baisers du fait de la main d’Oz qui l’effleurait. Les gestes affectifs provenant du plus jeunes des fils Roland étaient rares. Vasco en profitant en le sachant si bien. Et puis sentir l’affection d’Oz lui faisait un bien fou : il était donc bel et bien là, bel et bien de retour, il ne l’abandonnait pas. Et Vasco le sentait se réchauffer peu à peu… Au moins de l’extérieur, à force d’être collé à lui. De l’intérieur aussi, il en était sûr, son étreinte, ses baisers et ses paroles faisaient fondre la glace, doucement mais sûrement. Ce fut alors un murmure duquel l’inquiétude de l’être qui aimait à la folie débordait, qui restait emprunt de douleur.

      « Tu as encore mal, pas vrai ? »

      Vasco ne parlait pas des bagarres qu’Oz avait avouées avoir sciemment provoquées. Certes, il se doutait bien qu’appuyer sur ses bleus devait faire mal à Oz – il avait après tout une grande expérience des bleus en tous genre grâce à celui là même qui était dans ses bras. Et il imaginait comme l’alcool qu’il consommait en trop grande quantité devait brûler la lèvre d’Oz s’il n’y prenait pas garde. Mais ce n’était pas à cela qu’il faisait référence, non, bien qu’il donnait ainsi l’occasion à Oz de laisser croire que c’était le cas et de s’esquiver. Il parlait alors de l’incident au port, de la tempête qui avait éclaté et qui avait menacé très lourdement leur relation, provoquant ces jours de silences. Vasco connaissait la nature rancunière d’Oz : il n’oublierait pas si facilement cette discussion et la douleur qui en avait découlée ensuite, et il ne serait pas rassuré tant que Vasco resterait si amoureux d’Edryn. Doucement, il déposa un baiser sur le front d’Oz, avant de glisser délicatement pour pouvoir se placer front contre front avec le brun. Il lui adressa alors un très léger sourire, le fantôme de son inquiétude encore au fond de ses yeux mais sa main tendue alors pour l’aider. Le murmure suivant fut tout aussi doux, un peu amusé de cette plaisanterie complice.

      « … Tu veux un bisou magique ? »

      Cette histoire de bisou magique datait de leur toute première entrevue. Peu à peu, c’était devenue une plaisanterie courante entre eux, parfois pas si plaisanterie que cela… Comme en cet instant. Un baiser pour prouver son amour. Un baiser, pour tout oublier.
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    Message  Oz Roland Ven 29 Juil 2011 - 2:54

      Oz garda les yeux distraitement rivés sur sa main, celle qu'il faisait doucement courir sur le visage de Vasco pour lui effleurer la peau du bout des doigts. Son geste était léger, aérien, un peu gauche, juste la caresse spontanée et foncièrement inconsciente d'une personne qui n'a absolument pas l'habitude d'avoir des gestes doux envers qui que ce soit. Il replia les doigts sur la joue de Vasco et se contenta d'effleurer la tempe de ce dernier du dos de l'index, avant de finalement venir glisser une mèche de cheveux blonds derrière l'oreille du musicien, l'œil un peu vague, comme si ses pensées étaient occupées ailleurs alors qu'il avait envers Vasco ces esquisses de gestes emprunts d'une douceur qu'on ne lui connaissait que bien trop rarement. Il ne revint seulement planter ses yeux d'émeraude dans celui d'océan de son vis-à-vis que lorsque ce dernier prit à nouveau la parole à son tour, de ce même murmure bas et pourtant parfaitement audible qu'il avait déjà employé précédemment, l'inquiétude parfaitement perceptible dans les inflexions de sa voix basse. Et il ne bougea pas, ne réagit pas, gardant simplement une position immobile, la main encore derrière l'oreille de Vasco et les yeux baignant dans les siens, l'expression un peu étrange, un peu tendue. S'il avait encore mal ? Encore une fois, la question pouvait être prise sous plusieurs sens. La douleur sourde pulsait encore sur les surfaces de son corps qui avaient été atteintes par les coups de tel ou tel type provoqué au hasard dans la rie, oui, comme notamment celui qui lui avait laissé cette trace sur le flan, même si la douleur se faisait de plus en plus ténue à force. Il savait que s'il touchait un peu trop au bleu sous son œil ou à sa lèvre éraflée, il aurait mal également. Mais à vrai dire, il savait pertinemment que là n'était pas du tout la question. Presque inconsciemment, il arracha son regard de celui de Vasco et dévia les yeux du côté, les sourcils se fronçant insensiblement à nouveau.

      S'il avait encore mal ?
      Bien sûr que oui.

      Il garda cependant la bouche close, le regard allant se perdre sur un point qu'il ne voyait même pas. L'épisode du port était encore bien ancré dans sa mémoire, comme s'il avait été écrit à l'encre indélébile ou comme s'il s'était déroulé la veille – ce qui dans un cas comme dans l'autre n'était pas si loin de la vérité, vu qu'il se souviendrait à jamais de cet épisode et que cela s'était en vérité passé il y avait de ça un peu plus d'une semaine. Neuf jours, exactement. Deux-cent-seize heures. Douze-mille neuf-cent-soixante minutes. Douze-mille neuf-cent-soixante minutes et probablement quelques dizaines de plus encore s'étaient écoulées depuis cette affreuse gifle à l'âme au port, douze-mille neuf-cent-soixante minutes de doutes, douze-mille neuf-cent-soixante de mal-être, de rancœur, de colère, d'angoisse, de douleur. S'il avait encore mal ? Bien entendu, et Vasco lui-même le savait certainement en vue de la manière dont il avait tourné la question. Il avait affreusement mal depuis neuf jours, il avait mal depuis l'année de ses treize ans, il avait mal depuis sa naissance. Alors s'il avait encore mal ? Quelle question. Fermant les paupières une seconde, sourcils toujours légèrement froncés, Oz attendit un court instant puis retira sans brusquerie sa main du visage de Vasco pour la reposer sans bruit sur le matelas de son côté, le geste lent et presque distrait, les yeux finissant par revenir se poser sur le visage qu'il venait juste de caresser, l'air assez las.

      - À ton avis ?

      Pure question rhétorique, une simple question en guise de réponse qui n'attendait même pas elle-même de réponse. Oz s'était exprimé à voix basse également, un peu plus haute que le murmure profond de Vasco cependant, le ton désespérément égal qui ne reflétait en rien la tempête qui continuait de sévir à l'intérieur de lui. Il détourna ensuite à nouveau les yeux du côté, n'arrivant pas à soutenir le regard du blond plus longtemps, pas maintenant, puis prit une inspiration qui se voulait profonde mais qui fut finalement interrompue par un nouveau baiser de Vasco, cette fois sur son front, et par la proximité encore plus appuyée que celui-ci lui imposa en venant justement poser son front contre le sien, dans un geste qui leur était familier à tous deux mais qui ne l'avait plus été depuis longtemps – longtemps pour eux. Oz en retint presque sa respiration et garda les yeux baissés un instant, à nouveau déchiré par ses contradictions naturelles, partagé entre la détente rassurée et le désir de fuite que provoquait ce rapprochement qui lui avait manqué et qui lui rappelait irrémédiablement en parallèle les raisons pour lequel il s'était éloigné. Il n'eut cependant pas le temps de trancher entre les deux car il finit par relever les yeux sur le visage proche de Vasco, captant ce sourire léger mais présent qui naquit sur les lèvres de ce dernier, presque rassurant, habituel, léger, beau, juste vasconien, et haussa légèrement les sourcils face à la question suivante et soudaine. Pendant une seconde, rien qu'une seconde, Oz sentit l'exaspération tellement habituelle chez lui refaire surface. Un bisou magique ? Est-ce que c'était lui ou Vasco était toujours obliger de déconner à tout bout de champ, même dans les situations les plus sérieuses ? Puis aussi vite qu'elle était apparue, l'exaspération disparut au profit de quelque chose de plus pensif, de plus hésitant, de plus détendu, alors que le gosse de riche regardait son vis-à-vis dans les yeux. Un bisou magique. C'était leur truc à eux, ça. C'était la déconnade de Vasco, une de ses marques de fabrique, la toute première qui avait fait surface le jour même de leur rencontre, celle qui lui avait fait tellement de fois frôler la mort ou presque jusqu'à ce qu'Oz finisse par s'y faire et mieux, y prendre goût jusqu'à s'insurger parfois lorsque Vasco ne lui proposait pas la chose aux moments opportuns. Un baiser, juste parce qu'entre eux, les mots ne suffisaient pas ou étaient parfaitement inutiles selon les cas. Un baiser, parce que c'était une chose qui faisait partie intégrante de leur amitié si atypique et compliquée. Un baiser, parce qu'Oz en avait juste terriblement besoin pour peut-être commencer à comprendre ou ne serait-ce que croire pendant un instant que l'annonce de Vasco au port ne changerait pas tout entre eux.

      Silence. Un silence qui s'étire un peu, alors qu'Oz hésite, qu'il le regarde, qu'il baisse insensiblement les yeux, qu'il reste pensif, qu'il espère, qu'il doute.

      - Ouais.

      Sa voix ne fut qu'un souffle, tellement bas qu'il douta lui-même que ce fut suffisamment audible. Il regarda à nouveau Vasco, ne chercha pas à décoller son front du sien, profita de sentir son corps se réchauffer peu à peu puis répondit à nouveau, après une dernière et éternelle hésitation, un peu plus fort pour être sûr, la voix cependant toujours basse :

      - Ouais, j'aimerais bien.

      Parce qu'il en avait besoin.
      Parce qu'il avait besoin de retrouver une assurance, une habitude, quelque chose d'inchangé, une sérénité plus ou moins stable. Quelque chose en quoi croire.
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    Message  Vasco Fair Mer 3 Aoû 2011 - 23:06

      Vasco n’était pas sûr de savoir comment réagirait Oz en entendant sa proposition. Il pouvait, comme le suggérait le léger froncement de sourcils vaguement contrarié qui naquit suite à la question de son ami, être parfaitement exaspéré de ce qu’il pouvait considérer comme une plaisanterie idiote dans un moment aussi grave : Vasco avait toujours su dédramatiser des situations, fusse par des moyens aussi idiots que cette histoire de bisou magique. Et parfois, il faisait l’erreur de vouloir dédramatiser une situation alors qu’il fallait plutôt s’attaquer au nœud du problème, s’attirant alors les foudres du gosse de riche qui était capable de lui en vouloir terriblement et des jours durant pour ce qui était pourtant seulement une mince erreur de parcours d’un homme qui ne souhaitait que l’harmonie. Et pourtant… Vasco savait qu’il devait être parfait s’il ne voulait pas être confronté au courroux Ozien, chose qui lui était malheureusement cruellement impossible du fait de son humanité : il ne pouvait décemment prévoir tous les changements d’humeurs du brun, bien que cela lui permettrait de s’adapter en conséquence et qu’il s’agirait d’un certain coup de pouce à la préservation de leur amitié. Ainsi, et malgré tous les efforts du blond pour les éviter, des disputes terribles éclataient bien souvent entre eux. Mais l’exaspération ne fut pas de mise : le vague signe de contrariété qui était apparu sur ce visage que Vasco connaissait bien disparu aussi vite qu’il était apparu, chassé par un air quelque peu pensif. Oz avait, sans doute, fini par comprendre le vrai sens de la question de l’artiste, ou plutôt la vraie raison qui l’avait poussé à la poser. Ce n’était pas pour détendre l’atmosphère d’une plaisanterie trop connue, ce n’était pas pour l’emmerder suffisamment pour qu’il oublie sa contrariété. Non, donnant son sens premier à cette histoire de bisou magique, c’était bien pour guérir Oz de ses blessures les plus profondes qu’il voulait lui offrir ce baiser. Si la proposition avait été faite sur un ton léger, le sérieux de ses mots était pourtant bien présent, dissimulé derrière la plaisanterie.

