Nothing can be explain
~ Alice in Wonderland and The Mad Hatter ~
~ Alice in Wonderland and The Mad Hatter ~
- La journée était belle, la journée était chaude, quoique peut-être un peu trop. Sûrement une journée pendant laquelle il faisait bon de flâner quand on s'ennuyait. Mais Wind D'Ascalon, elle, n'avait pas franchement le temps de flâner ça et là dans les rues animées de Sannom. Elle était revenue sur Gamaëlia après ces cinq longues années. Elle avait fuit l'Irlande comme une voleuse, prenant à peine le temps de faire ses adieux à son frère jumeau et à ses parents, lâchement, avec force d'égoïsme, quand même! Et puis, un peu plus de deux semaines après son arrivée dans la grande ville, la jeune femme avait fait la merveilleuse acquisition de ce beau local. Quelque peu désaffecté, certes mais il aurait pu être en ruine, Wind l'aurait trouvé exquis! Par contre, elle le trouva un peu moins super quand elle dû le restaurer elle-même, rapport à son manque flagrant de budget. Néanmoins, une fois qu'elle aurait réussi à vendre quatre ou cinq de ses toiles, elle pourrait peut-être investir dans une personne compétente pour s'occuper de la galerie. Non. Plutôt dix ou onze toiles. Et puis, elle ne le savait pas encore, mais elle n'allait pas avoir besoin de gérant pour sa galerie-boutique qu'était l'Atelier puisque celle-ci serait proprement déserte la plupart du temps!
Pour en revenir à nos moutons, la belle irlandaise avait entièrement préparé ce local acheté pour une bouchée de pain -et petite, la bouchée!- et venait à peine, en cette lourde après-midi, de finir son enseigne. Admirez plutôt les courbes grâcieuses des lettres cunéiformes qui formaient le mot "L'Atelier" ainsi que le joli chapeau haut-de-forme qui allait dorénavant être l'emblême de sa boutique. Les toiles reposaient déjà sur leurs supports à l'intérieur, affichant leurs prix exhorbitants. Alors qu'elle finissait d''installer son panneau au dessus de la porte délicatement peinte de vert, perchée sur un escabeau, Wind soupira d'exaspération pour la troisième fois. Elle commençait à se demander si les gamaëliens valaient vraiment mieux que les terriens. Cela faisait déjà trois fois qu'elle écrasait son talon dans la face d'un homme mal venu. Il fallait dire que pour le coup, elle n'avait pas été très maligne. Elle avait totalement oublié, apparemment, que se percher au sommet d'un objet quelconque en jupe passablement courte n'était pas la meilleure chose à faire, surtout dans une rue autant bondée. C'est pourquoi elle avait distribué les coups à tour de bras, ou plutôt à tour de pied.
Descendant enfin de son perchoir après s'être assurée que tout cela était bien en place, Wind fila dans l'arrière boutique où elle avait accroché son plus beau costume. Enfin, son plus beau costume masculin. Non, il ne s'agissait pas là d'un complet trois pièces comme on aurait pu s'en douter, mais bien d'un déguisement.
Quelques minutes après s'être engouffrée dans sa petite arrière-salle, la jeune femme revint, toute pinpante, ses longs cheveux bouclés lâchés et non plus emprisonnés dans ses éternelles couettes, un chapeau haut-de-forme vissé sur son crâne, une chemise blanche à jabot ainsi d'un veston sombre enserrant sa poitrine. Un short accompagné de bottines complétaient cet accoutrement. Ainsi, elle distribuait tracts et sourires pour son bon compte.
Quand s'offrit à son regard un spectacle fort déconcertant. En la personne d'une autre jeune femme brune elle aussi.
Elle arrêta sa distribution souriante pour fixer ses prunelles d'émeraude sur l'inconnu(e).
Etrange...