Aujourd'hui, les élèves de l'Académie n'avaient pas cours de la journée.
Alors Dalaviriens et Nashaoviens en profitaient pour s'adonner à leurs activités préférées. Généralement sortir dehors pour les Nashaoviens et rester à l'intérieur du château pour les Dalaviriens ... Généralement. Ama était certes une Dalavirienne, mais elle était aussi une Terrienne. Alors elle se fichait pas mal des préjugés qu'il y avait sur les deux maisons de l'académie. Elle faisait ce qu'elle voulait, point.
Elle avait donc pris un petit-déjeuné seule, tranquillement, puis elle avait passé sa matinée à se balader dans les couloirs de l'académie, avec Makim. Puis elle avait été dans sa chambre une petite heure pour lire, jusqu'à ce qu'elle en ait marre. Ce fut à ce moment là qu'elle voulut aller faire un petit tour en ville. Pas qu'elle aimait particuliérement la foule, bien au contraire, mais Ama avait envie de sortir, de sentir le léger vent contre sa peau ... Elle s'était donc séparée de son familier, le Léopard des neiges préférant se rendre au parc des Familiers, puis elle était sortit par les grandes portes du hall.
Le chemin de l'Académie à Sannom n'est pas extrémement long, mais Ama prit néanmoins tout son temps, marchant à une allure modérée. Elle n'était pas préssée. Elle n'était pas là pour aller faire des emplettes, elle était juste là pour être là. Elle était restée habillée de sa robe blanche et avait laissé ses clongs cheveux noirs cascader librement dans son dos. Après tout, Ama n'était pas du genre à changer de tenue juste parce qu'elle allait en ville. Et puis elle était encore un peu jeune pour s'interesser à la mode. Et elle avait d'autres problèmes auxquels penser ...
Elle arriva finalement dans la ville, mais elle ne s'arrêta pas devant les vitrines et continua son chemin. Elle affichait un air absent devant les gens qui se pressaient-là, le visage radieux en raison du soleil, puis ces visages devenants soudain soucieux quand des nuages gris se profilèrent dans le ciel. Bien qu'il ne pleuvait pas, pas encore du moins, les gens commençaient à entrer dans les bars et cafés, leurs sachets d'achats avec eux. Ama les regarda avec un sourcils levé. Elle ne comprenait pas l'aversion des gens, Terriens ou Gamaëliens, pour la pluie. Ce n'était quand même pas quelques gouttes d'eau qui allaient leur pourrir la journée, tout de même ? Il fallait croire que si.
Bref, il ne pleuvait toujours pas, alors Ama ne voyait pas l'utilité de rentrer. Elle continua de flâner dans les rues, ne faisant progressivement plus attention à ce qui l'entourait. Ses pensées se tournèrent irrésistiblement vers son frère et sa soeur, qu'elle n'avait plus revu depuis 1 ans et demi maintenant. Comment allait Sora ? Comment Gadriel vivait la situation ? Tant de questions se bousculaient dans la tête d'Ama, comme toujours, mais elle n'en formulait jamais une à voix haute.
Jamais.
Tant occuppée à ses pensées, Ama ne se rendit pas compte de la rue qu'elle venait d'emprunter. Si elle n'aurait pas été si absorbée par ses questions sans réponses immédiates, elle aurait remarqué ces ruelles crasseuses, l'atmosphère soudain changeante et plus sombre ... Elle se serait douté alors que ce quartier-là n'était pas conseillé, même si elle ne le connaissait pas, et aurait fait aussitôt demi-tour. Seulement, Ama ne vit rien de tout çà. Pas tout de suite. Elle ne revint à la réalité que quelques minutes après, et elle était déjà bien avançée dans l'enchevêtrement de ruelles sombres, aux innombrables vitres cassées. Les yeux violets d'Ama observèrent les quatres coins de la ruelle dans laquelle elle se trouvait, et elle comprit enfin qu'elle n'était pas dans un endroit recommandé.
Seulement, il était déjà trop tard.
Ama se retourna vivement quand elle entendit un bruit de pas derrière son dos.
Il faisait incroyablement sombre à cet endroit, mais l'homme qui venait de s'arrêter à quelques mètres était recouvert d'une cape encore plus noire. On ne voyait pas son visage, car il avait rabattu sur son crâne la capuchon de sa cape, projettant son visage dans l'ombre. Mais visiblement, ce n'était pas le genre de gars avec qui on rigolerait bien. Ama senti un frisson lui parcourir la nuque. Elle lança néanmoins, d'une voix qui se voulait assurée mais qui était tout de même un peu tremblante :
- Eh ! Qui êtes-vous ?
L'homme ne bougea pas un muscle. On aurait dit une statue. Ou ce genre d'aligators qui se faisaient passer pour un tronc d'arbre innofensif avant d'attaquer sa proie ... Ama ne se sentit pas rassurée du tout, et elle recula instinctivement d'un pas en fermant les poings.
- Répondez !
L'homme - si c'en était un - du sentir le tremblement dans la voix de la jeune Dalavirienne, car il redressa très légérement la tête, juste de sorte que ses lèvres soient visibles. Ama eut juste le temps de voir un sourire sadique à en faire froid dans le dos, avant que l'homme bondisse en avant avec une vitesse stupéfiante. Elle réagit aussitôt, alors qu'elle sentait de longs doigts fins et glaçés se saisir de son bras. Elle essaya d'oublier un instant la peur qui lui tenait l'estomac et plaqua sa main libre contre le front de l'homme encapuchonné en criant :
- Expulso !
L'homme fut projetté en arrière sur plusieurs mètres, mais en un battement de cape, il fut de nouveau en train de courir à une vitesse effrayante vers Ama. Perdant le contrôle de son sang-froid en sentant de nouveau les mains glaçées lui saisir les bras, Ama se débattit de toutes ses forces, en envoyant coups de poings et coups de pieds en criant :
- Lâchez-moi, lâchez-moi ! Laissez-moi ! Laissez-moi !
La première goutte de pluie tomba du ciel et s'écrasa sur la rue principale et pavée de Sannom. Les gens commençèrent alors à s'entasser dans les bars et les cafés. Tous.
Presque tous.
( Liiiiiibre pour les gens qui sont actifs ces derniers temps ^^ )