      Cependant, c’était à Oz de décider s’il voulait ou non accepter d’être soigné. Vasco ne pouvait pas le forcer, pas alors qu’il était plein de douces intentions à son égard, pas dans un moment aussi délicat. S’il l’avait forcé, cela aurait été terriblement déplacé dans cette situation : et ça n’aurait sûrement fait que blesser un peu plus la créature instable que pouvait être, parfois, son meilleur ami. Non, il devait agir avec une prudente douceur, tendre doucement sa main à celui qui pourrait aussi bien le mordre que la saisir. Et justement, Oz laissa échapper une réponse dans un souffle, un souffle si bas que Vasco n’était pas sûr de l’avoir bien compris, comme si parler à voix plus haute aurait brisé la magie de l’instant, ou comme s’il s’agissait d’un effort trop grand pour l’âme brisée qu’était Oz. Avait-il dit oui ? Heureusement pour Vasco qui hésitait, de crainte d’avoir mal compris la réponse d’Oz, ce dernier décida de répéter, de compléter sa réponse, juste assez fort cette fois pour que Vasco l’entende bien. C’était oui. Oui, il était prêt à être soigné, à être rassuré, à être aimé, ne serait-ce que pour une seconde. Connaissant Oz qui semblait si allergique à l’amour, c’était un moment rare dont il était nécessaire de profiter : aussi Vasco eut alors le sourire tendre de celui qui apprécie la réponse de son interlocuteur pour lequel il éprouve trop d’affection pour pouvoir espérer le cacher si jamais il lui venait à l’esprit de le désirer. Doucement, il déposa alors un bisou sur ses lèvres, vif et doux, simple introduction à ce fameux bisou magique. Un tout petit baiser, minuscule, mais qui montrait pourtant parfaitement bien à quel point celui qui suivrait était plus qu’une simple déconnade. Puis, glissant une main sur la joue d’Oz, délicatement, l’autre étant sous lui et lui donnant un appui léger, il joignit ses lèvres à celle d’Oz pour lui offrir un baiser, un vrai, l’un de ceux que l’on attendrait que dans les couples et qui se trouvaient pourtant tout à fait à leur place dans la relation atypique que les deux jeunes hommes entretenaient. Certes, la passion n’était pas censée avoir une trop grande part dans l’amitié, elle était généralement plutôt liée à l’amour. Et pourtant, c’était avec elle que l’on pouvait qualifier le plus efficacement l’étrange lien établi entre Vasco et Oz. Une amitié passionnée et fusionnelle.

      Vasco aurait été incapable de dire combien de temps ils firent durer ce baiser. Il pouvait juste affirmer y avoir mis tout son amour afin de rassurer au mieux son meilleur ami, d’y avoir mis l’intensité nécessaire pour persuader Oz qu’en effet, rien ne changerait entre eux, si toutefois ce dernier était disposé à recevoir son message. Etrangement, Vasco était serein à ce sujet : il jugeait le contraire impossible, pas dans une telle situation. Et si jamais c’était le cas, si jamais Oz n’avait toujours pas compris qu’Edryn ne changerait rien entre eux deux, jamais, Vasco l’embrasserait à nouveau, une fois, deux fois, mille fois de plus si cela s’avérait nécessaire. Il se sentait capable de tout faire, à cet instant, pour qu’Oz le croit, définitivement et sans jamais plus douter. Oh, il ne se faisait pas d’illusions : Oz était le maître du doute, autant pour les autres qui ne savaient vraiment que penser de lui et de leurs rapports avec eux que pour lui-même. Le plus jeune des deux hommes était, constamment, rongé par ce mal terrible qu’était le doute : c’était une blessure profonde, qui laisserait sûrement des cicatrices terribles si par miracle elle était soignée un jour. Une blessure profonde due au manque de confiance qu’Oz avait dans les autres et, Vasco en était de plus en plus persuadé, malgré les faux airs narcissiques de son ami, en lui-même. Bien sûr qu’Oz finirait par douter à nouveau : mais Vasco voulait chasser cette horreur de l’esprit d’Oz aussi longtemps qu’il le pourrait. Il rêvait au jour où Oz lui ferait suffisamment confiance pour ne plus jamais douter de lui, de son amour, de leur relation : mais quelque part au fond de lui, ce désir se confronté à la certitude qu’il ne s’agirait jamais de rien de plus qu’un rêve, un de ces rêves éveillés que l’on trouve si beau qu’au fond, ils sont terriblement triste alors qu’on sait pertinemment qu’on ne les réalisera jamais. Doucement, se décollant légèrement d’Oz tout en lui adressant un doux sourire, encourageant, qui indiquait clairement qu’il restait tout près de lui, Vasco replongea son regard dans celui d’Oz. Un instant, il laissa planer le silence. Un nouveau murmure finit cependant par s’élever, toujours emprunt d’une tendresse incroyable.

      « Tu veux que je te mette de la pommade sur ton bleu ? Il passera plus vite comme ça. »

      Maintenant qu’il avait un peu soigné Oz à l’intérieur, et qu’il était persuadé de l’avoir totalement réchauffé, il était prêt à se décoller de lui pour lui soigner le bleu qu’il voyait, ignorant qu’il en avait un autre deux fois plus important au flanc, et certainement bien plus douloureux. Inutile de préciser, bien entendu, pour quelle raison il avait cette pommade et pourquoi il connaissait son efficacité. Cette pommade, il ne l’avait plus utilisée depuis neuf jours. Neufs trop longs jours.
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    Message  Oz Roland Mer 31 Aoû 2011 - 21:43

      À chaque fois qu'il y pensait, Oz s'étonnait toujours de constater à quel point il avait désormais besoin de cette habitude générale et rassurante de repères qui s'était installée depuis maintenant trois ans entre eux. Il ne connaissait Vasco que depuis trois petites années, mais il lui paraissait aujourd'hui totalement inconcevable de vivre sans lui. Et parfois, il se remémorait sa vie d'avant, et à chaque fois, il trouvait fondamentalement étrange, presque dérangeant d'illogisme, que Vasco n'en ait pas fait partie. À chaque fois qu'il pensait à tout ça, à chaque fois qu'il prenait le temps de faire le point sur ces sentiments auxquels il évitait de penser, à chaque fois qu'il se rendait compte des choses, il était pris d'une angoisse sourde et profonde à l'idée d'être devenu en si peu de temps et à ce point dépendant de quelqu'un d'autre. À l'idée que lui, Oswald Roland, ait pu s'attacher à quelqu'un de manière totalement déraisonnable. Quand il y pensait, quand il s'autorisait à faire ce constat, il avait peur. Parce que ce n'était pas bon. Parce que ce n'était pas sain. Parce que ça ne se passerait jamais bien. Parce que ça finirait forcément mal un jour ou l'autre. Parce que ça le détruirait, inéluctablement, profondément et incommensurablement. Alors il évitait d'y penser. Il se contentait de profiter de ce quotidien qui était devenu le sien en se mettant lui-même des œillères, puis lorsque l'on éclatait sa petite bulle d'illusions comme Vasco l'avait fait une semaine plus tôt, il se retrouvait plongé dans quelque chose d'indéfinissable, un univers entièrement constitué de maux et de doutes, dont il avait le plus grand mal à sortir. Et il s'interrogeait, il s'interrogeait sans cesse, il angoissait, il doutait, il se demandait ce qui pourrait bien advenir de lui dans le futur s'il était déjà aujourd'hui un être instable et contradictoire que certaines personnes comme Vasco Fair pouvaient balayer d'un simple revers de main si l'envie terrible leur en prenait. Puis à nouveau, il évitait d'y penser, il évitait de penser à tout ce qui n'allait pas dans sa vie, et il se focalisait uniquement pendant au moins quelques secondes sur quelque chose auquel il puisse se raccrocher. Comme ce baiser.

      La première fois que Vasco l'avait embrassé, il avait naturellement mal réagi et lui avait collé son poing dans la figure en juste retour des choses. Mais c'était au tout début, le premier jour de leur rencontre, et maintenant, trois ans plus tard, c'était différent, totalement différent. Oz le laissa lui effleurer les lèvres d'un premier baiser léger, de ces baisers dont il le gratifiait peut-être une bonne centaine de fois ou presque par jour, puis tandis que Vasco glissait sa main sur sa joue avec cette douceur qui le caractérisait toujours, le brun se déporta insensiblement vers l'avant pour pouvoir combler cette distance infime qui les séparait encore et entrouvrit les lèvres lorsqu'il sentit celles de son vis-à-vis se presser sur les siennes. Et il oublia tout le reste. Juste un instant. Parce qu'à chaque fois que Vasco l'embrassait, cela voulait dire qu'il tenait à lui et qu'il ne le laisserait pas partir, que tout allait bien et qu'il n'y avait à s'inquiéter de rien. Alors quand bien même Oz restait persuadé que tout changerait maintenant que le musicien avait décrété qu'il y avait désormais une autre personne terriblement importante pour lui, une autre personne contre laquelle le gosse de riche savait ne pas pouvoir faire le poids, une personne de la trempe d'Eileen Fair, quand bien même Oz croyait savoir tout ça et avait mal rien que d'y penser, pour le moment, juste à cet instant, cet instant précis, il chassa toutes ces pensées de son esprit. Il glissa une main sur la mâchoire de Vasco et lui effleura la peau avant de la glisser dans la nuque de ce dernier pour s'y accrocher comme à une bouée de sauvetage, s'assurant une meilleure prise afin de pouvoir prolonger ce baiser jusqu'à ce que le premier d'entre eux commence à manquer d'air. Puis lorsque Vasco se décolla légèrement de lui, Oz lui libéra la nuque d'un geste machinal pour laisser retomber sa main sur le matelas et ne chercha pas à briser ce silence qui s'installa alors qu'ils restaient là sans bouger. Il n'aurait su dire s'il se sentait mieux. Il se sentait peut-être un peu plus apaisé. Surtout réchauffé, en fait.

      Lorsque le murmure de Vasco s'éleva à nouveau, Oz releva les yeux sur lui pour le fixer avec attention, un peu hésitant alors qu'il considérait la question. De la pommade ? Bon, pourquoi pas. Ce n'était pas comme si le gosse de riche tenait particulièrement à s'afficher avec une marque pareille sur le visage, lui qui détestait justement ça d'habitude. Il se contenta donc d'un furtif haussement d'épaules nonchalant, presque désintéressé.

      - Si tu le dis.

      Il ne s'y connaissait pas tellement sur le sujet, à vrai dire. Il venait d'un monde où quelqu'un était toujours là pour faire les choses à sa place, notamment les plus basiques comme ranger, laver, lui faire à manger ou le soigner, des choses dont un gosse de riche lambda n'avait jamais à s'occuper. Même maintenant alors qu'il vivait seul, ces habitudes qu'il avait acquis par l'éducation dont il avait bénéficié ne le quittaient pas. Et présentement, il fallait dire que les bleus qu'il pouvait afficher était le cadet de ses soucis. Alors que Vasco tienne ou non à le soigner un minimum à ce niveau-là, Oz s'en fichait bien. Il resta encore immobile un instant puis finit par se redresser sur un coude pour pouvoir reculer sur le lit et laisser le blond se lever. Il n'avait pas spécialement envie que ce dernier s'en aille mais ce n'était pas non plus comme si la salle de bains se trouvait à des années lumières de ce lit. Lorsque son dos rencontra le mur, il laissa son corps s'affaisser à nouveau pour se retrouver allongé du côté, puis leva les yeux sur Vasco pour ajouter d'un ton qu'il s'efforça de rendre aussi blasé que d'habitude, comme si tout était absolument normal alors que ce n'était pas vraiment le cas :

      - Magne-toi, alors.

