Un chasseur sachant chasser...[Terminé]

Des craquements de brindilles annoncèrent l'arrivée d'Orion dans la sorte de clairière qui tenait lieu de rendez-vous aux deux hommes. Les mains dans les poches de son long manteau, le jeune homme s'arrêta en face, à quelques mètres de celui qui était recherché depuis quasiment un an. Il était assez étrange de se dire qu'il avait devant lui un des hommes les plus puissants de la ville avant l'arrivée des vampires, le seul homme qui avait encore la vie sauve parmi la catégorie précitée, le seul homme connu qui osait leur tenir tête. Il était assez étrange de se dire que cet homme était d'à peu près cinq ans son cadet.

De la buée sortait de sa bouche, dans l'air frais de l'aurore, tandis qu'il détaillait celui qui serait son adversaire. La partie semblait gagnée d'avance : sans ses pouvoirs, l'ex Chasseur de Primes ne faisait pas le poids face à lui. De plus, alors que des armes discrètes telles des poignards ou des armes de lancé auraient normalement suffis, il arborait dans son dos une lourde épée à double tranchant, rangée dans un fourreau noir. Il affectionnait beaucoup les armes lourdes, quitte à s'encombrer plus qu'il ne devrait. Mais ça ne le gênait pas souvent.

Alors comme ça, l'ex chef des Chasseurs de Primes veut discuter avec les Meragas ? Il me semblait pourtant que vous ne nous portez pas dans votre cœur...

Orion ne se privait pas pour afficher un sourire clairement arrogant et provocateur. Après tout, il était sûr de gagner. Et Liven n'était pas censé savoir qu'il allait être attaqué. Oh, il devait s'en douter, mais penser que la magie le tirerait d'affaire. Grossière erreur.

Je vous écoute, quelles propositions voudriez-vous nous faire ?

Il savait qu'il devrait normalement ressentir de l'agacement à l'idée de devoir quand même discuter de ça, mais il faisait abstraction de ce sentiment qui ne lui apportait rien. Nonobstant (je n'aurais jamais cru pouvoir un jour placer ce mot en RP) l'Akaëlien qui l'avait envoyé avait été très clair : ça arrangerait beaucoup la guilde que Liven meure, mais s'il avait de bonnes idées pour botter les fesses des vampires, c'était à considérer. J'ai bien écrit : à considérer. On n'avait pas dit que la présence de Liven était nécéssaire. Mais personne ne se faisait d'illusion : seul Orion saurait ce qui allait être dit, et il était libre de raconter n'importe quoi sans que personne ne mette sa parole en doute. Et les Meragas aussi bien que les Akaëliens savaient qu'il cherchait la gloire avant tout. Or, réussir à battre un des Magas les plus puissants de sa génération sans être soi-même Maga confirmé, amenait une immense reconnaissance.

Il avait tout à gagner.

- Les Meragas se contentent parfaitement
de la situation, et le fait que les Chasseurs de Primes n'aient plus de
chef - autre que la marionnette actuelle - les arrange bien. De plus,
un rôle de soutient dans une rébellion contre les vampires, et même de
diversion, n'est pas dans l'intérêt de la guilde. C'est encore une
histoire à se retrouver bon dernier. Donc c'est non.

**C'est dans des moments comme celui-ci que j'aurais des choses à dire sur la fierté mal placée.** gromela la genette dans la tête de Liven qui accusait le coup de cette annonce décevante.

**Tu sais très bien que c'est un peu plus compliqué que cela, les guildes suivent des intérêts parfois contraires.**

- Je...

- Les Akaëliens, pour leur part, sont
encore plus satisfaits de la situation, puisque c'est devenu une guilde
officielle. Bien entendu, ça ne change pas grand-chose, mais ils ne
comptent pas s'appuyer sur quelqu'un d'autre qu'un membre de leur
guilde pour renverser le pouvoir s'ils le voulaient. A moins que vous
ne vouliez rejoindre l'Akaëlia ?

Cette fois-ci, le visage du jeune homme perdit son masque de glace. Ses sourcils se froncèrent et ses iris azur ne lâchèrent plus celles de son interlocuteur tandis qu'il s'était redressé sous l'effet de surprise. Ignorant l'étranglement mentale de Sabbat à l'évocation de l'Akaëlia, il dut lui-même accepté la seule explication possible : cet homme était un agent double. La main que Liven avait laissé dans la poche de son manteau se resséra sur son arme et ses yeux trahissaient sa méfiance malgré le ton décontracté du Méragas, ou de l'Akaëlien, c'était au choix.

- Bref, l'Akaëlia non plus n'est pas disposée à accéder à votre requête.

**LIV' !**

Comme Sabbat, Liven avait remarqué la légère tension dans les épaules du combattant, la contraction de la machoire, le poing se ressérant. Autant de signes qu'il avait appris à repérer et qui trahissaient une attaque imminente. Le jeune homme bondit en arrière en érigeant une bulle de protection...

- Hai !

...qui vola en éclat.

- Protectio.

Formulés ou non, ses sorts ne se matérialisaient pas. Rien chez son agresseur n'avait laissé supposer une telle puissance magique. Quel sort avait-il utilisé pour sceller la sienne ?

**Tu te poseras des questions plus tard ! Bouge.**

Par réflexe, il lança un sortilège non formulé pour se protéger mais comme les autres, il échoua. Il avait raté les quelques dixièmes de secondes dont il aurait eu besoin pour dévier les poignards. Sabbat plongea de la branche où elle se trouvait. Frappant le poignard qui visait le visage et le déviant avant de rouler-bouler dans l'herbe. Liven s'en sortit avec une coupure au niveau de la tempe qui se mit aussitôt à saigner abondamment. Pour autant, c'était le dernier de ses soucis. Le deuxième poignard avait atteint sa cuisse et il l'en extirpa avec difficulté. En temps normal, il aurait réglé ça avec un sort de soin... Liven sortit son arme à feu. Par chance, il restait un très bon tireur. Il fit un cercle en prenant soin de ne s'appuyer que sa jambe valide.

**Sabbat ?**

**Ca va, je suis juste un peu sonnée. Je n'ai heurté que le plat de la lame même si ça fait mal. Franchement, tu pourrais faire plus attention. Et puis tu es lent et...**

**On verra après les remontrances. Où est-il ?**

**Il bouge, sur ta droite. Il faut dire que tu te débrouilles toujours pour être dans des situations impossibles.**

Elle avait raison : la situation, sans magie, était vraiment critique. Liven n'était pas un combattant. Ses chances étaient minces.

- Qu'est ce que vous voulez ? Demanda-t-il en se tournant dans la direction indiquée.

Le sort avait bien marché, heureusement. Liven avait semblé très surpris, et c'était normal, mais il avait réussi à réagir rapidement et les lames qu'il avait lancé n'avait pas fait de dégâts importants, à part sur sa jambe qu'il ne pourrait plus vraiment utiliser. Bon, Orion avait déjà réduit la vitesse de son adversaire. Il allait peut-être pouvoir en finir rapidement. Ou pas.

* Tal' nrijtol palfn' ! Ce trun a un flingue ! *

Mieux vaut ne pas traduire.

