Pour changer un peu, Liven était d'humeur massacrante. A priori, rien ne justifiait ce rictus glacial, ce regard exaspéré, et ce dédain profond et arrogant pour les passants. Sa guilde affichait en effet de bons résultats rivalisant avec les Magassionnels et sa situation était des plus enviables. Cependant, il subsistait une ombre au tableau. La fin de l'année scolaire arrivait à son terme à l'Académie de Gamaëlia et jamais encore les Chasseurs de Primes n'avaient réussi à recruter si peu de jeunes Magas. En soit, la chose n'aurait guère été bien grave si la recrudescence de la criminalité n'avait pas quelque peu décimé les rangs, et surtout, si les autres guildes n'en avaient pas eu vent. Mais là encore, cela ne justifiait pas le léger accés de colère du jeune homme. Marchant à grands pas, le visage fermé, il traversa la place publique pour se réfugier au fond d'un café comme il y en avait tant d'autres.
Si les terrases étaient bondées à cette heure de la matinée, les fonds des restaurants se faisaient en revanche plus clairsemés et il semblait que ce fut l'endroit idéal pour ruminer en toute tranquilité. A peine contrarié donc, le jeune homme sortit de la poche de son manteau le journal du jour, objet de son ressentiment.
« Gloire et Décadense des Chasseurs de Primes, tout ce que vous ignorez encore. »
Même le titre était humiliant. Pour l'heure, Liven ignorait encore lequel de ses adversaires politiques était l'auteur de cette presse mensongère, de ces accusations absurdes, de cette farce odieuse. L'article distillait dans un style incorruptible un poison puissant que nul représentant politique n'aimerait voir couler dans son vin, et Liven moins que tout autre. Il savait en intégrant la guilde, il y avait trois ans de cela qu'elle avait mauvaise réputation et que sa popularité surpassait de bien peu celle des criminels qu'elle traquait. Cependant, en prendre la direction, lui avait permis de mettre fin à certaines rumeurs et de vérifier que la simple méconnaissance des gens était responsable de cette mauvaise image. Une image que le journaliste se plaisait à dépeindre en toute élégance, agrandissant les bavures, minimisant les réussites, enjolivant des détails parfois infondés qui ne faisaient que servir son propos. Et pour couronner le tout, la photo de son chef comme s'il était l'instigateur de cette ruine annoncée.
Pour Liven, les choses ne pouvaient pas être pires mais il n'était pas du genre à s'appitoyer sur son sort ou à vouloir étouffer l'affaire. C'était un homme de terrain et se battre ne l'effrayait pas le moins du monde. En fait, il était persuadé qu'un démenti en prime d'une interview exclusive pour le journal concurrent serait une première offensive qui conviendrait parfaitement. De la colère, Liven glissait lentement dans la délicieuse attente d'une vengeance qu'il imaginait avec pertes et fracas.
Un serveur s'approcha de lui et pris sa commande, un simple café noir, avec semblait-il quelque aigreur dans la voix ce qui, vous vous en doutez, était loin d'incommoder le jeune homme qui restait malgré tout un ancien Dalavirien. Tandis qu'il avait en tête ses propres problèmes, il ne vit pas entré une figure qu'il connaissait vaguement pour l'avoir gardé flou dans ses souvenirs.
Si les terrases étaient bondées à cette heure de la matinée, les fonds des restaurants se faisaient en revanche plus clairsemés et il semblait que ce fut l'endroit idéal pour ruminer en toute tranquilité. A peine contrarié donc, le jeune homme sortit de la poche de son manteau le journal du jour, objet de son ressentiment.
« Gloire et Décadense des Chasseurs de Primes, tout ce que vous ignorez encore. »
Même le titre était humiliant. Pour l'heure, Liven ignorait encore lequel de ses adversaires politiques était l'auteur de cette presse mensongère, de ces accusations absurdes, de cette farce odieuse. L'article distillait dans un style incorruptible un poison puissant que nul représentant politique n'aimerait voir couler dans son vin, et Liven moins que tout autre. Il savait en intégrant la guilde, il y avait trois ans de cela qu'elle avait mauvaise réputation et que sa popularité surpassait de bien peu celle des criminels qu'elle traquait. Cependant, en prendre la direction, lui avait permis de mettre fin à certaines rumeurs et de vérifier que la simple méconnaissance des gens était responsable de cette mauvaise image. Une image que le journaliste se plaisait à dépeindre en toute élégance, agrandissant les bavures, minimisant les réussites, enjolivant des détails parfois infondés qui ne faisaient que servir son propos. Et pour couronner le tout, la photo de son chef comme s'il était l'instigateur de cette ruine annoncée.
Pour Liven, les choses ne pouvaient pas être pires mais il n'était pas du genre à s'appitoyer sur son sort ou à vouloir étouffer l'affaire. C'était un homme de terrain et se battre ne l'effrayait pas le moins du monde. En fait, il était persuadé qu'un démenti en prime d'une interview exclusive pour le journal concurrent serait une première offensive qui conviendrait parfaitement. De la colère, Liven glissait lentement dans la délicieuse attente d'une vengeance qu'il imaginait avec pertes et fracas.
Un serveur s'approcha de lui et pris sa commande, un simple café noir, avec semblait-il quelque aigreur dans la voix ce qui, vous vous en doutez, était loin d'incommoder le jeune homme qui restait malgré tout un ancien Dalavirien. Tandis qu'il avait en tête ses propres problèmes, il ne vit pas entré une figure qu'il connaissait vaguement pour l'avoir gardé flou dans ses souvenirs.