      Ce n'était qu'une injonction typiquement ozienne comme une autre, mais dans le fond, il avait sincèrement envie que Vasco se dépêche de de revenir de peur de le voir symboliquement disparaître.
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    Message  Vasco Fair Mer 7 Sep 2011 - 2:27

      Oz gardait cet air un peu éteint, si peu Ozien, trop las pour correspondre ne serait-ce qu’une seule seconde à un homme aussi vivant que l’était Oz. Certes, on ne pouvait pas dire que le jeune homme était heureux : mais il n’était, en temps normal, jamais aussi amorphe. Il s’énervait pour rien du tout, certes, mais ça n’avait aucune importance, aucune gravité aux yeux de son meilleur ami : l’essentiel étant alors que le plus jeune de ces deux hommes vive vraiment, ne se laisse pas aller comme à l’instant. Oz n’était peut-être pas heureux de vivre mais, au moins, il croquait la vie à pleine dents, même si c’était en râlant continuellement et en s’énervant pour des détails sur lesquels il ferait mieux de passer totalement. Le but ultime de Vasco concernant son ami était que ce dernier atteigne, enfin, le bonheur, soit heureux de vivre : il jugeait que l’inertie était le point le plus éloigné de ce bonheur que pouvait atteindre Oz. Au moins, s’il s’énervait, il se rebellait contre ce qui lui déplaisait : il voyait ainsi ce qui lui convenait, bien qu’il refuse encore d’ouvrir les yeux sur ce fait. Et de même, ne pas rester inactif face à un problème aidait généralement à s’en sortir. Dans le cas d’Oz, Vasco était persuadé qu’il avait viscéralement besoin d’exprimer ce qui le blessait : et s’il ne parlait pour l’instant que des contrariétés du quotidien, Vasco priait chaque jour pour qu’il finisse par lui dire ce qui le touchait véritablement et profondément, ce qui lui faisait voir la vie aussi sombrement et ce qui provoquait cet excès constant de colère chez lui. Peut-être qu’il ne le lui dirait pas à lui, celui qui connaissait chacune des colères d’Oz depuis leur rapprochement que rien ni personne n’aurait pu prévoir : peut-être qu’il le dirait à Sila, ou à quelqu’un d’autre – même si Vasco ne voyait personne d’autre que Sila et, entre elle et lui, il pariait d’ailleurs plutôt sur elle pour recevoir de telles confessions Et quand bien même Oz se donnait l’air blasé, l’on pouvait bien sentir le feu qui brûlait en lui. Mais jamais, jamais Oswald Roland ne devait baisser les bras comme à cet instant : s’il le faisait, ce serait la fin de son combat continuel contre la vie. S’il le faisait, s’il cessait de s’énerver, ce serait sans doute pour se laisser mourir. Et c’était une chose purement intolérable aux yeux de Vasco.

      Le blond s’occupait régulièrement de son cadet, notamment pour tout ce qui était soins ou pour mettre un peu d’ordre dans le champ de bataille qu’était sa chambre : il n’était plus surpris de voir l’attitude généralement « je m’en foutisme » du brun concernant ces détails primordiaux de la vie quotidienne qu’il reléguait au second plan – le premier étant occupé par des champagnes hors de prix, des vestes qui ne tenaient pas assez chaud, une pluie de colliers hétéroclites, un poids surveillé à l’extrême et une consommation de vodka à en faire frémir la Russie toute entière. Aussi sa réaction alors qu’il lui parlait de cette fameuse pommade que Vasco était prêt à qualifier de miraculeuse ne le surprit pas un seul instant. L’ordre qui suivit, par contre, ne manqua pas de l’étonner. Oh, ce n’était pas que l’artiste n’était pas habitué à recevoir des ordres du gosse de riche : au contraire, ce dernier passait son temps à ordonner une chose ou une autre à celui qui avait souvent l’air d’être plus son larbin que son ami. Mais c’était l’ordre en lui-même qui frappait Vasco : Oz savait parfaitement qu’il ne faisait que changer de pièce, passant de la chambre à la petite salle de bain dont il bénéficiait. Il laisserait de plus la porte ouverte : s’il le voulait, Oz pouvait lui parler de loin et Vasco lui répondrait alors sans problème. Mais la proximité physique qu’exigeait alors Oz flattait et satisfaisait le musicien alors même qu’elle lui déchirait le cœur : il devait vraiment avoir manqué à son ami, alors, et ce fait était aussi rassurant et sécurisant qu’attristant. Voir Oz dans un état pareil était à la fois la consécration de leur amitié, car cela montrait clairement que le plus jeune des deux hommes faisait une confiance presque aveugle en Vasco, et une déchirure terrible : qui pourrait se satisfaire de la peine d’un proche ? Certainement pas le blond qui, se redressant, ne tourna pas immédiatement le dos à Oz. Délicatement, il se pencha vers lui pour déposer un baiser sur sa tempe. Une manière pour lui de lui répondre sans un mot de ne pas s’inquiéter, qu’il était là et resterait là. Et que oui, il ferait au plus vite. Très bientôt, il serait de nouveau au maximum de leur proximité physique.

      Vasco se leva ensuite vivement et regagna la salle de bain qu’il avait quitté un peu plus tôt dans la journée. Fouillant à peine vu qu’il était nettement plus ordonné que l’homme qui s’était emparé de son lit comme s’il s’agissait tout naturellement de sa propriété, il ne tarda pas à sortir de cette salle de bain, sans un regard ne serait-ce que pour son reflet dans le miroir, reflexe qu’a la plupart des gens. Non, Vasco, pourtant bel, homme, n’avait pas l’habitude de se regarder vraiment : et ce n’était pas maintenant, alors que son meilleur ami qu’il venait de retrouver après neuf jours de silence l’attendait dans la pièce à côté pour recevoir des soins, qu’il allait commencer à s’admirer. Il s’assit sur le lit, adressant un sourire à Oz et lui montrant le pot de pommade entamé pour lâcher, doucement et avec un sourire espiègle, une petite idiotie sans importance destinée à distraire Oz un minimum.

      « La crème magique du Dr Fair marchera sans doute sur toi ou ledit docteur… Fera le tour de la ville en courant pendant une semaine, tous les matins à dix heures. »

      Défi stupide s’il en était mais Vasco en était le spécialiste, le pire étant qu’il accomplissait vraiment ce genre de petit défis qui pouvaient être de tout genre, y compris sauter dans une fontaine à une heure du matin. Et si dix heures ne vous semble pas une heure excessive pour se mettre à courir, il vous faudra resituer le fait que Vasco a pris la détestable habitude de se lever toujours après midi, régulièrement entre une et deux heure de l’après midi. Vous comprendrez alors la douleur de notre artiste alors qu’il envisage ce défi. Doucement, il tendit son bras à Oz pour que celui-ci se redresse, afin d’avoir une meilleure vue sur sa blessure, que celle-ci soit mieux exposée à la lumière. Une personne qui ne connaissait pas Oz n’aurait rien remarqué, sans doute : mais la légère crispation de la mâchoire de celui-ci, ainsi que son subtil froncement de sourcil fit naitre une inquiétude terrible chez Vasco. Un mauvais pressentiment lui glaça les entrailles alors qu’Oz reprenait une expression normale. Sans rien lui demander, vivement, Vasco remonta le pull de son ami. Le bleu énorme qu’il aperçut alors le fit passer de la douce plaisanterie enfantine à la surprise et à l’inquiétude la plus profonde.

      « Bordel, Oz ! »

      Le musicien se demandait bien ce que son insupportable ami, véritable aimant à problème, avait bien pu faire encore pour avoir un hématome de cette taille. Mais sachant qu’il n’aurait de toute façon sûrement aucune réponse s’il le lui demandait, Vasco n’attendit pas la réaction d’Oz, encore, pour lui faire retirer son haut : il était évident qu’il allait le soigner, même s’il devait pour cela achever son pot de pommade. Après avoir prévenu Oz que la crème était froide, il se mit donc à l’appliquer soigneusement et généreusement, d’abord sur le bleu énorme qui s’étalait sur le flanc d’Oz. Ses gestes étaient aussi précis que doux alors qu’il étalait cet onguent dont la texture se situait quelque part entre la crème et le gel. La douceur habituelle de Vasco demeurait dans cette application : il faisait de son mieux pour ne pas faire mal à Oz à un seul instant et, s’il dû appuyer un instant sur le bleu de son ami, ce ne fut pas sans le prévenir au préalable et pour vérifier qu’il n’avait rien de cassé. La longue errance de Vasco, qui avait précédé son arrivée sur Sannom, lui avait permis d’apprendre quelques petites choses utiles, même s’il se donnait bien entendu le droit à l’erreur. Puis, toujours en appliquant ce baume, profitant de devoir avoir les yeux rivés sur la blessure de son ami, il souffla à voix basse, sachant d’avance qu’Oz ne l’écouterait pas, ou que d’une oreille…

      « Tu devrais arrêter de te battre. »

      Car aux yeux de Vasco, Oz se battait bien trop. Et le double sens était encore présent, peut-être même sans que Vasco ne le réalise vraiment. Il parlait bien entendu et en premier lieu des bagarres que le gosse de riche n’avait de cesse de provoquer pour se défoulait, mais peut-être aussi, quelque part, de la guerre qu’Oz menait contre lui-même et l’affection qu’il éprouvait pour les autres. Dans les deux cas, c’était un vœu pieu que Vasco formulait alors.

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    Message  Oz Roland Mer 7 Sep 2011 - 12:06

      Oz avait déjà pu constater depuis longtemps que les mots n'étaient souvent pas nécessaires entre Vasco et lui. Il y avait des situations où ils étaient nécessaires, bien sûr, notamment lorsque le problème de communication s'expliquait du fait que le brun ou le blond se croyait persuadé de quelque chose totalement faux en rapport avec l'autre, souvent au sujet des sentiments qu'ils entretenaient réciproquement. Parce que s'ils se connaissaient aujourd'hui au point de comprendre l'autre sans avoir besoin de prononcer un mot, un problème majeur subsistait néanmoins, les aveuglant l'un l'autre : chacun était persuadé des sentiments qu'il avait pour l'autre, mais doutait de la réciproque, alors qu'elle existait pourtant bel et bien dans les deux cas. Ici, par exemple, du côté ozien de la barrière, le doute pernicieux l'avait repris aux entrailles depuis neuf jours. Et c'était dans les débris acérés d'une souffrance brisée qu'il restait persuadé de s'être fourvoyé en ayant pu croire un jour être suffisamment important pour Vasco. Pourtant, cela ne l'empêcha pas ici de comprendre le musicien à la gueule d'ange lorsque celui-ci se contenta de se pencher en avant pour lui effleurer la tempe de ses lèvres, cherchant par ce geste à le rassurer au sujet de l'inquiétude infondée qu'il avait su déceler dans l'injonction fondamentalement étrange du gosse de riche. Il n'y avait pas besoin de mots, juste de ce geste qui voulait tout dire.

      Oz n'esquissa pas un geste et resta allongé, le bras replié près de sa tête et les doigts effleurant machinalement ses cheveux d'ébène comme pour les ébouriffer un peu plus par prétexte. Il suivit Vasco des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse par la porte attenante, non loin du lit, qu'il laissa même ouverte derrière lui. Le brun savait que s'il voulait, il pourrait parler, dire n'importe quoi, et que le blond s'empresserait de lui répondre pour bien montrer qu'il était encore là, même s'il disparaissait du champ de vision de son ami pendant un court instant. Mais Oz n'en fit rien, se contentant d'attendre en perdant son regard d'émeraude quelque part sur la fenêtre plus loin. Il se trouvait ridicule, à trouver effrayant que Vasco s'éloigne, même uniquement dans le but de se rendre dans une autre pièce. Et c'est justement parce qu'il se trouvait ridicule qu'il s'efforça de chasser ce sentiment, las qu'il était d'avoir peur pour d'à peu près tout lorsque cela concernait les sentiments violents qu'il pouvait entretenir pour une personne, malgré ses craintes et les efforts qu'il faisait pour ne s'attacher à personne. Il emmêla ses doigts dans ses cheveux puis posa à nouveau les yeux sur Vasco lorsque celui-ci arriva, très peu de temps après s'être éclipsé, pour se rassoir sur le lit, près lui, et lui adresser un de ces fameux sourires qu'Oz définissait souvent à vive voix d'idiots mais mentalement de très beaux. Il y avait quelque chose de fondamentalement et indéniablement rassurant de voir ainsi Vasco sourire, l'air espiègle, amusé, enfantin. Et lorsqu'il sortit une de ces plaisanteries dont il avait le secret, Oz haussa d'abord un sourcil, l'air de lui demander s'il était sérieux. Alors qu'en vérité, il savait très bien que le musicien était tout à fait capable de relever ce défi stupide qu'il se lançait à lui-même. Et ce fut parce qu'il y avait quelque chose de terriblement rassurant et de normal à entendre ça que l'enfant de la jeunesse dorée de Koliam s'autorisa une esquisse de sourire léger mais dans le fond amusé, au coin de ses lèvres.