L'ex CdP avait sorti une arme à feu. Ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout prévu. Le Meraga n'avait rien pour contrer une balle, on lui avait dit que Liven était trop sur de lui pour se munir d'autres chose que de ses pouvoirs... Quel crétin il faisait ! Il fallait dire à sa décharge que les armes à feu était très difficile à se procurer sur Gamaëlia, mais tout de même... Il jura mentalement une nouvelle fois. Bon, le prochain objectif était de le désarmer, mais comment faire ? Dans tous les cas il ne devait absolument pas se montrer, ou c'en était fait de lui. Les arbres seraient ses alliés imprévus le temps de cette bataille. Il ne restait plus qu'à espérer que sa proie tirait comme ses pieds, mais c'était peu probable.

- Qu'est ce que vous voulez ?

Liven se tourna vers lui. Averti de sa position par la genette, sans doute. Elle serait gênante aussi... Orion réfléchit rapidement. Il fallait qu'il bouge sans se faire repérer, mais le familier... Il se déporta du côté opposé à la genette, dans sortir du couvert des arbres. Ca lui laissait le temps de répondre tout en se rapprochant de l'animal et en faisant le tour du Chasseur de Primes pour le désorienter.

Le grand chef des Chasseurs de Primes devrait se tenir plus au courant des jolies sommes qui courent sur sa tête. Il devrait également se douter que les Akaëliens aimeraient le voir mort...

Sa voix ne semblait pas venir d'un endroit précis. Il avait appris à la "disperser" dans la forêt durant son enfance. Très pratique pour ne pas se faire suivre. Une fois qu'il eut fini son tour incomplet de la mini-clairière où se trouvait Liven, et qu'il se retrouva par conséquent proche de la genette, il lança un grand tissu noir sur elle. Bien sur, le familier aurait eut le temps de le repérer, mais elle ne s'attendrait peut-être pas à se faire attaquer de cette façon. Comme ça, Liven ne pouvait plus compter que sur lui-même pour repérer son ennemi. Sans regarder si son coup avait réussi, il lança encore deux lames et sortit du couvert des arbres pour courir vers le dos du jeune homme. Ce faisant, il sortit son épée, prêt à frapper.

[Hj : J'ai l'impression de me retrouver sur un forum de Naruto vu que je combats pas avec la magie xD]

**Il fait le tour...je crois.**

**Comment ça tu crois ?**

**Il utilise un sort pour disperser les sons, je n'arrive pas à le localiser très précisément.**

Comment ça il utilisait un sort ? Depuis quand Liven n'était-il pas capable de déceler l'utilisation d'un sort ? Il avait toujours eu beaucoup de facilité à sentir leur composition, leur utilisation, leur action. Pourquoi aujourd'hui tout cela lui semblait-il impossible. Tendu à l'extrême et de plus en plus frustré par son incapacité à utiliser la magie, Liven écarta ces questions de ses priorités. Tout ce qu'il avait à faire, c'est attendre une ouverture et tirer. Magie ou non avec une balle touchant un organe vital, son adversaire ne pourrait pas survivre.

**Il n'empêche que ça m'aura appris quelque chose.**

**Quoi ?**

**Je n'écouterai plus jamais tes discours philanthropes.**

**J'espère que tu pourras toujours le faire quand ça sera fini.**

Liven retrouva son calme et son sérieux. C'était la première fois qu'il craignait de mourir, Sabbat le sentait. Ce type était un professionnel, comme Liven et il maîtrisait la situation. Cette fois-ci il ne s'en tirerait pas avec un sortilège audacieux ou avec de belle parole. S'il devait s'en sortir, il ne pouvait compter que sur lui-même. Soudain, il se mit en action. Arrivant dans le dos du chasseur de primes, il s'occupa en premier lieu du familier qui s'empétra dans le tissu. Liven se retourna vivement, utilisant sa jambe blessée mais tachant de ne pas prêter attention à la douleur. Il se jeta au sol et évita ainsi les deux lames qui fusaient dans sa direction. Utilisant sa position qui lui permettait de faire face à son agresseur avant qu'il ne le rejoigne, mais qui avait l'inconvénient de le rendre plus vulnérable lorsque cela serait fait, il ajusta son arme en direction de sa cible. Courant vers lui, dégainant son épée, il était rapide. Liven tira deux coups en visant les jambes mais la courte fenêtre d'exécution ne lui garantissait pas une grand précision, roula sur le sol en attrapant le tissu pour libérer Sabbat et se releva avec maladresse en reprennant immédiatement en joue le jeune homme. La respiration saccadée, la douleur dans sa cuisse le lançait. Il ne pourrait pas combattre comme cela pendant très longtemps. Son véritable domaine c'était la magie. Il n'était pas taillé pour le corps à corps. Il devait gagner du temps.

- Quel est ce sort que tu m'as lancé ?



[tu as été "égratiner" par les balles ; juste pour info c'est au moment ou tu lui porteras le coup fatal que le revirement de situation aura lieu.]

[Hj : Ok. Mais je te prépare une surprise aussi x) ]

Liven avait réussi à éviter les lames en se baissant, de toute façon Orion n'avait pas compté sur elles pour le tuer ou même le blesser, il voulait juste le ralentir. Il courait toujours vers sa proie lorsque deux coups de feu retentirent. Sans vraiment d'expérience dans ce domaine - il savait juste que les balles allaient vite et étaient mortelles - il sauta sur le côté par réflexe. Les deux balles frôlèrent son pied droit, et leur vitesse était telle qu'il fut égratigné. Il n'avait jamais vu ça. Ce serait intéressant de s'en procurer une fois le duel fini... Il atterrit plus ou moins souplement, évitant de s'appuyer sur son pied droit. Il avait perdu toute sa vitesse et ça ne valait plus le coup d'attaquer maintenant, surtout que Liven s'était relevé et avait libéré son familier. Maintenant, il était devant quelqu'un en possession d'un revolver, et tenu en joue par lui. Chouette perspective.

- Quel est ce sort que tu m'as lancé ?

Orion toisa son adversaire un instant. Soit il voulait vraiment savoir, soit il cherchait à gagner du temps. Dans tous les cas il pouvait aller se faire voir pour la réponse : ce n'était pas dans les habitudes du Meraga de livrer des informations. Il analysa rapidement la situation : le couvert des arbres était trop loin pour qu'il puisse y aller avant un coup de feu, et Liven le tenait sous la menace de son arme à feu. Il n'avait pas vraiment le choix sur la conduite à tenir.

Un sort ? Quel sort ?

Il avança d'un pas en regardant le jeune homme. Il pensait que celui-ci ne reculerait pas, plus ou moins rassuré par son arme et handicapé par sa jambe.

Celui qui brouille ma position ?

Un autre pas. Son expression était narquoise, assurée, pour troubler l'ennemi. Il tenait toujours son épée en main, la pointe vers le sol.

Disons que c'est un truc que j'ai appris quand j'étais petit.

Sans crier gare, il se précipita vers Liven, baissé en dessous de l'arme à feu. Il éviterait ainsi les premiers coups de feu, malheureusement pas les suivants… Mais l'ex Chasseur de Primes n'aurait pas le temps d'en tirer d'autres. Orion fit décrire un arc de cercle à son épée pour forcer son ennemi à sauter, puis la releva pour l'achever, dans un mouvement ample et maîtrisé.

[Hj : Dis-moi si tu veux éviter avant x) J'éditerai. ]

Liven avait enfin l'avantage ! L'attaquer, c'était prendre le risque de mourir dans la seconde. Ils étaient trop proches pour que le jeune homme rate sa cible.

Un sort ? Quel sort ?

- Restes ou tu es.

Celui qui brouille ma position ?

Liven tira au sol juste à ses pieds alors qu'il achevait un deuxième pas.

