- Spoiler:
- Absolument libre à qui veux <3
Journée épuisante. Ereintante même. La fatigue pesait si lourd sur ses petites épaules qu'on s'attendrait à la voir flancher sous le poids. Mais il n'en est rien. Epuisée mais néanmoins ravie. Ravie, parce que mademoiselle Dodge avait créer un nouveau parfum de glace, qui elle le sentait, allait avoir son petit succès. Comment ne pas résister au doux mélange du poireau à l'orange avec une sauce au poivre glacé ? Absolument exquis. Ou tout du moins comestible... Mais elle savait que la curiosité était un partit pris. Les clients son curieux, ils hésitent longtemps mais avec les bons conseils de Loretta (et surtout son harcèlement) il finissent toujours par ressortir de la folle boutique avec un sorbet banane-chocolat-beurre de cachette avec de la chantilly parfumée à la cerise alcoolisée, avec une expression plus ou moins satisfaite. Parce que même si les mélanges de goûts sont très souvent... étranges, la jeune femme s'arrange quand même pour que ce soit bon. Il ne s'agit quand même pas d'empoisonner les gens et leur ôter l'envie à tout jamais de revenir. Parce que si plus personne ne fait tinter le doux carillon de son Poppies Frozen comment ferait-elle pour vivre ? Déjà qu'en ce moment elle survit plutôt qu'elle ne vit.
Elle enviait un peu son frère, Hypolite, magassionnel plutôt doué dans son domaine, qui était, pour ainsi dire pété de thune, tous ses braves gens qui réussissaient leur vie pour une raison qui lui échappait. Parce que même si elle n'avait pas prêter beaucoup d'importance lors de ses études elle avait une capacité d'assimilation relativement pratique, une culture générale importante due, justement, à cette capacité d'assimiler les informations. Pourquoi n'aurait-elle pas le droit de réussir correctement sa vie elle aussi ? Pas qu'elle soit au bord de la dépression en y songeant, ni même agacée, enfin si un peu agacée mais c'est en comparaison de tous ces autres qui réussissent. Ces braves et moins braves à qui tout réussi, parce que même si l'argent ne fait pas le bonheur, il est certain que cela facilite grandement la vie. Mais elle ne leur en voulait pas. Elle ne pouvait pas leur en vouloir, parce que finalement elle ne les enviait plus, si elle devait abandonner son métier. Parce que Loretta aime ce qu'elle fait, et selon elle c'est ce qui compte le plus, avant même d'amasser suffisamment d'argent pour se permettre de manger tous les jours. Non non elle n'est pas sur la paille à ce point, et de toutes façons papa maman ne laisseraient jamais leur fille mourir de faim dans la rue comme une misérable clocharde. Et de toutes façons il lui arrive de racketter Hypolite, parce que lui, il à trop d'argent il faut bien que ça serve un peu non ?
Fatiguée mais ravie, on en était. Pour oublier sa fatigue, et parce qu'elle ne supporterait pas de simplement s'assoir et déguster sa nouvelle glace, ne supportant pas tout simplement ne rien faire, et même si en l'occurrence il s'agirait de manger une glace le simple fait d'être assise et seulement manger quelque chose n'était pas une action suffisamment... active à son goût. C'est donc tout naturellement qu'elle s'est précipitée dans sa pseudo chambre (en fait le miraculeux grenier du petit local du port). Entreprit de jeter son armoire sur son lit de camps. Passa évidement trois quart d'heure avant de décider quoi mettre sur le dos. Alors qu'elle est déjà habillée, n'est-ce pas. Mais bon, pour aller là où elle souhait aller, il valait mieux s'habiller un peu mieux quand même. Enlevant son tee shirt et son pantalon pour enfiler une robe. Pas n'importe quelle robe en fait. Pas qu'elle ai une importance sentimentale ou quoi que ce soit d'autre. Simplement, pour Loretta c'était la plus belle. La plus classe, assurément. Le must du chic de la mode version Loretta. En fait cette robe était d'un tissus de qualité, certes, d'une couleur légèrement rosé, pas un rose bonbon ni trop flashy, ni même pastel, un « espèce » de rose à la limite du fushia, du mauve, du violet, aux reflets vaguement bleutés qui s'accordaient à merveille avec ses cheveux. De fines bretelles qui laissait ses pâles et maigres épaules bien en vues, la robe n'avait pas une forme particulièrement hors norme. Cintrée à la taille, moulant le haut de son corps et sa maigre poitrine sans pour autant que le tissus baille à quelques endroits que ce soit, comme si la robe avait été faite sur mesure, juste pour elle. Beaucoup plus amples à partir des hanches et ne descendant pas plus bas que sept centimètres au dessus de ses genoux (précisément). Mais la robe ne s'arrêtait pas sur une simple couture, mais plutôt un ruban de dentelle blanche finement travaillée. Elle mis de simples collants transparents, parce que le temps ne se prêtait quand même pas aux jambes nues, ni d'ailleurs aux épaules dénudées. Ce pourquoi elle se mis en quête de quoi se mettre sur le dos. Elle finit par jeter son révolu sur un gilet. Noir, qui appartenait à Opaline d'ailleurs, la jeune femme n'avait chercher à le récupérer, elle ne boutonna que les trois derniers épais boutons aux niveau de ses hanches, juste avant que sa robe ne gonfle sur ses cuisses, comme une petite veste. Elle plongea ses pieds dans des bottines plates, noires, élégantes qui s'accordaient avec le gilet, et d'ailleurs avec tout le reste de sa tenue. Heureusement d'ailleurs, pour avoir passé trois quart d'heures sur la tenue adéquate il fallait qu'elle soit correcte et jolie, ce qui était naturellement le cas. Ainsi enfin habillée, mademoiselle Dodge s'empressa de sortir, fermant avec soin le Poppies Frozen et se mis en route. Elle fouilla dans la poche gauche du gilet, sentit un bout de papier, probablement sa carte de visite, et un élastique qu'elle attrapa et entreprit de nouer machinalement ses cheveux en un chignon anarchique laissant des mèches rebelles flotter joyeusement autour de son visage.