      - Tu es au courant que ce genre de trucs, ça se fait plutôt vers cinq ou six heures du matin ? Pour quelqu'un de normal, s'entend.

      Il connaissait bien entendu cette prédisposition qu'avait Vasco à se lever à des heures impossibles, si bien qu'il se doutait à quel point ce serait terrible pour lui de se lever à dix heures du matin pour faire le tour de la ville en courant sur un défi stupide. Il restait amusé par cette image lorsque le blond lui tendit la main pour l'aider à se redresser, et Oz la saisit sans hésitation pour s'exécuter. Sauf que la douleur qui irradiait de son flanc lui arracha une grimace, infime, qu'il s'efforça de contrôler au maximum pour qu'elle puisse passer inaperçue. Il avait oublié ce foutu coup violent qu'il s'était pris. Ce ne fut qu'une légère crispation de mâchoire et un froncement de sourcils presque imperceptible. Mais Oz comprit que Vasco avait lui-même compris lorsqu'il vit ce dernier froncer les sourcils à son tour. Et il eut à peine le temps de lever la main pour retenir le geste du blond que celui-ci avait déjà soulevé son pull et juré en posant les yeux sur l'hématome. Plus par réflexe qu'autre chose, le gosse de riche s'empressa de préciser, l'air un rien agacé, tirant machinalement sur son haut comme pour le remettre en place :

      - Non mais c'est rien.

      Et il eut à peine le temps d'achever sa phrase que Vasco lui avait déjà retiré son haut sans rien lui demander, dans l'intention évidente de s'occuper et du bleu de la joue et du bleu sur le flanc. Oz le laissa faire, d'une part parce qu'il était fatigué et qu'il ne savait pas se soigner correctement seul, mais aussi d'autre part parce qu'il savait parfaitement que Vasco n'écouterait aucune de ses protestations. Alors il se contenta de rester assis, retenant une autre grimace fugace lorsque le contact froid de la pommade sur sa peau lui parut de prime abord désagréable, puis souffla inutilement, comme pour lui intimer à nouveau un ordre :

      - Doucement.

      Vasco étant d'une nature fondamentalement douce, il était complètement inutile de lui demander d'y aller doucement. Oz lui-même le savait. La fraîcheur de la pommade lui fit du bien et il ne ressentit aucune douleur, si ce n'est au moment où le blond le prévint qu'il allait appuyer un peu sur le bleu pour vérifier qu'il n'y avait rien de cassé. La grimace sur le visage de l'adolescent fut cette fois un peu plus prononcée, mais il ne fit aucune remarque. Puis tout en continuant de lui administrer le baume, Vasco prit à nouveau la parole, de ce souffle qui était souvent le sien lorsqu'il voulait parler de choses sérieuses avec celui qui était plus que son ami, et Oz eut un nouveau froncement de sourcils. Arrêter de se battre ? Certes, il le devrait. Ne serait-ce que pour ne plus avoir la peau si disgracieusement marquée. Mais c'était impossible.

      - Je ne peux pas.

      Le ton était posé, atone. Comme une évidence. S'il y avait bien une habitude dont Oz ne s'était pas débarrassé depuis Koliam, depuis ces années, depuis son frère, c'était cette manie d'extérioriser sa colère intérieure en provoquant n'importe quel type dans la rue pour en venir aux poings. Parce que se battre, parce que frapper, parce que recevoir des coups, parce qu'avoir mal, ça défoulait. Ça annihilait toute pensée. Parce que la douleur physique était beaucoup plus supportable que la douleur à l'âme. Oz laissa passer un léger silence, les yeux baissés sur le bleu que Vasco soignait, puis reprit la parole à voix légèrement plus basse.

      - Ça m'aide, tu comprends. Ça aide de te défouler sur quelqu'un quand on te fout une énorme claque dans la gueule.

      Et tout en prononçant cette dernière phrase, il releva les yeux sur Vasco en essayant de capturer son regard, l'œil rendu perceptiblement plus noir par l'accusation qui flottait alors dans la prunelle. Parce qu'il préférait avoir l'air accusateur que démoli.
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    Message  Vasco Fair Jeu 8 Déc 2011 - 22:39

      Doucement. Vasco n’était pas de ces hommes brutaux qui ne faisaient pas attention alors qu’ils s’occupaient de leurs congénères et qui finissait par les blesser par maladresse. Non, Vasco faisait partie de ceux qui faisaient très attention à ce que leurs moindre faits et gestes ne nuisent à personne, la douceur émanant de tout son être. Bien sûr, il arrivait qu’il ne parvienne pas à préserver tout le monde d’une douleur qu’il causerait : il n’était qu’un homme. D’ailleurs, la tâche était rendue d’autant plus ardue alors que son meilleur ami était un possessif maladif qui n’était pas capable de faire la différence entre leur amitié si puissante et les simples fréquentations de Vasco : empêcher Oz de faire des crises de jalousie était comme tenter de faire la guerre avec des tomates pour seule arme. Vasco savait très bien qu’il ne pouvait rien faire pour empêcher ça : en général, il se contentait de laisser Oz exploser, presque toujours incapable de désamorcer la bombe, et éteignait ensuite les déflagrations qui dévastaient l’âme d’Oz avec toute sa douceur. La réconciliation finissait toujours par arriver, souvent douloureuse alors que l’un en voulait toujours à l’autre et leur permettait à tous deux de faire le même constat : quoi qu’il arrive, aussi loin qu’ils s’éloignent, ils finiraient toujours par revenir l’un à l’autre, aussi sûrement qu’un élastique que l’on aurait tiré presque jusqu’au point de non-retour. Comme si rester si liés leur faisait mal, vraiment mal, mais qu’ils ne pouvaient se passer l’un de l’autre. Comme une vraie addiction. C’était peut-être pour cela que le chanteur était encore plus prévenant, encore plus doux avec Oz qu’avec les autres : il sentait que son ami avait vraiment besoin de toutes ces attentions, de toute son attention. Ce fut donc avec un sourire, léger mais néanmoins présent, que Vasco répondit à l’ordre d’Oz.

      « Ne t’inquiète pas. »

      Non, Oz n’avait pas à s’inquiéter. Il savait pertinemment que ce ne serait pas Vasco qui lui ferait du mal… Physiquement en tous cas : à moins qu’Oz fasse une erreur fatale comme insulter, volontairement ou non, une certaine personne qui répondait au doux prénom d’Eileen, le blond ne comptait pas se mettre à passer à tabac celui qu’il aimait tant. Non, ça, c’était bon pour les petites brutes de l’acabit d’Oz. Le musicien n’était que douceur : douceur dans ses gestes, douceur dans ses expressions, douceur même dans ses mots les plus durs à comprendre, les plus durs à avaler. Même lorsqu’il se trouvait forcé à dire des mots durs qu’il regretterait systématiquement par la suite, il mettait toujours un petit peu d’eau dans son vin, était incapable de parler avec les même termes durs qu’utilisait généralement Oz par crainte de blesser : l’euphémisme était son ami et il faisait toujours attention à ce que ses paroles ne soient pas mal interprétées, à ce qu’on ne comprenne pas de travers l’une ou l’autre des choses qu’il disait non pour blesser l’autre mais pour l’aider, pour essayer de lui faire comprendre pourquoi ça n’allait pas et pouvoir y remédier. Mais dans le cas d’Oz, la préservation d’un mal psychique devenait bien plus complexe qu’il n’y paraissait au premier abord : quoi qu’on lui dise, cet idiot était capable de le prendre mal, la parole la plus innocente pouvant devenir la pire des trahisons à ses yeux. Oz était compliqué, très compliqué : fatiguant, aussi. Vasco l’aimait ainsi mais il avait tout de même parfois du mal à le suivre, surtout lorsqu’il se vexait pour des broutilles, parce que Vasco dans la lune avait eu le malheur d’oublier de lui ouvrir la porte comme il en avait l’habitude par exemple, ou parce qu’il avait osé rentrer cinq minutes après l’heure qu’il avait donnée – et ce même si cette heure donnée avait été une approximation, cela n’avait strictement aucune importance aux yeux du brun capricieux qui lui faisait office de meilleur ami.

      Oui, souvent, Vasco blessait Oz sans même le vouloir, parfois par maladresse, la plupart du temps pour un geste ou un mot qui n’aurait jamais dû avoir un tel impact mais qui, chez Oz, prenait toujours des proportions incroyables. Ou encore, comme tout récemment, pour une annonce pour laquelle, si leur relation avait été des plus saines, la relation d’amitié normale que l’on s’attendrait à voir entre deux personnes, et non l’entrelacs complexe de passion et de possessivité, d’amour et de domination, de douceur et de brutalité qui faisait leur lien, Oz aurait dû se réjouir, sachant que l’évènement ferait le bonheur de Vasco. Ici, le fait d’avoir une trouver une femme à aimer inconditionnellement et avec qui il voulait faire sa vie. Le musicien ne supportait pas ces moments où il faisait tant de mal à celui qu’il aimait trop, justement parce qu’il l’aimait trop. De plus, lors de ces terribles moments, son ami avait tendance à lui faire très sérieusement la gueule, au point de l’éviter, de causer une véritable rupture dans leur relation : à eux deux ils créaient, réinventaient le concept d’une rupture amicale, bien qu’on ne puisse pas vraiment qualifier leur relation d’amicale, pas au sens que l’on a immédiatement en tête en tous cas. Cela n’aidait pas Vasco à se sentir mieux, ni à racheter sa faute : il était obligé d’attendre qu’Oz accepte de revenir auprès de lui avant cela, avant de se montrer mille fois plus gentil, doux et prévenant qu’il l’était d’ordinaire pour se faire pardonner. La situation présente était pire que tout : plus encore que de lui faire du mal, Vasco l’avait cette fois, peut être pour la première fois, fait en connaissance de cause. Il savait tout à fait comment Oz réagirait lors de son annonce, même si sa grande naïveté l’avait laissé espérer que son impression soit mauvaise et que son ami dépasserait ses attentes en se montrant capable de se réjouir pour lui. Il se trouvait donc d’autant plus impardonnable qu’il savait parfaitement comment réagirait Oz, qu’il l’avait sciemment blessé : l’idée qu’il n’avait alors pas le choix ne suffisait pas à le consoler ou à le déculpabiliser.