- Je t'ai dit de ne pas bouger.

Disons que c'est un truc que j'ai appris quand j'étais petit.

**Merde !**

Ils étaient trop proches pour qu'il rate sa cible. C'est ce qu'il croyait... Liven tira, visant le buste où plutôt l'endroit où il se trouvait l'espace d'un battement de paupière. Avant qu'il ne puisse ajuster, il était déjà sur lui. Comme au ralentit, il le vit relever la tête, profiter de son élan pour bouger, faire glisser son arme dans un large mouvement circulaire. Liven se jeta en arrière mais la lame eut le temps de laisser une estafilade peu profonde sur son torse. Déséquilibré par sa jambe blessée, il tomba sur le sol, portant la main à sa blessure. Une dernière fois il essaya de formuler un sortilège, mais rien. Rien d'autre que l'impuissance qu'il ressentait. Déjà le Meragas relevait son arme pour l'abattre tandis que Sabbat se tenait sur Liven et crachait à la manière des chats. Jusqu'au bout, elle le protégerait... Etait-ce cela mourir ? Il sentait son sang chaud et poisseux s'échapper de sa dernière blessure. Il sentait la douleur avec une acquitté dont il se serait bien passer. Il sentit un sentiment qu'il ne connaissait pas : le désespoir. Oui, tout allait être fini ici. Lorsque cette épée se serait abattue sur son corps faible et fragile de simple humain, il ne resterait plus rien à faire. Liven allait mourir dans cette forêt, tué par un magas de pacotille, un simple assassin qui l'avait vaincu avec fourderie. Il se mit à trembler. Etait-ce de peur ? Les yeux écarquillés qu'il levait vers son assassin flamboyaient-ils de ce sentiment lâche ?

**Pathétique.**

Il n'avait aucun moyen de fuir, de se protéger, de contre attaquer... C'était inéluctable. Alors pourquoi tremblait-il plus violemment encore maintenant qu'il avait accepté sa fin ? Le sort... Celui qui l'empêchait de faire de la magie... Liven le sentait désormais... Que ce passait-il ? L'imminence de sa mort réveillait-elle ses sens, son don ? Il ne chercha pas à comprendre, il n'avait pas le temps. Il sentait juste que le sortilège était puissant, complexe, sans faille. Il comprit qu'il ne pourrait pas le détruire. Il n'essaya même pas. Il n'en avait pas besoin. L'épée s'abaissa, Liven cessa de trembler. Il leva juste la main, sentit le sang couler le long de son bras lorsque le fer entaya sa paume. Il vit l'incompréhension dans le regard du Meragas. Un coup avec une telle force aurait simplement du trancher la main sans même qu'il ne ressente la moindre résistance. Liven referma ses doigts poisseux sur la lame, l'empêchant d'être relevée. Il savait ce qu'il avait à faire. Il savait qu'il en avait la force. L'incantation s'éleva de ses lèvres sans même qu'il n'ait à y réfléchir.

- Sang, toi le venin de mes veines, cours dans les siennes et cissaille sa chair.

Ce fut instantané. Tellement plus facile et rapide que la magie ordinaire ! Le liquide de sa main s'assombrit, reflua du bras sur lequel il coulait pour serpenter sur la lame de l'épée à une vitesse folle en direction du Meragas. Qu'il ait pressenti ce qu'il se passait ou que ses prodigieux réflexes de guerriers se soient manifestés, il lacha immédiatement son arme juste avant que le liquide maléfique n'atteigne la garde. Une garde qui se fissura et éclata en morceau avec le reste de l'arme. Les éclats de métals et les gouttes de sang retombèrent sur le sol alors que le bruit de la rupture de la matière s'évanouissait. Liven se releva. Il se sentait bien. Ses blessures étaient toujours présentes mais il ne ressentait plus la douleur qui l'avait affaibli tout comme la fatigue qui avait disparu. Sorel l'avait prévenu : l'impression de puissance était incomparable. Il la sentait dans chaque partie de ce corps blessé, vibrante dans l'air autours de lui, augmentant la rapidité de sa réflexion. Même durant ses entraînements éreintants, elle n'avait jamais pris cette ampleur. Sabbat se tenait à quelques pas de lui, effrayée. Effrayée par cette terreur qu'elle avait ressenti quand elle avait cru qu'il allait mourir. Effrayée par la puissance de la magie dont Liven faisait maintenant usage. Effrayée par la vision qu'elle avait de lui et de ce qu'il pensait. Debout, ses vêtements en lambeaux, sa chemise déchirée laissant voir la vilaine plaie qui barrait sa poitrine, le visage et les mains tâchées de sang parfois sécher, ses cheveux bruns en bataille qui surmontaient ses yeux... Ses yeux qu'elle n'avait jamais vu aussi bleus, aussi clair. Ils étaient limpides comme le ciel pâle qui avait succéder à l'aube. Et ils fixaient ceux du Meragas avec l'intensité d'un tueur qui s'apprête à donner libre cours à son talent... Tout son talent...

Orion entendit un coup de feu, sentit l'air se déplacer à grande vitesse juste au-dessus de son dos, avant qu'il ne porte son attaque. Il avait eu chaud, dans les deux sens du terme ! La lame laissa une estafilade rouge sur le torse de son ennemi, et sa pointe se couvrit du liquide. Le Meraga ressentit une satisfaction qu'il étouffa aussitôt ; rien ne devait le déconcentrer. Le visage fermé, il fit abstraction du familier de Liven qui voulait le protéger au péril de sa propre vie. Il avait déjà vu ça assez de fois pour ne pas se laisser attendrir par des bébêtes à poil toutes mignonnes... Son arme, levée, il vit passer toutes sortes d'émotion sur le visage de sa proie. L'incompréhension, le désespoir, la peur... Oui, c'était bien de la peur, ce qu'il voyait ! La peur de mourir, parce que c'était une mort non voulue, un coup du sort. Le sort qui avait été jusque là si favorable à Liven Reaves semblait se retourner contre lui. Il devait se demander pourquoi... Le Meraga s'autorisa un petit sourire, abattit son arme.

Il écarquilla les yeux. Etait-ce possible ? Pouvait-on arrêter une épée lancée avec cette force simplement avec une main ? Sans pouvoir lancer de sort ? Non... Orion ne comprit pas, ne réagit pas. Une idée se fraya un chemin dans son esprit tétanisé pendant que Liven incantait : et si le chef des Chasseurs de Primes maîtrisait la magie noire ? Le sort ne la bloquait pas, et cela n'aurait rien de réellement étonnant venant d'un tel personnage... Alors, il lâcha son arme et recula d'un bond. Le sang devenu noir de son ennemi venait d'atteindre la garde, et l'épée explosa proprement. Un éclat de métal entailla légèrement son bras, mais il n'y prêta pas garde, toute son attention concentrée sur Liven. L'idée s'était confirmée, et ce n'était pas bon, mais alors pas bon du tout... Du coin de l'œil, il vit que la genette s'était écartée de son humain. Effrayée ? Avait-elle peur de lui ? Les yeux d'un bleu profond d'Orion étaient comme capturés par ceux, d'un bleu ciel incroyablement clair, de Liven. Il n'arrivait pas à détourner son regard de l'émotion qu'il ressentait à travers ce lien. Et cette boule qui se formait lentement, dans le creux de son ventre, qu'était-ce ? On lui avait dit qu'on appelait ça "l'angoisse". Oui, ça ressemblait à la définition de ce mot. Quoi, il ressentait de l'angoisse ? Lui, Orion Costell ? Soudain, il comprit qu'il était foutu. Que faire contre la magie noire ? Avait-il une solution ? Il avait tout misé sur le sort qui ligoterait les pouvoirs de Liven. C'était une erreur, ce serait sa dernière. Les intentions de son ennemi étaient claires.