Mais Loretta n'était pas satisfaite, elle marchait et rien ne se passait. Rien, strictement rien. C'était terriblement frustrant. Il n'y avait personne à proximité. En même temps la nuit il y rarement des gens dehors, à moins de rencontrer des gens louches... Si elle voulait voir du monde plus ou moins normal et s'amuser un peu il faudrait pour cela aller là où il y aurait du monde plus ou moins normal. Là où elle avait prévu d'aller. Le Jumble. Elle n'aimait pas particulièrement cet endroit à cause des videurs qui la croyait beaucoup trop jeune pour y entre lorsqu'elle avait dix sept, dix huit ans. Et même si aujourd'hui elle arbore enfin l'apparence de quelqu'un qui pouvait plus ou moins y entrer, elle ne pouvait que éprouver de l'animosité envers les videurs. Parce que d'habitude elle ne se formalisait pas et s'était très vite accommodée à son retard de croissance, il est quand même frustrant de ne pas pouvoir entrer en boite de nuit alors qu'on a dix huit ans, n'est-ce pas ? Parce que sinon, elle aimait bien l'ambiance du Jumble, comme tout les jeunes gens de son âge normaux. Sans un sourire au colosse qui surveillait les entrées et sorties, elle passa à côté de lui, qui maintenant ne lui interdisait plus l'entrée, et s'installa à un bar. Non pas qu'elle avait l'intention de boire quelque chose (où alors de l'eau ?) mais elle aimait les chaises du bar, confortables et pratiques. Elle s'adossa au dossier faisant girer doucement la chaise pour observer ce qui se passait sur la piste. Pas grand chose à vrai dire. En même temps elle était arrivée relativement tôt, il était quoi ? Vingt trois heures quarante ? Bah le monde ne tarderait pas à arriver, petit à petit. Elle croiserait peut-être une tête connue. Ou alors un parfait inconnu qui sait, peu importe. En attendant, la musique qui passait en ce moment plaisait beaucoup à notre Loretta. Après avoir laisser tomber son gilet sur la chaise, parce que même si quelqu'un lui prenait ce gilet, après tout ce n'était pas le sien, elle s'est donc naturellement levée pour danser sur le rythme électro-pop un peu étrange mais néanmoins pas mal du tout. Laissant la musique emplir ses tympans, elle ferma les yeux et se mis à danser, en rythme, enfin, à sa façon. C'était pas non plus désordonné, ni même moche à regarder mais décidément pas une façon de danser courante.
Comment expliquer, déjà la demoiselle avait les yeux fermés, et se laissait tous simplement porter par la musique. Elle profitait du fait que la piste soit quasiment vide pour prendre de la place. Elle chancelait sans vraiment perdre l'équilibre. Se rattrapant toujours avec justesse et une élégance qu'on ne pourrait soupçonner aux premiers abords. Transportant son corps avec désinvolture et nonchalance, mais gracile et légère donnant une étrange impression d'être une poupée de chiffon que le vent s'amuserait à ballotter au rythme de la musique. Si quelqu'un prêtait attention à elle, ce quelqu'un aurait probablement pensé qu'elle était ivre, ou droguée, ou malade mentale en transe. Pourtant, malgré l'incohérence de ses pas (et sincèrement qu'on sache danser ou pas, en boite on peux se permettre un peu tout et n'importe quoi, ça passera toujours) elle n'était pas ivre (étant une inconditionnelle de l'eau, ou des jus de fruits) ni même droguée (elle n'est pas une hors la loi non plus, hein), malade mentale en transe... hmm, peut-être, mais en fait non. Bref, la chanson était relativement longue et cela était parfait. Oubliant la fatigue, oubliant ses petits problèmes d'argents, oubliant ses nouvelles recettes, oubliant le monde autour d'elle... elle devrait d'ailleurs faire un peu plus attention au monde autours d'elle, parce que justement le monde commençait à arriver et certains jeunes se ruaient déjà sur la piste sans prêter attention à Loretta. Parce que personne ne prête attention aux gens qui dansent, c'est inintéressant vu de l'extérieur, enfin quoique parfois cela peut-être marrant, parfois. Fatalement elle fut bousculée par quelqu'un, ou était-ce elle qui avait bousculer quelqu'un, elle ne savait pas, elle s'en fichait. Elle lâcha un simple juron à l'adresse de celui ou celle qu'il ou elle avait bousculer, était-ce un « putain » agacé, un « merde » ou un « fait chier » ? elle ne s'en souvenait même plus tant il était partit si vite, si inconsciemment de sa bouche, banal. Normal. Juron qui flotta, résonna, un moment dans l'air chaud et embué, avant de se perdre dans la musique, sans ouvrir les yeux et continuant, imperturbable, sa danse folle, ignorant si son juron avait atteint les oreilles de celui ou celle qu'il ou elle avait bousculer, s'il l'avait atteint plus profondément dans son être et à vrai dire elle s'en fichait éperdument. Parce qu'elle était bien. Là. En cet instant. A danser, au rythme de la musique, qui venait de changer, mais le répertoire restait le même. Elle allait rester là jusqu'à ce que ses jambes ne puissent plus la porter, que la douce sensation de flottement provoquée par la fatigue l'emporte sur son être. La sensation d'être transportée, ailleurs. Elle allait passer une bonne soirée. C'était certain.
Ou pas comme diraient d'autres...