      Aussi, quand Oz lui répondit, il en ressenti un puissant pincement au cœur. Non, un coup violent. De poignard, au moins. Le ton, le regard, les mots eux-mêmes étaient les vestiges de la rancune d’Oz à son égard. Il était impardonnable. Il était impardonnable et il le savait. Il était impardonnable et pourtant, il espérait, il priait pour qu’Oz accepte de lui pardonner, pour qu’il comprenne que Vasco n’avait pas eu le choix alors qu’il lui faisait cette annonce terrible, qu’il l’avait fait pour que les choses soient claires, qu’il ne voulait pas d’autre témoin qu’Oz, qu’il l’aimait à la folie et que c’était bien pour ça qu’il tenait à ce qu’il soit le premier au courant, avant même que Vasco ait séduit Edryn, avant même que quoi que ce soit ait pu lui laisser penser que son rêve de mariage avec la demoiselle puisse se réaliser un jour. Il avait besoin de partager sa joie avec quelqu’un et la première personne qui lui était venue à l’esprit était évidemment Oz, son meilleur ami et bien plus encore, celui pour qui il sacrifierait tout. S’il avait été moins prêt à tout sacrifier pour Oz, un tout petit peu plus égoïste, d’ailleurs, il aurait sans aucun doute relevé l’anormalité de la situation : il était normal qu’il ait envie de partager sa joie due à une charmante rencontre avec son meilleur ami, après tout. Il n’avait pas à culpabiliser pour cela, il n’était pas en tort, ou du moins ne l’aurait-il pas été dans une situation plus normal : Oz n’avait pas à prendre les choses si mal. Mais Oz était Oz, Vasco était Vasco, et leur relation étant ce qu’elle était, il était tout naturel que les choses aient pris ce tour dramatique. La culpabilité étouffait Vasco, renforcée par la rancune Ozienne, caractérisée par sa ténacité et sa violence. Même s’il n’était que sous-entendu, le reproche était clair. Vasco fut bien obligé de relever l’œil alors qu’Oz le regardait, tout simplement parce qu’il en avait fini avec son torse. Le regard accusateur de son ami qui dissimulait mal sa souffrance tuait Vasco. Ce fut avec douceur qu’il vint déposer un baiser léger sur l’éraflure de la lèvre d’Oz, comme un bisou magique à un endroit où il ne pouvait soigner avec la pommade. Puis il prit la parole, très bas, les sourcils légèrement froncés, tout en appliquant le baume sur le bleu qu’affichait le visage d’Oz.

      « Excuse-moi. Je... Je ne voulais pas te faire du mal, tu sais. Jamais. »

      Son ton était bas, comme souvent. Il en venait presque à regretté d’avoir donné son conseil à Oz : s’il ne lui avait pas dit d’arrêter de se battre, Oz ne se serait pas mis sur la défensive pour attaquer, justement, et ils n’auraient pas reparlé de leur conflit. Oh, le blond avait bien conscience qu’il n’aurait de toute façon pas pu échapper éternellement à ce sujet : mais au moins espérait-il un peu de répit. Malgré cela, comme c’était Oz qui avait évoqué le sujet le premier, Vasco se sentit obligé de lui proposer, bas et un peu maladroitement, la chose qu’il aurait voulu éviter pour leur première entrevue depuis leur dispute colossale.

      « Tu… Euh… Si tu veux… Enfin… On peut en parler. Je suis là. »

      Il était là, toujours, pour Oz. C’était bien sa seule certitude. Et alors qu’il revoyait les images terribles de la plage, qu’il se souvenait pleinement de la colère d’Oz, il se surprit à prier pour qu’Oz prenne une attitude tout à fait Vasconienne et décide de fuir.
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    Message  Oz Roland Ven 23 Déc 2011 - 3:20

      Oz avait envie d'être quelqu'un de fort. Il avait envie d'être entouré d'une muraille épaisse et indestructible, de ce genre de muraille qui vous mettait hors d'atteinte de chaque coup porté et qui vous portait toujours au plus haut sans jamais vous laissait tomber au plus bas. Il avait envie d'être quelqu'un de dur, d'extrêmement dur, froid et implacable, impassible et insensible, cruel et blessant. Il avait envie d'être celui qui blesse plutôt que celui qui est blessé. Il avait envie de faire du mal pour ne pas être le seul à avoir mal, et il avait envie de ne plus jamais ressentir tout ça, il avait envie d'être quelqu'un d'impossible à atteindre, il avait envie que plus personne ne vienne le toucher de trop près, il avait juste envie qu'on le laisse tranquille. Aussi tâcha-t-il de se composer un masque de sombre dureté en soutenant le regard de Vasco juste après l'avoir accusé à demi-mots, la flamme de la colère devenant glace dans ses yeux. Oui, il voulait être quelqu'un capable de se venger, quelqu'un capable de faire regretter Vasco, quelqu'un capable d'incarner à lui seul la haine, la colère, la dureté et la froideur. Il voulait effacer à tout jamais l'épisode du port de son esprit mais comme il savait que c'était tout bonnement impossible, il voulait faire du mal pour ne plus qu'on lui en fasse en premier. Quand bien même cela ne panserait en aucun cas ses blessures. Il voulait tout ça, oui. Sauf qu'il n'était finalement qu'un minable, probablement, car lorsque Vasco se pencha vers lui pour lui effleurer le coin des lèvres avec cette tendresse éternelle qui le caractérisait, Oz ne put s'empêcher de sentir son cœur se serrer et sa gorge se nouer, instantanément. Oui, au final, il n'était qu'un minable. Il aurait beau tenter de jouer l'homme insensible, dur et inatteignable, il ne serait encore et toujours qu'un minable, dans le fond. Un putain de minable qui ne fonctionnait pas correctement, qui était cassé de l'intérieur et qui ne ferait jamais, au grand jamais, rien de sa pitoyable vie. Il n'était que ça et c'était dur de continuer à vivre en gardant la tête haute lorsqu'on le savait pertinemment.

      Oz cligna des yeux comme pour refouler des larmes qu'il n'avait en aucun cas envie de voir venir. Il s'efforça de rester totalement immobile alors que sa seule envie, présentement, était de chialer comme un gosse, de fondre en avant sur Vasco, de s'y accrocher avec force comme pour ne plus jamais tomber et se perdre dans ses bras, à jamais. Sauf qu'il ne le ferait pas, il le savait, et quelque part, ce n'était que s'infliger une douleur supplémentaire. Mais il était déjà tombé. Alors la douleur, ce n'était plus à ça près. Même si à force d'avoir mal, l'âme se déchirait. Il ne se sentit jamais aussi pitoyable qu'à cet instant, alors qu'il prenait conscience de toute sa faiblesse dans la seconde où Vasco se contenta de lui effleurer le coin des lèvres. C'était comme un souffle de vent qui faisait tomber un château de cartes. Il voulait juste que Vasco le prenne dans ses bras, il voulait juste enfouir son visage contre son torse, le laisser lui caresser les cheveux, comme toujours, et ne plus jamais avoir à penser à quoi que ce soit. Sauf que ce n'était pas possible. Dans l'esprit d'Oz, ce ne serait même plus jamais possible. Et tout ça, c'était entièrement et uniquement de la faute de Vasco. C'était plus facile de penser ainsi, oui, même si Oz s'interrogeait quand même sur ce qu'il avait pu faire de travers au juste pour provoquer une telle situation, parce qu'il devait forcément y être pour quelque chose quelque part. C'était toujours de sa faute, dans tous les cas, et il le savait pertinemment au fond. Mais là, dans ce cas-là, il ne voyait vraiment pas ce qu'il avait fait de mal au juste. Est-ce qu'il aimait trop Vasco ? Est-ce qu'on le punissait quelque part d'avoir été trop naïf en croyant pouvoir s'attacher à quelqu'un et qu'il en soit de même en retour ? Peut-être bien. Il ne savait pas du tout et en vérité, il préférait reporter toute la faute sur celui qui était plus que son ami. Juste parce qu'ainsi, il était plus facile pour lui d'essayer d'être celui qu'il voulait être, le dur. Le fort.

      Il serra le poing et garda le regard rivé sur un point du mur d'en face alors que Vasco levait la main pour lui appliquer de la pommade sur la pommette, se constituant à nouveau un visage complètement fermé. Vasco avait réussi à lui porter un coup d'une force phénoménale, à le faire tomber et à le faire sortir complètement de ses gonds au port. Il était hors de question qu'il y arrive de nouveau. Hors de question. Plus jamais. Plus jamais il ne ferait ça. C'était une promesse qu'il se faisait à lui-même, un objectif chimérique qu'il n'aurait plus qu'à tenter à atteindre pour tenter de donner une once de sens à sa vie merdique. Il se foutait bien d'avoir le visage abimé par un hématome disgracieux, tout ce qui comptait, à l'instant, c'est qu'il devait reprendre pied. Il continua de fixer obstinément le mur du fond, sans se soucier de Vasco qui continuait de soigner son bleu mais l'écoutant quand même, à défaut d'avoir la force d'ignorer même ses mots, el faillit tiquer. Il ne voulait pas lui faire de mal, vraiment ? Il en aurait presque ri, sur le coup, s'il avait été du genre à rire. À la place, il se contenta de faire fleurir sur ses lèvres un fantôme de sourire qui n'en était pas un, un sourire sombre, cynique et dénué de tout sentiment positif. Un peu comme sa voix, qu'il laissa traîner dans un souffle grinçant, toujours sans le regarder.

      - Mais quelle hypocrisie...

      Il avait envie de lui en vouloir. Il avait terriblement envie de lui en vouloir. Alors il comptait bien attiser la colère qu'il sentait brûler au fond de lui, reconnaissant de loin le sentiment douloureux de la trahison. Il tourna la tête vers lui pour le toiser, le visage toujours aussi fermé.

      - Comme si tu ne t'étais pas douté une seule seconde que ça me ferait un mal de chien lorsque tu viendrais me dire tout ce que tu m'as dit, souffla-t-il tout bas en détachant distinctement chaque syllabe, les prunelles rivées dans l'œil océan de Vasco. Il voulait lui en vouloir, oui, même s'il s'en voulait à lui-même. Il connaissait Vasco. Il savait que ce dernier le connaissait en retour. Il savait que ce dernier devait parfaitement se douter que ça lui ferait mal, d'annoncer une chose pareille. Or, il l'avait visiblement fait en toute connaissance de cause. Et c'était probablement ça le pire, au final.

      Il garda les yeux rivés dans ceux du blond un instant et s'efforça d'avoir l'air méprisant à ses autres mots, ou tout du moins suffisamment méprisant pendant une seconde. Et à nouveau, cette hypocrisie... Il voyait parfaitement bien que le chanteur n'avait aucune envie de relancer le sujet tabou. Il devait probablement avoir peur de raviver l'ouragan de la dernière fois mais se sentait quand même obligé de poser la question. C'était à gerber. Un instant, Oz fut tenté par l'idée de tout relancer. Juste parce que tous les hurlements, les injures et les coups possibles ne seraient jamais assez pour exprimer la tempête qui faisait rage à l'intérieur de lui. À la place, cependant, il se contenta de hausser un sourcil. Le visage fermé, désintéressé. Simple façade.

      - En parler ? Mais parler de quoi ? Il ne s'est rien passé.

      Son propre mensonge lui donnait envie de rire sans aucune joie. Il en avait envie, pourtant, d'effacer tout ça de sa mémoire, de faire comme si vraiment rien ne s'était passé. Mais c'était impossible. Peut-être qu'il pouvait essayer de se voiler la face, de se convaincre lui-même par les mots que tout cela n'avait jamais eu lieu. Il pouvait en tous cas rejeter le sujet, au moins, pour ne plus avoir à entendre les mots qu'il ne voulait plus jamais entendre, pour ne plus avoir mal, ou tout du moins pas autant. Il pouvait, oui. Ça ne coûtait rien d'essayer.

      - Absolument rien passé.

      Il martela les mots d'une voix ferme et pensive à la fois, le regard déviant à nouveau sur le mur du fond de la chambre. Il leva la main pour écarter celle de Vasco de son visage, d'un geste désintéressé, et déplia les jambes pour poser les pieds à terre et se relever du lit. Chopant au passage d'une main son pull qui traînait et arrangeant machinalement de l'autre les quelques colliers qu'il portait autour du cou, Oz posa à nouveau les yeux sur lui pour le regarder avec insistance, le mettant au défi de le contredire.

      - Pas vrai ?