Le lien s'était fait sentir, encore. Plus insistant que d'habitude, plus fort aussi. Ne pouvait-il pas la laisser en paix ? Elle n'avait rien demandé !
Elle secoua la tête, tentant de s'en débarrasser. Mais le lien revint, pressant. Elle ressentait comme une force urgente qui la poussait à délaisser son repas, à se diriger vers cet endroit, pas loin de la cité des hommes.
Un appel à l'aide ! Avant même d'avoir pleinement compris, elle s'était propulsée contre un arbre et était partie.


Orion recula encore de quelques pas, sans quitter son adversaire des yeux. Il écarta une mèche devant ses yeux. Sa seule chance était de réussir à fuir. Mais pour cela, il fallait détourner l'attention du Chasseur de Primes et même ainsi, ses chances étaient minces. Allait-il finir comme ça ? S'était-il attaqué à un poisson trop gros pour lui ? C'était tellement injuste !


"Vite ! Vite !"
L'appel à l'aide cognait dans sa tête, répétait inlassablement les mêmes mots. Elle accéléra encore.


La réflexion qu'il s'était faite à propos du coup de sort que subissait sa proie, il y avait de cela quelques secondes - quoi, seulement ? Il avait l'impression que cela faisait des minutes, des heures.... - s'imposa à son esprit, appliqué à lui. Non ! Il envoya valser la fureur qui menaçait de l'envahir et retrouva son calme habituel. D'accord, il allait mourir. Ce n'était pas une idée facile à accepter, mais il n'était pas n'importe qui. Il savait bien qu'à force de risquer sa vie, on finissait par la perdre. Mais il ne voulait pas partir comme ça. Il emmènerait le chef des Chasseurs de Primes dans la mort avec lui ! Son changement d'attitude et sa détermination devaient se lire dans son regard, apporter des informations à l'ennemi, mais il n'en avait cure.


"Stop !"
Elle s'arrêta brusquement d'un saut parfaitement maîtrisé sur une branche. D'ici, on voyait toute la scène. Elle ressentit une haine viscérale en apercevant un jeune homme brun, et dut se maîtriser pour ne pas lui sauter dessus immédiatement. Il menaçait Orion ! A son égard, elle ressentait un sentiment indéfinissable, mais une certitude : elle devait le protéger.


Le Meraga sentit la présence rassurante de Kyl. C'était la première fois qu'il ressentait ça, mais savait ce que c'était. Il savait exactement où elle était, partageait sa vision, ses sentiments. Il savait qu'elle était d'accord avec lui. Ils venaient de se trouver. Maintenant, ils n'avaient plus rien à perdre.

[Hj : J'avoue m'être un peu lâchée là xD]

[en même temps, c'est le but...]



Il recula, prudemment. Ce tueur expérimenté qui maitrisait la situation depuis son arrivée semblait désemparé. Ses yeux et son visage avaient perdu leur impassibilité et traduisaient ses émotions probablement plus vivement qu'il ne le souhaitait. Etonnement, doute, angoisse...il commençait à comprendre. Il commençait à pressentir le destin qui l'attendait, qui courrait à lui, inévitable. Mais pour lui l'enjeu de ce combat venait de changer. Il n'espérait plus le vaincre et profiter encore de sa gloire, il s'était résigné. Une flamme nouvelle remplaça la peur dans ses yeux, une détermination sans faille, irrévocable et sauvage. La dernière qui l'animerait et qui motivait encore sa volonté de vivre : le tuer. Le tuer à n'importe quel prix, même à celui de sa vie... Avait-il seulement conscience de ce qu'entraînait cette décision ? De la promesse d'une mort certaine qu'il pouvait voir dans les yeux de Liven ? Le jeune homme semblait changé. Au delà de son apparence physique, il se comportait d'une manière complétement différente. De la proie acculée et prise au piège, il était devenu le chasseur alerte et sûr de lui. Mais il y avait quelque chose de plus... Un danger latent, une terreur effroyable, une morgue cruelle... Il n'essayait même pas de résister à la pression que la magie exerçait sur son esprit. Il s'abandonnait à elle, lui confiait son existence. Il la laissait s'infiltrer, l'innonder, le submerger. Une noyade infiniment rapide qui le laissait sombrer dans les sombres profondeurs et asphyxiait le contrôle qu'il avait sur lui-même. Autant d'abandon à une puissance qu'il ne maîtrisait pas remplissait son familier d'effroie. Mais elle avait renoncé à l'appeler. Il ne l'entendait pas, une seule chose importait : survivre.

- Tu vas mourir.

Simple constatation prononcée d'une voix blanche sans haine, sans moquerie, sans provocation. Juste l'énoncé morbide d'une vérité dont ils étaient tous les deux conscients et qui tombait comme une chappe de plombs sur les sous-bois. Liven laissa son menton tombé sur sa poitrine et inspira profondément. Par moment, ses membres étaient encore agités de longs frissons et il avait presque du mal à rester lucide. Les choses iraient vites... Il trouvait cela dommage... Lorsqu'il l'aurait tué, la puissance s'évanouirait... Sensation evanescente de bien être, expression d'un desir bestial, impression fugace et unique... Il releva lentement le regard vers le meragas et expira. Pas un son, ni même une formulation précise, et pourtant le sort prit forme. Comme s'il obéissait à la moindre de ses pensées avant même qu'il ne lui donne véritablement forme. Les éclats de métal, scintillement de lumière et de sang, s'élevèrent dans l'air immobile. Lenteur qui annonce la fatalité de leurs mouvements. Ils miroitèrent un instant avant de disparaître, invisibles. Puis, ils se repositionnèrent en cercle autours d'eux comme à l'instant où ils s'étaient élevés. Rien ne semblaient avoir changé, et pourtant, c'était là, imperceptible. Sur la joue du meragas, une coupure apparue en apparence innofensive mais en vérité beaucoup plus profonde. Le sang jaillit des entailles. Celles sur son visages, sur ses épaules, son buste, ses bras, ses jambes.

**Liven arrête !**

Cela ne suffierait pas à le tuer...

**Arrête !**

Pas encore...

**ARRETE !**

Pas avant d'avoir éprouvé toutes les possibilités...

[Hj : Tu me fais un trop grand honneur de me laisser RP avec toi T.T (< larmes de joie)]

- Tu vas mourrir.

- Je sais.

Orion parla d'une voix grave, sans l'ombre d'un sentiment, de peur. C'était une constation, ils le savait tout les deux ; aucun ne se faisait de doute sur l'issue du combat, maintenant. Liven semblait changé, il n'avait plus du tout l'attitude d'un animal en fuite et traqué qu'il avait au début. Il était sur de lui, de sa supériorité : les rôles s'étaient inversés mais le Meraga ne comptait pas se comporter comme un animal pris au piège, au contraire. De plus, il avait vu suffisemment de proies mises dans des situations extrêmes pour remarquer que son ennemi ne maîtrisait pas complètement les forces qu'il avait appelé, ce qui ne l'empêchait pas de bien s'en servir. Il allait seulement devoir payer le prix fort... Cette pensée tira un sourire à Orion. Même s'il devait mourir sans emporter Liven avec lui, il aurait au moins eu la satisfaction de le pousser dans ses retranchements. Qui sait, s'il avait été plus doué en magie, peut-être aurait-il pu le battre ? Douce idée, irréelle. S'il avait été plus doué en magie, il ne l'aurait pas été autant que le Chasseur de Primes et, de toutes manières, n'aurait pas eu les capacités physique qu'il avait développé.

