On se serait cru en hiver. En cette saison, l'extérieur de l'Académie, et surtout le grand Hall, était magnifique. Une fine couche de gel s'était déposée sur les lignes d'or décoratives de la façade, et Arwen ne put qu'être ébahie devant la majestuosité des lieux.
Un an qu'elle avait quitté l'Académie, comment avait-elle pû ne pas y revenir, simplement pour admirer cet endroit magique ? La jeune fille ne s'éternisa pas, elle voulait être à l'heure à cours particulier que lui décernait la prof de soins.
Lorsqu'elle apprenait à Nashao, l'adolescente n'avait aucune idée du prestige et de l'image de l'école et de sa directrice qu'avaient les habitants de Sannom. En une année, Arwen s'était vue répéter qu'elle avait eu une chance inouïe de suivre les cours d'Isabelle Serpha. Et aujourd'hui débuteraient de nouveaux cours, particuliers cette fois !
Bien entendu, la jeune fille connaissait les méthodes de travail de la grande femme, mais une motivation sincère l'empêchait de penser aux risques qu'elle encourait à se rendre de son plein gré dans une salle, seule avec son professeur.
L'Arimage se trouvait maintenant dans les couloirs du premier étage, marchant d'un pas rapide en déserrant l'écharpe autour de son cou. Il faisait bon, ici. Elle s'arrêta un instant, hésitante. Cela faisait un an qu'elle n'avait pas parcouru ces couloirs, et avait un doute. Arwen sortit de sa poche un petit morceau de papier froissé, ne comportant qu'un numéro. #3. Recouvrant soudainement la mémoire, la jeune fille bifurqua à droite et déboula dans un grand couloir aux grandes fenêtres donnant sur les jardins, qui semblaient endormis à cet époque. Immortels. Recouvertes de la même couche de givre que celle du Hall, les statues étaient mille fois plus belles que dans ses souvenirs. Et cet étang gêlé, là-bas !
Si elle n'avait pas été pressée par le temps, l'ex-Nashaovienne serait descendue dans ses jardins s'y promener seule. Peut-être aurait-elle rencontré Lina et Leïla, ainsi que Nàrië, qu'elle n'avait pas revues depuis une éternité ! Mais non, songea-t-elle, Isabelle lui avait défendue de traîner dans l'Académie. Elle n'y était plus élève, après tout...
Arwen reprit donc le chemin de la salle d'étude n°3, et y fut bientôt. Légèrement anxieuse, l'Arimage prit le temps de reprendre son souffle, légèrement précipité par la vitesse de ses pas, puis frappa deux coups et ouvrit la porte.
La directrice l'attendait là.