      Faux.
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    Message  Vasco Fair Ven 23 Déc 2011 - 4:57

      S’il y avait une chose que l’on ne pouvait pas retirer à Vasco, c’était bien sa sincérité : elle était des plus absolue, quoi qu’il arrive et bien qu’il lui arrive de prononcer des mots dont il craignait les conséquences avec un peu trop de douceur, diluant son vin dans une trop grande quantité d’eau, ce n’était pas pour autant qu’il mentait. Il faisait énormément d’euphémismes, bien sûr, parce que sa nature si tendre y était sujette : faire souffrir les autres en manquant de délicatesse le faisait se haïr, il avait donc appris à se contrôler, au contraire de son meilleur ami qui n’hésitait pas à blesser franchement les gens, souvent volontairement. Mais utiliser un peu de sucre pour enrober ses mots les plus durs n’était en aucun cas mentir : du reste, Oz avait déjà pu le constater, Vasco était un vraiment piètre menteur. On faisait difficilement pire que lui : s’il s’avisait de mentir à qui que ce soit, même quelqu’un qui ne le connaissait pas, le monde entier pouvait le voir – à moins que ce soit pour sortir des âneries toutes aussi énormes les unes que les autres, certainement mis à l’aise du fait que lesdites âneries étaient par essence trop invraisemblables pour qu’on puisse le croire. Non, dire de Vasco qu’il était hypocrite était malheureusement bien mal le connaitre : bien sûr, on pouvait croire ça de lui, lui qui était si gentil avec tout le monde, lui qui semblait être ami avec tout le monde, lui qui évoluait si facilement en société. Mais c’était sa nature fondamentalement douce, couplée à une éducation exemplaire, qui faisait qu’il était une personne franchement adorable avec tout ceux qui se présentaient à lui, sans distinction et ce à moins que ces derniers ne l’ait agressé d’une façon ou d’une autre, ou s’en soit pris à l’un de ses proches – Oz jouant un peu les exceptions sur ce point étant donné que, si Vasco devait haïr toutes les personnes qui avaient un jour pu s’en prendre à Oz, il haïrait certainement le monde entier en vue de l’acharnement de son gosse de riche favori pour se montrer le plus détestable possible. Dans son cas, Vasco ne regardait d’un œil mauvais que ceux qui faisaient vraiment mal à Oz, ou ceux qui s’acharnaient un peu trop.

      Les répliques d’Oz piquèrent donc Vasco au vif, un peu plus blessé à chacune de ses paroles sans qu’il ne se sente le droit de l’interrompre, persuadé qu’il était de l’avoir bien mérité. Après tout, c’était lui qui avait blessé Oz le premier, certes involontairement : c’était dans cette optique qu’il ne s’en prit pas à son meilleur ami. Puisqu’après tout c’était sa faute, il n’avait qu’à subir le courroux Ozien : ensuite seulement, il serait en droit de se justifier, de s’expliquer, de se repentir. Il avait remarqué qu’Oz s’était fermé à nouveau : il connaissait toutes les facettes de son meilleur ami, toutes ses expressions. Et pourtant, il arrivait encore à ne pas le comprendre tout à fait, tout comme Oz ne le comprenait pas toujours. Cela leur rendait la vie difficile, et Vasco rêvait du jour où son existence aux côtés d’Oz serait paisible. Car il vouait garder Oz près de lui toute sa vie, en gardant leur relation intacte tant que ce serait possible, c'est-à-dire pour lui jusqu’à ce que Sila et Oz se mettent ensemble – car il pensait bien qu’il était trop proche du brun pour qu’une femme puisse l’accepter. De son côté, si jamais il réussissait à séduire Edryn, il comptait bien se battre pour lui faire accepter sa relation si particulière avec Oz : il suffisait juste qu’elle comprenne que cela n’entachait en rien les sentiments qu’il éprouvait pour elle. Ce n’était pas encore d’actualité : pour le moment, c’était à Oz de comprendre exactement la même chose. Oh, il sentait bien que tout ne serait jamais d’une tranquillité absolue : Oz semblait avoir bien trop de problèmes pour pouvoir les résoudre tous en une seule vie, et ce bien que ce fut le souhait de Vasco. Mais au moins le chanteur était-il persuadé de ne jamais s’ennuyer, de ne jamais être plongé dans un quotidien monotone auprès de son meilleur ami.

      Ses paroles n’avaient rien d’hypocrites. Elles n’avaient rien d’hypocrites et cela tuait littéralement Vasco qu’Oz ne soit pas capable de s’en rendre compte. Jamais il n’avait voulu faire du mal à Oz : si c’était arrivé, ce n’était pas parce qu’il le voulait, loin de là. La douleur de cette homme qui comptait tant pour lui faisait d’ailleurs partie de ses pires craintes. Non, tout ce qu’il voulait, c’était qu’Oz se sente bien : comment celui-ci pouvait-il penser une seule seconde que Vasco désirait lui faire du mal ? Car en le traitant d’hypocrite, c’était exactement ce qu’il sous entendait vu ce que venait de lui dire Vasco. Il n’avait jamais, au grand jamais voulu faire de mal à son meilleur ami. De même, il était là, ce n’était pas un mensonge : Vasco était terriblement mal à l’idée qu’Oz puisse croire une chose pareille. Le musicien était et resterait là pour le jeune alcoolique, comme s’il était investit d’une mission divine qui exigerait de lui qu’il reste toute sa vie durant avec un sale gosse aussi terrible, à la nuance près que, loin de s’en sentir obligé, le décolorait accomplissait ladite mission avec un plaisir évident. Le taxer d’hypocrisie alors même qu’il était on ne pouvait plus sincère était une véritable insulte à la nature si douce, si honnête de Vasco.

      Oz fit comme s’il ne s’était rien passé alors même qu’il était évident qu’il était arrivé quelque chose de terriblement grave entre eux, comme s’ils avaient foncé dans un mur à cent vingt kilomètres à l’heure. Vasco aurait pu essayer de faire semblant lui aussi, il aurait pu rentrer dans le jeu d’Oz, mais cela lui semblait tout simplement injouable. Si jamais il faisait ça, si jamais il choisissait le chemin de la fuite, il craignait de perdre Oz à tout jamais : contradictoire, celui qui avait prié pour qu’Oz fuit la conversation souhaitait maintenant prendre le taureau par les cornes. Il n’avait à vrai dire pas le choix : il était mort de peur à l’idée qu’Oz puisse le laisser tomber, puisse tout laisser tomber. Il le laissa se lever, comme impuissant à faire quoi que ce soit pour arranger les choses entre eux : l’instant d’après, il lui avait saisit le bras pour le retenir, son geste étant dépourvu de la moindre trace de violence. Non, il ne fuirait pas. Il ne rentrerait pas dans le jeu d’Oz et, même s’il était légèrement énervé qu’Oz choisisse de l’attaquer ainsi, il ne s’en prendrait pas à lui, il ne l’attaquerait pas. Il resterait l’adulte indulgent que le gosse de riche avait toujours connu, celui qui mettait les choses au clair lorsque c’était nécessaire tout en laissant au brun la marge de manœuvre dont il avait besoin. Ce fut ainsi d’une voix basse, douce sans l’être trop, avec ce qu’il fallait de fermeté pour qu’Oz le prenne au sérieux et s’abstienne de le couper que Vasco prit à son tour la parole.

      « Tu n’as pas le droit, Oz. Tu n’as pas le droit de me traiter d’hypocrite alors même que je ne fais que t’ouvrir mon cœur, que je n’ai toujours fait que ça. Et tu n’as pas le droit de me reprocher le fait que je savais que ça allait te faire du mal, car oui, je le savais, et tu sais quoi ? Ca m’a fait un putain de mal de chien et ça continue à me faire un putain de mal de chien, parce que je t’aime à la folie. Que tu me crois ou non. Ce n’est pas parce que je le savais que je le voulais, ce sont deux choses très différentes, Oz. On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé, justement parce que c’est loin d’être le cas. Maintenant, si tu veux qu’il ne se passe plus jamais rien entre nous… »

      L’hésitation, légère, ne dura pas. Il était nécessaire de laisser ce choix à Oz, parce que Vasco savait très bien comment tout cela pourrait se passer après ces révélations : ça passait ou ça cassait. Oz pouvait tout aussi bien refuser tout en bloc qu’accepter de revenir vers lui. En aucun cas Vasco ne voulait le retenir contre son gré. Il ne supportait pas l’idée de couper les ailes à Oz, bien qu’il sache parfaitement que l’ange qu’il était était déjà déchu. Ce ne serait pas à cause de lui qu’il ne pourrait plus voler, jamais. C’est pourquoi l’artiste repris d’une voix légèrement plus basse, tout en relâchant le bras de cet homme qu’il aimait trop.

      « … A ta guise. Je te laisserais faire comme tu l’entends. C’est toi qui décide. Sache juste que je me relèverais jamais, que tu ne me reverras plus. »

      Ce n’était pas une menace. C’était simplement le constat de l’oracle qui sentait que, si son meilleur ami le laissait tomber, il en mourrait littéralement. Oz avait le choix, pleinement : et c’était justement pour qu’Oz ne se sente pas acculé, piégé, privé de sa liberté de choisir qu’il n’avait pas mis les mots exacts sur ce qui lui arriverait si Oz le laissait tomber : s’il ne se relèverait plus, ce serait trop blessé d’avoir encore perdu l’un des êtres qui comptait le plus pour lui. S’il ne se relèverait plus, c’est parce qu’il serait tombé trop bas, qu’il ne pourrait plus faire machine arrière dès lors qu’il aurait mis fin à ses jours – ou, s’il n’avait pas le cran de le faire, dès lors que la vie qu’il aurait, pleine de vices qui le ramèneraient à son adolescence, toujours dans l’excès, le conduirait à la mort.
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    Message  Oz Roland Sam 24 Déc 2011 - 3:31

      Oz sentit les doigts de Vasco se refermer autour de son bras, sans violence, juste avec ce qu'il fallait de fermeté pour le retenir. Il était étrange de constater à quel point un tel geste pouvait faire du bien, quelque part, quand bien même le cœur d'Oz ne restait qu'un sempiternel ouragan de colère, de rancune et de haine depuis bien des années. Il ne savait même pas bien ce qu'il voulait. Il voulait en vouloir à Vasco, lui faire du mal en retour, faire comprendre qu'il souffrait et qu'il n'acceptait pas ça. Il pensait vouloir être seul pour détester le jeune homme à loisir, sauf que neuf jours plus tard, il était dans cette chambre. Avec lui. Il voulait lui faire vivre un enfer pour se sentir vengé, mais il voulait rester avec lui. Il voulait l'accabler de tous les maux du monde, mais il voulait se réfugier dans ses bras. Il voulait le ruer de coups, mais il voulait l'embrasser. Il voulait s'éloigner, mais il voulait qu'on le retienne. Il ne s'y retrouvait plus, il ne s'y était jamais retrouvé. Il ne savait absolument pas ce qu'il voulait et les incertitudes le poussaient toujours dans les pires retranchements qui soient. Il ne savait pas canaliser cette colère qui le rongeait depuis longtemps. Il ne savait pas comment gérer cette douleur qui lui lacérait la poitrine. Il ne savait rien. Mais en sentant les doigts de Vasco sur son bras, il sut qu'il voulait être retenu, il sut qu'il avait juste envie de s'assoir à côté de lui pour fourrer la tête sur ses genoux et ne plus bouger, juste l'écouter lui répéter que tout irait bien, juste croire à tous ces mensonges qui faisaient du bien lorsqu'ils étaient crus mais qui faisaient du mal lorsqu'ils ne l'étaient plus. Il voulait juste se sentir bien.