Le menton du jeune homme vint toucher sa poitrine. Orion se mit sur ses gardes, tout en sachant pertinnement qu'il ne pourrait sans doute rien. Il devait détourner l'attention de Liven de lui pour pouvoir l'attaquer. Mais la genette, elle, ne le laisserait pas faire...

* Elle a peur... *
* Qui ? De quoi ? *
* La genette, elle a peur... *
* Peur ? *
* De lui ! Tu ne vois pas ? *
* Non. A quoi ça m'avance ? *
* Ce sont des informations, fais-en ce que tu veux. Je vais te servir de diversion en l'attaquant, tâche de bien en profiter ! *

La brusque fin du contact laissa un goût amer dans la bouche d'Orion. Kyl lui en voulait, de mourir alors qu'elle venait de se lier à lui, la condamnant aussi, peut-être. Elle allait sans doute vivre si lui mourrait grâce à la toute jeunesse du lien, mais elle risquait de perdre la vie en l'aidant. Elle lui en voulait... La culpabilité était un sentiment nouveau. Etait-cela que ressentait les autres lorsqu'ils tuaient ? Ce n'était vraiment pas agréable, même s'il savait qu'il n'y était pour rien. Maigre consolation.

Durant l'échange, Liven avait levé la tête et, sans dire un mot, avait fait léviter les éclats de métal mêlés de sang qui formaient auparavant l'épée d'Orion. Ceux-ci disparurent soudainement, pour réapparaître à leur place quelques instants plus tard. Le temps de comprendre ce qu'il s'était passé, le Meraga cria. De douleur, de surprise, de rage, d'impuissance. Il sentit Kyl tressaillir, déraper sur une branche, se rattraper et reprendre sa course. Il chancela - tans' que ça faisait mal ! - calma les battements de son coeur qui s'était accéléré sous la poussée d'adrénaline. Fichu, il était fichu.

Un second cri retentit. Il fut le seul à percevoir que le cri était surtout rageur, puisque c'était Kyl qui l'avait poussé. L'énorme chatte sauvage avait bondit sur la genette pour la plaquer au sol et tenter de lui saisir le cou, afin de la tuer. Profitant de cette divserion, Orion ne perdit pas un millième de seconde et bondit lui aussi, sur Liven. Il fut extrêmement rapide, plus qu'il ne l'avait jamais été, qu'il ne le serait jamais. Il jouait sans doute sa dernière carte et ne comptait certainement pas la gâcher. Dans un même élan, il bondit donc et crocheta le cou de son ennemi avec son bras, dans une tentative désespérée pour lui écraser une artère vitale voire la couper et, sinon, lui bloquer la respiration pour l'étouffer.

Désespéré, oui, c'était bien le mot.

[hrp : C'est pas de ma faute, j'adore RP avec toi. En revanche là j'ai peur de m'etre lâchée. J'ai fait le test, si possible à lire avec la chanson "Main Theme" de l'OST de Vampire Knight. Si je la trouve sur deezer, je la mets mais ça m'étonnerait.]



Un cri...
Ultime expression du désespoir que venaient nourrire la haine, la douleur et l'étonnement ; éraillement du corps et de l'esprit qui atteignent leur limite. En un seul mot : souffrance. Une souffrance que Liven distillait lentement, comme une essence rare dont on goute le simple plaisir de la voir tomber goutte à goutte dans un flacon mortel. Oui, c'est ainsi qu'il voyait les choses. Il posa la clarté de ses yeux sur la frèle créature qui lui faisait face, presque fasciné. Sur ses lèvres entrouvertes, un sourire s'étira lentement. Il le ferait souffrir... Pour l'avoir acculé dans ses derniers retranchements, pour avoir tenté de le tuer en le privant de son seul moyen de défense, pour voir jusqu'où il pouvait apprivoiser ce nouveau pouvoir qui était en train de couler en lui avec la force d'un puissant torrent. Ses lèvres frémirent tout d'abord, puis un ricanement faible s'éleva avant de s'intensifier. Cette façon d'être, il l'avait déjà vu chez Sorel. Ce détachement froid, ce plaisir inoui à le faire souffrir inutilement lors des entraînements, la violence pure qu'il pouvait voir sur son visage comme s'il en était l'incarnation. Et la haine qu'il ne pouvait modérer contre ce rebus qui n'obéissait à aucune morale, ne poursuivant que le but d'assouvir ses désirs au point parfois de ne plus paraître tout à fait humain... Soudain, Liven se tut, immobile.

"Au point de ne plus paraître humain" ?... Qu'était-il en train de faire ? Qu'était-il en train de devenir ? Son visage était orienté vers le sol de telle sorte que ses mèches sales et tachées de sang cachaient son regard. Un regard qui, s'il restait toujours aussi intense, était troublé par des sourcils froncés et des battements de paupière rapprochés. Sa respiration même c'était faîte irrégulière. Un peu comme si Liven se réveillait après un cauchemare. C'est vrai... Il avait beau vouloir acquérir la puissance nécessaire pour détruire les vampires, il ne voulait pas devenir comme la pourriture qui l'avait rendu plus fort. L'homme qu'il était n'aurait jamais agi comme cela en tant normal. Liven était égoïste, ambitieux, sans scrupule dès qu'il s'agissait d'atteindre ses objectifs au point même de s'associer avec des gens comme Sorel. Mais contrairement à ce dernier, il avait de l'honneur, la fierté d'agir pour des buts louables, l'envie de rester le plus souvent possible dans la droiture. Jamais il n'aurait pris plaisir à ce genre de petit jeu malsain. Il était plus que temps qu'il se reprenne... Sauf qu'il aurait du se douter que cela n'allait pas être aussi facile...

Tout d'abord, c'est la douleur qui refit son apparition. Elle était encore atténuée mais après l'avoir oubliée, elle paraissait d'autant plus vive. Si par réflexe, il saisit de son bras valide le poignée de la main que l'épée avait entayée, la douleur restait le dernier de ses soucis. Le flot de puissance magique était loin de se tarir. Au contraire, c'était comme si Liven était soudainement devenu un réservoir trop petit et la pression augmentait dangereusement. Il lui semblait devoir se battre contre des vagues successives, furieuses de ne pouvoir se déverser naturellement en lui. Inconsiamment, il vacilla avant de rétablir son équilibre gauchement, réveillant la douleur brûlante de sa jambe blessée, ce qui lui arracha une grimace. Sa respiration était devenue saccadée maintenant qu'il luttait contre ses démons intérieurs. Plus que ses blessures physiques, ce combat-ci mettait véritablement à mal ses capacités d'endurance pourtant rudement éprouvées lors des entrainements. Il avait l'impression que d'une seconde à l'autre son crâne allait explosé. La pression de la magie noire ne faiblissait pas comme si elle essayait de force de le faire céder comme il l'avait déjà fait. Il était tellement plus facile de se laisser aller. Garder le contrôle était une véritable torture...

Ce fut à ce moment là qu'il reprit conscience de la réalité. A l'instant précis où il ressentit une douleur sourde mais violente quelque part dans sa poitrine. Tournant la tête, il vit la genette aux prises avec un chat sauvage. Les deux animaux de tailles équivalentes se battaient sans retenu comme si leur vie en dépendait. Depuis combien de temps cela durait-il ? Comment avait-il pu ignorer ce qui arrivait à son propre familier ? Bien qu'il les ressentît enfin, chaque coup de griffe, chaque morsure lui parvenait comme atténué. Une tentation de plus à ce laisser submerger. Lorsqu'il s'abandonnait, il perdait toute conscience de la douleur...mais aussi toute conscience de ses actes. Obligé de se concentrer perpétuellement pour retenir le flux de puissance, sa capacité d'action était largement limitée. Suffisamment pour qu'il se laisse surprendre une fois de plus part son adversaire. Il le vécut au ralentit, sans réagir dans un premier temps. Une petite voix lui soufflait qu'il n'avait pas le choix, qu'il devait abandonner cette idée de stupide de contrer la force qui jusqu'ici n'avait fait que l'aider. Il l'ignora. Il devait l'utiliser en restant en pleine possession de ses moyens. Seules une poignée de secondes venaient de se dérouler mais Liven savait déjà comment contre attaquer. Avant que sa gorge ne soit écrasée et qu'il ait le souffle coupé, il parvint à articuler le sort dans un murmure :

- Vide et néant, chaos des forces que je repousse.

L'air devint immobile. Puis, tout à coups, un vent violent souffla dans toutes les directions émanant de Liven. Un peu comme un cyclone dont il aurait été l'oeil. Le bois des branches soumises à une trop grande pression se mit à craquer, le vent hurlait aux oreilles du jeune homme tandis que le corps de son adversaire et celui du chat sauvage étaient projetés sous le couvert des arbres. Du fait de sa vitesse, le meragas heurta violemmentun tronc avant de glisser jusqu'au sol non loin de son familier. Aussi soudainement qu'il était apparut, le vent retomba, faisant une dernière fois virevolter les mèches éparses de Liven. Sabbat, épargnée par le sortilège de son humain, l'observait désormais avec inquiétude. Tombé à genoux, le front contre ces-derniers, il respirait avec difficulté, maintenant sa main blessée contre son torse. Peu importe à quel point elle pouvait avoir peur de lui, la genette restait son familier. Elle se devait de le soutenir en toute cirsonstance même si... Liven se releva légèrement, essayant visiblement de réprimer un sourire, le corps parcourut de tremblements qui ressemblaient presque à des frissons de plaisir. Elle était presque heureuse de ne pas savoir à quoi il pensait en cet instant. Malgré sa résolution et ses certitudes, la genette hésita. Etait-ce vraiment lui qui agissait ainsi ? Liven était un excellent magas mais ces attaques étaient monstrueusement rapides aussi bien dans leur exécution que dans la durée de leur préparation. De plus, la puissance qu'elles demandaient étaient bien trop importantes. Combien pouvait-il en supporter avant de s'écrouler de fatigue ? La magie n'était-elle pas censée consummée l'énergie du magas qui l'utilisait ? Quelque chose clochait... Elle l'avait vu utiliser la magie noire lors des entraînements avec l'autre espèce de malade sadique effrayant, mais jamais il n'était parvenu à ce niveau. Elle ne se tenait qu'à deux pas pourtant elle n'osait approcher davantage.

Liven avait perdu du terrain. Exécuter ce sort lui avait demander de relacher sa concentration et il lui semblait encore plus difficile de revenir au niveau où il avait réussi à maintenir la pression. Ainsi, agenouillé, il essayait de reprendre ses esprits. Le sort ne l'avait pas empêché de recevoir un choc violent à la gorge. Même s'il ne se rendait compte de la douleur que de façon diffuse, il savait que s'il n'était pas intervenu il aurait été griévement blessé. Pour l'heure cependant, il tentait de tenir bon contre la pression écrasante qui menaçait de reprendre possession de son esprit d'un instant à un autre. Les coins de ses lèvres furent agités d'un tic. Il sentit de nouveau la puissance fourmiller dans ses veines, agitant ses muscles de tremblements légers. Sans en avoir réellement conscience, il se redressa presque sans ressentir la douleur de la plaie qui barrait sa poitrine. Allait-il de nouveau sombrer ? Au final, n'était-il pas capable de garder le contrôle de lui-même face à cette magie occulte ? Il se sentait partir comme s'il était sur le point de perdre connaissance et lutter avec d'autant plus d'acharnement pour maintenir sa conscience en éveille. Cherchant à retrouver le contrôle, il serra la machoire jusqu'à en avoir mal, s'obligeant à ravaler ce sourire immonde qui voulait apparaître. Un moment, il crut y parvenir...avant de comprendre qu'il n'y arriverait pas plus de quelques minutes. Il sentit la présence de Sabbat près de lui, lui ouvrit son esprit, difficilement.

Immédiatement, la genette sursauta et cracha un peu comme l'aurait fait le chat sauvage sur Liven. C'était insupportable. Cette pression était insupportable... Elle sentait l'effort qu'il fournissait pour essayer de maintenir un équilibre raisonnable sans y parvenir. Si les choses continuaient ainsi, il allait de nouveau agir comme un animal. Aucune autre image ne lui venait à l'esprit. Lorsqu'il avait inconsciemment fait appel à la magie noire avant que l'épée de s'abbate, il s'était laissé envahir, ne songeant plus qu'à survivre et à assouvir ses désirs. Oubliant sa moralité, ses valeurs, ce qui faisait de lui un humain... Sabbat avait les poils hérissés des moustaches au bout de la queue mais elle ne l'abandonnerait pas. Venant s'asseoir contre sa jambe, elle ferait comme toujours : elle le soutiendrais.

**Courage, tient bon ! Si ça se trouve c'est ton corps qui va lacher avant ton esprit.**

Il était incapable de lui répondre. Ce simple instant de déconcentration aurait suffit à lui faire perdre la partie. Bien sûr il aurait pu tout simplement tenter de rejeter toute la magie d'un bloc mais il était presque sûr qu'il se retrouverait aussi démuni qu'au moment où le meragas l'avait soudainement attaqué et il se trouvait en plus beaucoup plus mal au point comme l'avait souligné son familier. Son soutient lui donna courage et le fit prendre conscience d'une chose. Même s'il ne ressentait que faiblement la douleur, cela ne minimisait pas l'importance de ses blessures. Devait-il risquer le tout pour le tout ? Puisqu'il était évident qu'il allait de nouveau céder tôt ou tard, ne devait-il pas avant cela essayer de réduire les dégats ?

**Ne me laisse pas tomber.**

Sabbat frissonna. Il parraissait tellement torturé !

**Je te le promets.**

Liven lança le sort en l'incantant à voix basse pour ne pas user trop d'énergie. Les plaies cessèrent de saigner, les chairs se rapprochèrent progressivement mais avec une certaine lenteur. La magie noire n'était pas très adaptée au sort de soin et il ne pouvait prédire ce qu'il en ressortirait. Il n'avait qu'à espérer. Espérer, c'est ce qu'il fit alors qu'il se sentait sombrer, se raccrochant désespérément à quelques bribes de sa conscience de nouveau enfouie.

- Vide et néant, chaos des forces que je repousse.