      Ce fut presque avec espoir qu'il baissa les yeux sur Vasco, cherchant son regard sans faire un geste pour se dégager de son emprise. Peut-être qu'il allait tout arranger. Peut-être qu'il allait s'excuser, lui dire qu'il s'était trompé, qu'il ne s'était effectivement rien passé, que c'était une erreur et que tout repartait comme avant entre eux. Peut-être qu'il allait trouver les mots qu'il fallait pour panser ses blessures et lui redonner un semblant de confiance. Peut-être qu'il allait lui donner quelque chose en quoi croire et le rassurer comme il fallait. Peut-être, oui. Oz détestait attendre quelque chose comme un con, avoir de l'espoir, mais sur le coup, il ne put s'en empêcher, inconsciemment, furtivement, ardemment. Il avait juste envie que tout s'arrange. Que tout s'arrange. Sauf que les paroles de Vasco, qui furent déversées sur un ton suffisamment ferme pour ne pas être interrompues, le décontenancèrent complètement. Il garda les yeux rivés sur lui, un peu écarquillés, la main crispée sur son pull, le dos raide et le bras abandonné à la main du blond. Ce n'était tellement pas ce à quoi il s'attendait qu'il en oublia complètement d'ouvrir la bouche pour essayer de l'interrompre, tout comme il oublia complètement de se dégager de son emprise et presque de respirer. Il ne savait même pas ce qu'il ressentait au juste, à l'instant. Il aurait du ressentir une cuisante déception, parce que Vasco ne lui disait en aucun cas clairement qu'il ne s'était rien passé, que son histoire avec cette femme dont il avait déjà oublié le nom n'était qu'une passade. Il aurait du ressentir une colère flamboyante, parce que Vasco se permettait de ne pas entrer dans son jeu pour plutôt le forcer à faire face en lui faisant la leçon. Il aurait du hurler en envoyant valser tous les objets de la pièce avant de s'enfuir comme un ouragan pour aller souffrir ailleurs. Sauf que les dernières paroles de Vasco portèrent un coup tellement violent à son cœur qu'il en resta estomaqué.

      - Tu...

      Sa voix n'était qu'un souffle presque inintelligible. Il ne savait même pas quoi dire pour réagir à ça. Il laissa Vasco lui lâcher le bras et recula instinctivement d'un pas, effrayé, sur la défensive, le regard déstabilisé et l'air perdu, décontenancé, piqué à vif. Il serra plus fort le poing sur son pull, jusqu'à ce que les jointures deviennent blanches, et garda les yeux rivés sur son meilleur ami comme s'il le voyait pour la première fois. Il n'avait pas le droit. Il n'avait pas le droit de faire ça. Il n'avait pas le droit de lui dire tout ça, de lui balancer tout ça à la figure, puis de lui poser un ultimatum en lui disant de faire à sa guise. Il n'avait pas le droit de lui couper l'herbe sous le pied, de lui foutre une nouvelle claque et de le forcer à réagir dans l'instant. Il n'avait en aucun cas le droit de laisser sous-entendre qu'un choix était possible avec un tel ultimatum alors que c'était faux. Complètement faux. Et cela lui donnait envie de s'énerver, de laisse libre court à sa colère de s'extérioriser de nouveau, de lui faire comprendre qu'il n'acceptait pas ça et qu'il était hors de question que qui que ce soit le force à rendre les armes de manière aussi cruelle, même Vasco. Sauf qu'il eut beau essayer, même en fronçant les sourcils et en pinçant un peu les lèvres, il avait toujours l'air bien plus désorienté qu'en colère. Profondément désorienté.

      - Tu n'as pas le droit de... commença-t-il d'une voix incertaine avant de déglutir et de réessayer : Tu n'as pas le droit de me...

      Il était pitoyable. Il ne savait même pas pourquoi il n'arrivait pas à cracher ses mots, pourquoi il n'arrivait pas à l'assassiner du regard, pourquoi il n'arrivait pas à s'énerver. Il continuait de sonder l'œil océan de Vasco comme pour y chercher une réponse, puis finit par la trouver en sentant une goutte d'eau rouler sur sa joue. Il écarquilla un peu plus les yeux et leva sa main libre pour essuyer la larme solitaire qui venait de tomber de ses yeux embués. Il se figea instantanément, retenant sa respiration, le pouce encore appuyé contre sa joue, là, debout, le regard toujours rivé sur Vasco et le pull pendant dans sa main. Il se sentait figé, statufié, vide. Puis l'évidence s'imposa à lui sans lui apporter la paix. Ce n'était pas de la colère qu'il ressentait, c'était de la résignation. Ce genre de résignation que l'on a lorsque l'on sait que l'on a perdu la partie. Ce genre de résignation qui fait mal, ce genre de résignation qui fatigue, ce genre de résignation qui fait comprendre que l'on a la réponse à une question depuis le départ, mais que l'on refusait juste de se l'avouer. C'était évident. Et cette évidence le vidait de l'intérieur, lui donnait envie de pleurer, le faisait pleurer, parce que s'il n'était même pas fichu de briser son lien avec Vasco, qu'adviendrait-il de lui ? Il avait mal, terriblement mal, et il avait encore les paroles du port gravées dans sa mémoire, cruelles. Et pourtant, il était tout bonnement incapable de vouloir tout abandonner, de vouloir tout casser, de vouloir le lâcher. Il ne pouvait pas. C'était viscéral. Lui aussi en mourrait si ça venait à arriver. Il ne savait pas de quelle manière mais c'était une autre certitude.

      Il porta lentement la main à sa bouche comme pour se cacher, choqué lui-même de sentir les larmes ruisseler en silence sur ses joues au final. L'idée de ne plus jamais revoir Vasco lui faisait mal, et cette douleur lui faisait prendre conscience qu'il n'y avait bel et bien qu'un seul choix possible, un choix qu'il connaissait très bien. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas avoir la liberté de choisir dans cette situation. Pas avec Vasco. Parce qu'il l'aimait tellement, parce qu'il était tellement attaché à lui que c'étaient presque des chaînes qui le retenaient prisonnier. Et même si ces chaînes lui faisaient terriblement mal, il ne voulait en aucun cas les briser. Il se sentait pitoyable, infiniment pitoyable. Il était foutu, complètement foutu, et ce depuis le départ. Même si Vasco faisait le con et décidait de bousiller leur relation à cause d'une fille, jamais Oz ne pourrait tout casser de lui-même, dans le fond, quand bien même il croyait vouloir s'y essayer parfois avant de se raviser toujours une fois les limites dépassées. Il était perdu. Et il en avait conscience. Il resta totalement immobile quelques secondes, garda la main plaquée sur sa bouche, essaya désespérément de chercher une porte de sortie inexistante, renonça, renifla, fit un pas hésitant en avant, puis un autre, lâcha le pull qu'il avait complètement oublié et vint finalement s'assoir juste à côté de Vasco, au bord du lit, doucement, épaule contre épaule. Les yeux rivés sur le plancher à ses pieds, il laissa un court instant ses mains serrées entre ses genoux, ignorant les traces de larmes sur ses joues, puis finit doucement par en lever une pour la poser sur le genou de Vasco qui reposait contre le sien. Juste pour montrer que le choix était fait et qu'il était là. Il garda les yeux rivés dans le vague, savourant le simple contact de son épaule contre la sienne, de sa main sur son genou, renifla légèrement et lâcha à voix basse :

      - Tu m'as fait mal.

      Mais il restait.
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    Message  Vasco Fair Jeu 29 Déc 2011 - 4:50

      L’attente était la plus insupportable des choses. Vasco savait qu’il ne pouvait que laisser le choix à Oz, qu’il n’avait pas le droit d’essayer de faire quoi que ce soit pour l’influencer, qu’il était obligé de le laisser choisir entre la destruction totale de leur relation et l’acceptation de la situation, de rester auprès de lui et d’en ressortir tous deux plus liés que jamais. Il n’avait qu’une envie, après sa tirade on ne pouvait plus raisonnable : faire l’enfant en se jetant à ses pieds pour le supplier à genoux de lui pardonner, pour lui promettre qu’il ne recommencerait plus, pour lui jurer que tout irait bien, pour lui dire même s’il n’en était pas sûr que jamais rien ne se mettrait entre eux, qu’il pouvait même essayer d’oublier Edryn, qu’il regrettait absolument tout le mal qu’il avait pu lui faire, qu’il lui faisait alors et qu’il lui ferait un jour, pour lui avouer qu’il avait envie de mourir à chaque fois qu’il le faisait souffrir, pour lui conjurer de rester près de lui, pour lui souffler de ne pas l’abandonner, pour lui assurer que lui serait là, toujours, pour lui montrer tout l’amour qu’il éprouvait pour lui. Mais il n’en avait pas le droit, il n’en avait pas le droit alors même que voir dans quel état était Oz lui était insupportable : il se serait attendu à ce que son meilleur ami tente de l’interrompre malgré la fermeté de sa voix, essaye de l’empêcher de continué, trop empêtré dans sa colère pour avoir la moindre capacité d’écoute. Au lieu de quoi il s’était figé comme le lièvre que le renard regarde avec un peu trop d’insistance et qui, un instant, se laisse envahir par la peur, tout en priant pour que la bête sauvage qui compte bien le dévorer le croit non comestible en le voyant immobile. Même alors que Vasco l’avait lâché, Oz ne bougea pas : loin d’apprécier tant d’attention, Vasco fut terrorisé à l’idée d’avoir pu créer tant d’émotions chez Oz. Car en général, s’il ne bougeait ni ne parlait, s’il restait figé, c’était que quelque chose de grave grondait en lui, comme un ouragan qui se préparait, le calme avant la tempête tant décrit. Tempête émotionnelle.

      L’attente angoissée se mua peu à peu en blessure. Oz cherchait ses mots comme si l’on venait de lui porter un coup si violent qu’il en avait le souffle coupé. A cette pensée, Vasco se sentit idiot : bien sûr qu’il lui avait porté un coup violent, certes pas physique comme l’image le suggérait, mais mental à coup sûr. Il savait qu’Oz saurait décrypter son message : et personne ne pouvait rester de marbre face à quelqu’un qui annonçait qu’il était si attaché à l’autre qu’il mourrait si cet autre le laisserait tomber. Si Oz l’aimait un tant soit peu, ça ne pouvait que lui faire du mal, au moins un peu, pas vrai ? L’idée de ne plus le voir, jamais. Surtout si à cela s’ajoutait la culpabilité. Alors oui, avec ses mots, avec son ultimatum, l’artiste avait porté un coup violent à son meilleur ami, à son cœur, à son âme. Il se doutait pourtant bien de l’effet que cela pourrait lui faire : encore une fois, il ne voulait pas lui faire du mal mais il s’en voyait bien obligé, ne serait-ce que pour le bien de leur relation, pour qu’ils ne se détruisent pas l’un l’autre à trop s’aimer et à détruire leur lien à cause de cela. Et c’était justement parce qu’il lui faisait du mal, énormément, que Vasco se sentit terriblement blessé, terriblement. Chaque blessure qu’il infligeait à Oz trouvait en lui sa jumelle : il ne supportait pas de heurter son meilleur ami, il en était alors obligé. Il se détestait alors qu’il voyait Oz à court de mots, à court de souffle, à court de réactions, à court de colère, à court de coup à cause de lui. Ce n’était pas Vasco qui devait blesser Oz, Oz ne méritait pas ça, pas après tout ce qu’il avait pu souffrir jusqu’à présent. Non, c’était l’inverse qui devait avoir lieu : Vasco se sentait suffisamment fort et suffisamment aimant pour supporter tous les coups que lui infligerait Oz. Peut importait s’il était blessé, il s’en relèverait : il était terrorisé à l’idée que, peut être, cela puisse ne pas être le cas pour son meilleur ami. Il détestait le voir si mal.