Orion raffermit sa prise sur le cou de Liven, appuya encore plus fort. Il se raidit en attente de l'attaque... Qui ne vint pas. L'air s'immobilisa, puis une tempête d'une force inouïe se déchaina soudainement. Sans avoir pu comprendre ce qu'il se passait, le meraga fut projeté au loin comme Kyl, et cogna violemment un arbre avant de retomber et de s'affaler sur le sol, complètement sonné. Il entendait les branches craquer et le vent hurler dans le lointain, tandis que tout autour de lui s'assombrissait. Il avait très mal à la tête... Il ne se souvenait pas avoir déjà cogné si fortement un obstacle.

* Debout fainéant ! Réveille-toi ! *

Quoi, fainéant ? Lui ? En quoi ça la gênait ?

* Réveille-toi sale bouse, sinon c'est moi qui vais aller régler son compte à l'homme noir ! *

Alors là, pas question. Il ne laisserait personne lui piquer Liven, à moins bien sur d'être mort, et encore... Pouvait-on revenir hanter les morts ? Pouvait-il mener la vie impossible au chasseur de prime une fois mort ? Bah après tout quelle importance... Un coup de langue râpeuse lui fit ouvrir les yeux, puis refermer aussitôt. Trop mal à la tête. Deuxième coup de langue. Sous l'insistance il rouvrit les yeux et se redressa lentement. Son dos semblait être passé sous les pattes d'éléphants, et sa tête avoir littéralement explosé. Prudemment, il passa une main derrière son crâne et la retira poisseuse de sang. Il se rendit alors compte du coup métallique dans sa bouche et grimaça : il s'était mordu la langue.

* Vite ! Vite ! *

Orion leva la tête et vit Liven comme prisonnier de démons intérieurs. Il sourit, sourire sadique, le seul qui pouvait venir éveiller ce visage inexpressif. Il avait réussi à le torturer, certes autrement que prévu, mais il l'avait eut. Il fallait maintenant qu'il l'incite à s'abandonner à ces forces obscures pour qu'il se perde en lui-même et ne soit plus que son ombre. Pour cela, le meraga connaissait un moyen très efficace. Kyl comprit et s'élança, souple et silencieuse, vers la genette. Elle devait la tuer, au péril de sa vie ! Orion quant à lui essaierait de focaliser l'attention du chasseur de prime sur lui pour laisser son familier sans défenses. Il devait réussir, il devait...

Liven se releva, plaies soignées. Il ne perdait plus aucune goutte de sang, contrairement à Orion qui, même s'il avait sommairement bandé sa tête, en perdait toujours. Mais il avait suffisamment d'endurance pour ne pas ressentir immédiatement les effets de la perte de sang. Le meraga fit de même et les deux adversaires se fixèrent, une seconde, deux secondes, trois secondes... Cela parut une éternité à Orion, qui sentait le moment de sa mort se rapprocher de plus en plus. L'idée faisait maintenant partie intégrante de lui. Il avait vécu une vie peu banale, en avait prit plusieurs et ne regrettait rien. Il ne regrettait jamais rien.

Un cri sauvage retentit : Kyl avait attaqué la genette, et s'acharnait à la tuer. Son humain la soutenait de tout son cœur, et espérait aussi fort qu'elle qu'il réussirait à avoir sa peau. Plonger Liven dans les ténèbres, quel délice... Il serait l'homme qui aurait causé sa perte même s'il devait mourir aussi. Mais il ne savait pas si on retiendrait son nom. C'était la seule ombre au tableau. Sans un bruit, sans un signe annonciateur, il sortit ses deux couteaux de lancé restant, visa la gorge et le cœur, les lança puis prit son élan et tira une dague pour tenter de tuer son adversaire. Il n'y croyait pas, pas du tout. Il courait droit vers sa fin. Une pensée parasite lui tomba dessus, comme ça, alors qu'il courait.

Et tué par Liven Reaves, c'était glorieux ?

[Hj : Je ferais peut-être un dernier message après suivant ce que tu réponds ^^ Au moins pour Kyl si elle meurt pas. ]

[hrp : quelle sadique tu fais ! Tu connais le point faible de Liven ! J'aime autant prévenir tout de suite, c'est plutôt gore (inspiration quand tu nous tiens)]



Lorsque Liven rouvrit lentement les yeux, il avait retrouvé cet impression de bien être qu'il avait quitté pour succomber à il ne savait quelle folie. Il se sentait calme, reposé, parfaitement soumis à la magie qui réagirait docilement au moindre de ses caprices. Pourquoi donc avait-il tenté de la contraindre et de l'apprivoiser quand il suffisait simplement de se laisser aller sans chercher à la maîtriser ? Il avait perdu du temps et cela aurait même pu lui être fatal. Il lui suffisait de se reposer sur ces nouvelles facultés s'il voulait survivre et détruire son ennemi. Cette pensée avait quelque chose de pleinement rassurant, bien davantage que le pelage chaud qu'il sentait contre sa jambe et auquel il ne prêtait plus la moindre attention. Comme une drogue, la puissance agissait sur son esprit en lui faisant perdre les notions de responsabilité, de danger, de bien ou de mal. Elle lui permettait d'oublier sans efforts et sans remords toutes les choses contraignantes qui dictent habituellement les actes des humains. Armé de sa détermination naturelle et de cette nouvelle force, il était capable de se surpasser sans difficultés pour obtenir ce qu'il voulait. Et ce qu'il voulait, plus que tout autre chose en cette heure, c'était la mort de cet homme. Rapidement, immédiatement, uniquement dans le but d'étancher le désir le plus instinctif et le plus bestial de l'être humain : l'envie de tuer.

Parfaitement remis de ses blessures qui n'étaient plus qu'un lointain souvenir, le jeune homme se releva à l'image de son adversaire. Ainsi donc il se relevait lui aussi... Il était amusant de voir avec quelle volonté il cherchait à se maintenir en vie malgré ses blessures sérieuses. Il était d'autant plus amusant de savoir que ses efforts étaient entièrement et profondément inutiles. Soudain, l'animal qui s'obstinait bêtement à rester à ses côtés s'éloigna en un bond. Courbe harmonieuse et sauvage qui scellait son propre destin. Lorsqu'elle fit face à l'autre familier, évoluant lentement dans un cercle, cherchant la meilleure occasion de lui sauter à la gorge, Sabbat savait qu'il en était de même pour le chat sauvage. Sauf qu'elle avait beaucoup plus de choses à perdre qu'elle... Elle se battrait pour ça... Pour lui...même s'il serait incapable de s'en rendre compte, de lui prêter main forte, d'être présent avec elle jusqu'à la fin si elle devait perdre. Le poil hérissé pour paraître plus grosse, une lueur farouche dans ses yeux ambres, le carnassier savait qu'elle jouait sa vie. Sauf qu'elle vendrait chèrement sa peau. Après tout, c'était à un chat sauvage auquel elle avait à faire, pas à un grizzly. Elle devait réussir... Les deux familiers fondirent l'un sur l'autre, hargne sauvage alimentée par le plus élémentaire des instincts, celui de survie. Liven entendit leurs cris dans la plus totale indifférence, comme si la scène auquel il assistait ne le concernait pas, comme s'il ne s'agissait que d'une gène passagère parfaitement négligeable qui ne méritait même pas qu'il y prête un quelconque intérêt.