      Et pourtant il était au plus mal par sa faute. Vasco se sentit catastrophé en voyant les larmes dans les yeux d’Oz, en en voyant une première tomber sans même que le brun ne s’en rende compte tant il était mal et choqué. Il avait envie de se lever, soudainement, pour prendre Oz dans ses bras, fort, en lui soufflant que tout allait bien, qu’il pouvait tout oublier, qu’il était et qu’il resterait là pour lui. Il n’avait pas le droit de faire ça. Il se détestait autant que le soir de sa fugue. Il se détestait au point de se donner presque envie de vomir. S’il avait été seul peut être se serait-il précipité dans la salle de bain pour s’enfoncer deux doigts dans la gorge. Mais il n’était pas seul et il n’avait pas le droit de bouger, il ne pouvait pas faire le moindre geste avant qu’Oz n’ait prit sa décision. Il le fixait, la douleur clairement perceptible dans son œil océan encore visible, toujours figé dans une attente qui le dégoûtait. Il était écoeuré du choix qu’il avait fait de laisser à Oz un tel choix, à cet handicapé des sentiments qui prenait presque toujours la mauvaise alternative lorsqu’il s’agissait de la gestion de ses émotions. Il avait beau savoir qu’il était obligé d’agir ainsi, ça le dégoutait quand même, à un point qu’il n’aurait jamais cru possible. Il ne supportait pas de voir Oz, son Oz qui jouait toujours les durs, qui faisait systématiquement comme si rien ne le touchait, se mettre à pleurer. C’était très rare et à chaque fois que cela arrivait, les larmes du brun créaient un écho chez son ami. Ca lui tordait les trippes d’une façon insupportable de voir son jeune ami pleurer : il se sentait à chaque fois vraiment, vraiment mal, quand bien même il n’y était pour rien : et dans les cas où c’était de sa faute, c’était bien entendu pire que tout.

      Puis Oz agit enfin, après avoir tenté, pudique, de cacher ses larmes avec plus ou moins d’efficacité, ces larmes que Vasco avait déjà vue de toute façon. En même temps qu’il se sentait terriblement mal de voir Oz dans un tel état, Vasco se sentit terriblement soulagé alors que le gosse de riche vint s’assoir à côté de lui – même si le doute demeurait : restait-il là le temps de se reprendre pour mieux jeter son ami après, profondément blessé par l’ultimatum mais pas assez aimant pour rester près de celui qui l’avait posé ? Vasco attendit donc un nouveau geste de la part d’Oz et celui-ci ne tarda pas : doucement, alors qu’il était tout contre lui, Oz posa une main sur le genou du blond. Vasco se sentit irrémédiablement soulagé alors : Oz n’allait pas le laisser tomber, Oz restait près de lui, Oz ne comptait pas partir, Oz l’aimait assez pour ça, Oz devait vraiment beaucoup l’aimer, il avait fait connaitre un sentiment suffisamment puissant à Oz pour que celui-ci sente à quel point les autres pouvaient être important, pour que celui-ci décide de ne pas abandonner quelqu’un qui comptait. C’était très important pour Vasco : ainsi, il sentait qu’il aidé l’handicapé des sentiments qu’était Oz à se faire à nouveau à l’amour et à d’autres sentiments positifs tel que celui-ci, le but étant bien sûr un jour de l’aider à accéder au bonheur – avec ou sans lui, tant qu’il y arrivait, cela suffisait à Vasco, et ce même s’il devait ne pas être heureux pour sa part. Mais après son soulagement profond et sa joie de voir qu’Oz était capable, désormais, de retenir quelqu’un qu’il aimait, ou plutôt ici de rester pour quelqu’un qu’il aimait, Oz lui creva le cœur de sa remarque à voix basse. Il lui avait fait mal. Il le savait mais l’entendre dire par Oz était mille fois pire qu’en avoir simplement conscience : si Oz disait une chose pareille, c’était que c’était suffisamment douloureux pour qu’il en ressente le besoin, c’était qu’il ne parvenait pas tout à fait à le garder pour lui et donc, que c’était grave.

      Vasco se détestait, vraiment, à cet instant. Il en avait presque envie de pleurer : il n’avait pas le droit de faire tant de mal à son meilleur ami qui n’avait besoin que d’amour pour panser les blessures qu’il venait de lui faire, les blessures que son frère lui avait faite, sans même parler de celle que son père lui avait faite et qui était peut être totalement insoignable. Ainsi, tout doucement, le chanteur glissa un bras autour de la taille de son meilleur ami, pour le tenir un peu plus fort contre lui. En même temps, il se tourna légèrement vers lui, pour poser une main sur sa joue et coller sa tempe à la sienne avec douceur. Tendrement, il déposa un baiser juste sous l’oreille d’Oz, essuyant les traces de larmes sur la joue d’Oz de son pouce. Il le tint un instant, contre lui, en silence, parce que ses simples gestes, emprunts de douceur, n’avait pas besoin de mots pour transmettre son message d’amour. Mais un autre message avait besoin de l’aide des mots et Vasco souffla donc, bas, à l’oreille de son ami, quelques mots aussi pleins de douleur que de douceur.

      « Je sais. J’en suis vraiment profondément désolé. »

      Et c’était peu dire, c’était oublier à quel point il se sentait mal. A quel point il se haïssait. Mais ça, Oz n’avait pas besoin de le savoir. Pas pour Vasco en tous cas, qui tenait à épargner son ami.
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    Message  Oz Roland Sam 14 Jan 2012 - 17:35

      Oz garda les yeux baissés sur ses genoux, fixés sur l'étoffe de son jean sans même vraiment la voir. Il se sentait accablé d'une fatigue monumentale, comme si le fait d'avoir versé quelques larmes l'avait complètement vidé de ses forces. Ce qui était peut-être un peu le cas, en vérité, tellement il n'avait pas l'habitude de pleurer. La violence de ses émotions étaient semblables à l'ouragan qui naît soudain, dévaste tout sur son passage puis laisse derrière lui une vaste étendue de vide, de destruction et de désolation. Il en était à cette dernière étape, vidé. Las, fatigué, désappointé. Il ne voulait même plus ne serait-ce que penser à l'épisode du port, à l'annonce de Vasco et tout ce qui en avait découlé de destructions dans son âme. Il n'avait plus vraiment la force, présentement, d'y faire face. Alors il chassa ces pensées dans un recoin de son esprit, sans les oublier, mais en s'efforçant de se concentrer sur quelque chose de plus immédiat, de meilleur pour lui, de plus salvateur, quelque chose à quoi se raccrocher comme le rescapé d'un ouragan qui s'accroche aux décombres pour s'en sortir. Il sentit le bras de Vasco effleurer son dos pour se glisser autour de sa taille et l'attirer contre lui, comme pour l'ancrer à quelque chose de solide. Il garda les yeux baissés mais suspendit sa respiration une seconde sans même s'en rendre vraiment compte lorsqu'il sentit la paume tiède de Vasco glisser sur sa joue et sa tempe venir s'accoler à la sienne. Il pouvait sentir des mèches de cheveux couleur soleil lui chatouiller le front, la joue, légèrement le cou, sans que cela ne le dérange en aucune façon. Il pouvait humer cette odeur qu'il connaissait par cœur, un mélange de saveurs naturelles agrémentées d'une touche de miel. Il pouvait défaillir rien qu'une fraction de seconde en sentant ses lèvres lui effleurer la peau, juste sous l'oreille, comme la caresse d'une plume qui vous ferait suspendre votre respiration le temps d'un battement de cils. Il pouvait expirer doucement en sentant la caresse du pouce sur sa joue, pour essuyer ces larmes qui avaient laissé leurs traces. Il pouvait se raccrocher à tout ça et ne penser à rien d'autre qu'à tout ça, à ces gestes infimes qui n'étaient rien et qui étaient tout. Il n'avait envie de se raccrocher à rien d'autre qu'à ça, juste le temps de s'apaiser.

      Il ferma les yeux pour éclipser le monde et profiter de ces simples petits contacts contre sa peau. Il n'ouvrit pas la bouche, goûtant au silence qui s'étira un moment sans qu'il ne soit nécessaire de le combler. Oz comprenait parfaitement où Vasco voulait en venir en agissant de la sorte, sans dire un mot. C'était leur truc à eux, de se faire comprendre les choses sans passer par la parole. Comme si la relation étrange, indéfinissable et malsaine qui les unissait avec un amour et une passion trop violents pouvait s'exprimer par des mots... Ils n'étaient jamais assez. Mais ils étaient parfois nécessaires. Comme ceux que lui-même avait prononcé un instant plus tôt, et comme ceux que Vasco prononçait à l'instant à son tour. Oz garda les yeux fermés encore une longue seconde avant de les rouvrir avec paresse, sans bouger pour autant. Il savait. Il se doutait qu'il savait. Et il était profondément désolé. Sincèrement désolé. Désolé comme Vasco ne pouvait que l'être, désolé au point de s'en vouloir et de s'en rendre malade, désolé comme il n'y avait que lui pour l'être, sans aucun doute. Oz se doutait de tout ça. Mais est-ce que cela changeait quelque chose ? Pas vraiment. Que Vasco soit désolé ou non, rien ne changerait. Oz prit le temps d'en faire calmement la constatation, le regard perdu quelque part devant lui, une main toujours posée sur son genou et l'autre sur celui de son voisin. Cela lui faisait quand même du bien. D'entendre ces mots, de comprendre ces gestes et de saisir ainsi la portée du message qu'essayait de lui délivrer Vasco. Il avait sincèrement envie de lui faire confiance, de lui prendre la main, de la serrer fort, de ne plus jamais la lâcher et d'accepter enfin de croire que tout irait bien entre eux malgré tout. Il avait sincèrement envie, alors il décida d'essayer. Peut-être pas tout de suite. Mais quand il se relèverait, il essayerait. Sans pour autant perdre de vue ce qu'il ne devait pas perdre de vue, et qui lui faisait mal. Mais là encore, rien ne changerait. L'annonce de Vasco ne changerait pas. Alors à quoi bon être désolé, à quoi bon se prendre la tête, à quoi y penser plutôt que de profiter des instants comme celui-ci, où il sentait Vasco contre lui, où il sentait son amour pour lui ? Il ne voulait penser à rien d'autre.

      - C'est comme ça.

      Sa voix était basse mais tranquille, atone. Résignée. Oui, c'était comme ça. Que ça fasse mal ou non, que Vasco soit désolé ou non, c'était comme ça. Les choses étaient ainsi, ça c'était passé ainsi et Oz était bien placé pour savoir qu'on ne retournait jamais en arrière. À chaque fois qu'il l'avait voulu, il n'avait jamais réussi. Alors ce n'était pas près de changer. Il prit une inspiration et redressa la tête pour décoller sa tempe de celle de Vasco et s'écarter. Ce n'était pourtant pas pour le repousser. Il enleva sa main de son genou et se releva pour échapper au bras autour de sa taille, juste avant de se pencher doucement pour récupérer son pull sans même vraiment le voir. Il avait l'impression que toute sa colère s'était envolée, comme toute volonté de se battre. Il savait que tout cela reviendrait. Et qu'il exploserait à nouveau à un moment ou à un autre. Mais pour le moment, il se sentait juste vide. Et il n'avait envie que d'une chose. Et cette chose, il savait qu'il pouvait l'avoir. C'était tout ce qui comptait. Il enfila son pull machinalement, presque par automatisme, le rabattit sur son ventre puis jeta un coup d'œil à la porte. Il avait été naïf de croire qu'il était arrivé jusqu'ici sans raison et qu'il pourrait repartir seul avec sa colère même après avoir vu Vasco. Évidemment qu'il ne pouvait pas. Il se retourna et vint poser un genou sur le lit pour aller s'y affaler. Il attrapa le poignet du blond au passage et attendit d'être dos au mur, allongé du côté, avant de le tirer vers lui pour tendre les mains. Il le voulait contre lui. Il voulait sentir son corps contre le sien, sentir son odeur et l'effleurement de ses cheveux sur sa peau, le sentir juste là et le garder là. Il voulait juste s'endormir dans ses bras, se réveiller dans ses bras et rester dans ses bras. Là tout de suite, c'était tout ce dont il avait besoin.

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