Non... Il savourait cet instant unique qui précède la mise à mort avec un plaisir nouveau, débarrassé de tout sentiment de culpabilité, des doutes, des remords. Son visage glacial s'anima d'un sourire en coin lorsqu'il vit son adversaire dégainer des poignards qui filèrent sans tarder à destination de sa personne. Quelle attaque grossière ! Pensait-il réellement pourvoir le surprendre ainsi ? N'est ce pas ce qu'il avait utilisé avant qu'il ne fasse appel à la magie noire ? N'avait-il pas remarqué la différence flagrante avec la manière dont il s'était pitoyablement défendu jusqu'ici et celle avec laquelle il combattait à présent ? Son regard se fit méprisant alors que sans effort il déviait la course du premier qui alla se perdre dans les sous bois et qu'il ralentit la vitesse du second, le laissant lentement léviter à sa hauteur avant de s'en emparer. Il n'adopta aucune posture d'attaque. Se contentant de laisser retomber son bras le long de son corps, droit et arrogant. Son attitude calme et posée contrastait vivement avec celle de son adversaire qui courait jusqu'à lui, brandissant une dague, geste futile et dérisoire face à l'ampleur de la puissance dont Liven disposait.

- Lien végétal enserre ses jambes et meurtrie sa chair.

Aussitôt après que sa voix grave et assurée se soit tue alors que l'homme n'était plus qu'à trois mèters de lui, des ronces jaillirent du sol, faisant trébucher le meraga. Très vite, elles ressérèrent leur prise sur ses jambes, saisirent ses poignets, enfonçant leurs épines dentelées dans sa peau. Comme si elles étaient animées d'une volonté propre, elles le redressèrent, levant le corps qu'elles avaient cruellement ficelés à quelques centimètres au-dessus du sol. Ainsi entravé, il n'était plus capable du moindre mouvement. Il avait perdu la partie... Liven l'observa un instant sans qu'aucune émotion ne soit lisible sur son visage. Il y avait presque quelque chose de jouisif à détenir ainsi le pouvoir de vie ou de mort sur un homme qui avait tenter de vous ôtez la vie. Il marcha jusqu'à lui sans le lâcher des yeux, sans prononcer une parole avant d'être parvenu à sa hauteur.

- Je suppose que tu ne t'attendais pas à ce genre de situation n'est ce pas ?

Liven n'eut besoin que d'un mouvement des yeux pour qu'une frêle branche lui ensserre le cou.

- Je vais te faire un cadeau. Tu ne souffriras pas trop longtemps.

Il leva le poignard qu'il lui avait lancé à hauteur de son visage, contemplant la lame un instant avant qu'un faible sourire ne passe fugitivement sur ses lèvres. Presque avec délicatesse, il apposa l'acier contre la peau de sa victime.

- Adieu.

L'arme était d'un tranchant fabuleux ! Elle glissa sur son cou, traçant une ligne régulière à la base de celui-ci sans que Liven ne ressente la moindre résistance. Alors qu'il l'égorgeait, il garda ses iris infiniment bleues plongées pensivement dans celles dilatées de celui qui avait été son adversaire. Puis, il recula d'un pas avant de se détourner de lui. Les feuilles des ronces se flétrirent avant qu'elles ne s'évanouissent en poussière, alors que le corps de leur captif glissait jusqu'au sol dans une marre de sang. Le regard de Liven tomba sur les familiers qui avaient cessé de se battre. Tout d'eux étaient dans un sale état. Fourures arrachées, griffures et morsures sanglantes, oreilles abîmées, pattes blessées... La genette semblait être la plus mal au point des deux. Elle paraîssait être sur le point d'abandonner, placée plus bas par rapport à son adversaire, n'ayant même plus la force d'attaquer, à peine celle de se défendre. Cependant, leur combat n'avait plus lieu d'être. Le méraga allait mourir sous peu si ce n'était déjà le cas et Liven était sauf, du moins pour son corps, rien n'était moins sûr concernant son âme.

- Liv'... ?

La voix de la genette était enrouée et tremblotante. Pourquoi l'appellait-elle ?

- Aide-moi...

Liven pouffa en silence. Quelle requête ridicule ! Comment cette misérable petite chose pouvait-elle espérer quelque chose de lui ? Comptait-elle sur sa pitié ? Il s'en désintéressa, commença à s'éloigner.

- Ne me laisse pas tomber !

Un écho... incertain, faible, presque inexistant se rappela à sa mémoire. Il fit un pas de plus.

- LIVEN ! NE M'ABANDONNE PAS !

Sabbat était sur le point de s'écrouler. Allait-il la laisser là ? Elle allait mourir s'il faisait ça. Ne se rendait-il vraiment plus compte de rien ? Dans son esprit tout déjà devenait confus. Elle se sentait engourdie par la fatigue, le froid, la mort peut être ? Il se retourna, une expression intriguée sur le visage. Elle voulut crier encore mais elle se rendit compte qu'elle n'en avait plus la force. Précautionneusement, elle se roula en boule à même le sol. Elle n'était pas capable de le faire revenir à lui. Elle allait tout simplement mourir là. Bizarrement, elle n'avait pas peur, pas de regrets. Elle avait vécu une vie merveilleuse avec lui. Elle l'avait toujours soutenu, avait réussi à lui prouver que l'on gagnait toujours à ce lier avec les autres. Peut être qu'elle aurait aimé se disputer avec lui une dernière fois ? La genette cligna lentement des yeux avant de les garder fermés. Pourquoi attendre plus longtemps ? Tout à coup, elle sentit une main qui lui paraissait brûlante se poser sur son corps meurtri. S'en vraiment s'en rendre compte, elle se sentit soulevée, serrée délicatement contre une peau humaine. Etait-ce lui ? Elle se força à rouvrir les yeux, n'en trouva pas la force.

**Pardon.**

Elle sursauta tellement elle était heureuse.

**Tu es une idiote. Comment peux-tu être heureuse blessée comme tu l'es ?**

**C'est parce que tu es revenu.**

Liven ne répondit rien, se contentant de serrer son familier dans ses bras pendant que le sort de soin agissait. Il avait bien failli la laisser là, ne plus revenir à lui-même...

**Bien sûr, pour qui tu me prends.**

Sabbat se laissait bercée, récupérant lentement des forces. Savoir qu'il était toujours aussi prétentieux lui fit du bien, même si c'était un mensonge. C'est alors qu'elle prit conscience que contrairement à la dernière fois, elle en ressentait pas la pression de la magie noire. Elle n'avait pas formulé sa question que Liven la devança déjà.

**Contrairement à tout à l'heure, je l'ai rejeté en bloc, même si ce n'a pas été chose facile.**

A la note de sérieux qu'elle décela dans sa voix, elle était toute disposée à le croire. Son regard tomba sur un couteau souillé de sang planté dans la neige à côté d'eux.

**Liv'...**

Elle sentit une vague de dégout le submerger.

**Je ne suis pas près d'y faire appel de si tôt.**

Elle ne chercha pas à trouver ses yeux. Elle savait que son orgueil serait blessé si elle voyait la larme qui avait coulée le loin de sa joue. Liven n'était pas du genre sentimental. Il avait déjà tué, et le referait. Ce qui le mettait dans cet état, c'était les émotions qu'il avait ressenti à ce moment là, le manque total de contrôle qu'il avait eu sur lui-même, la cruauté dont il avait fait preuve et dont il ne se serait jamais cru capable... Se pardonnerait-il ? Même lorsque le sort de soin fut achevé, Liven la garda dans ses bras alors qu'il se redressait. Il n'avait plus qu'une seule idée en tête : partir d'ici. Il savait désormais qu'il était capable de détruire les immortels, même sans l'appuie des guildes. Et même si ce pouvoir était terrifiant, même s'il n'était pas certain de préserver son âme, il se sentait capable de le faire.