Arrivée timide pour Koran, mais pas pour Maeg...

Kai suivait Ô depuis quelques heures déjà. Le Lougron lui avait promi qu'il aurait une surprise, s'il ne cherchait pas à savoir quelle était leur destination. Alors, malgré la haine qu'avait Kai envers les surprises, le jeune homme avait obéi à son familier.
Il sentait le chemin en gravats blancs rouler lentement sous ses pieds, lorsque enfin, contre toute attente, et malgré lui, il reconnut le sentier sur lequel depuis bien des minutes, lui et Ô marchaient.
Ses souvenirs lui assaillèrent l'esprit, l'entaillant de plaies qui se refermèrent sans attendre qu'on le leur ordonne. Tout ce qui s'était passé ici appartenait au Passé, et avait des conséquences réelles dans le Présent.
Mais Kai devait avancer, puisque reculer ne lui était plus possible: il avait Nàrië, Ô, des amis sur qui il pouvait compter, un toit, un lit...
Mais il était en danger, aussi, à cause des vampires qui rôdaient doucement autour de lui comme des rats qui cherchent à grignoter le moindre morceau de nourriture qui traîne.

*Ô, j'ai deviné où l'on va, et c'est une mauvaise idée!*

Ô ne cessa sa marche, sur de lui, et se contenta de grogner: il ne s'arrêterait pas, et Kai le suivrait.

*Ok, ok, je te suis...* Soupira Kai sans le vouloir vraiment.

Au loin, derrière le sentier blanc, s'élevait la plus haute tour de l'Académie, avant que se dessinent les dortoirs et les salles, dont seules les fenêtres barrées étaient visibles.
A leur gauche et leur droite, la forêt commençait doucement, pour finir plus profonde qu'aucune dans les horizons, abritant des créatures sauvages.
Kai soupira à nouveau, avant de tenter à nouveau de faire cesser Ô de marcher:

*Personne ne m'attend, là-bas, je n'ai même plus le droit d'y retourner, normalement!*

Cette phrase fit réagir le Lougron au quart de tour. Prenant la mouche, le félin-canin se retourna violemment, faisant sursauter son double, et montra les babines.

*Ok, je te suis!* Conclut Kai qui saisit alors qu'il n'avait pas le choix.

Ô, la mine réjouie, repartit sur un rythme régulier et enjoué. Devant la grande grille, un simple sort prononcé par Kai suffit à ouvrir une porte, pour que les deux amis passent.
Ô s'arrêta alors. Il se tourna vers Kai, qui, le visage portant un air desespéré, attendait la sentence de son familier: qu'allaient-ils faire?

*Je ne savais pas ce qu'on pourrait faire une fois dans l'Académie, mais j'ai ma petite idée, finalement!*

Désignant d'un signe de tête un garçon et une fouine, près de la porte d'entrée, qui rentrèrent quelques secondes après, Ô proposait à Kai de le suivre, pour aider le jeune homme, et faire sa connaissance. Après tout, Kai n'était pas encore un adulte!

*C'est surement un nouvel élève...* Imagina Ô, alors que Kai pensait la même chose.
*Surement...*

Ils s'approchèrent rapidement, pour pénétrer dans le Hall, silencieux.
Kai regarda le garçon longuement, pour vérifier qu'il ne le connaissait pas d'avant, ce qui n'était pas le cas, et se présenta:

-Euuh, Salut. Je m'appelle Kai Delör, et toi?

Kai et Ô remarquèrent ensemble que deux ans d'hermitage n'avaient pas arrangé la sociabilité de Kai, qui sourit en pensant que malgré tout, il avait réussi à sympathiser avec un androgyne bisexuel nommé Gabriel, et qu'il dormait maintenant dan sle même appartement.

Le nouvel élève se retourna sur lui et Ô, posant sur eux un seul oeil, l'autre étant caché par un bandage qui s'avèrait intérressant. Du moins, Kai se sentait soudainement pris par la curiosité de comprendre ce que cachait le bandeau.
Dans ses pensées hypothétiques, Kai ne remarqua pas le regard du jeune adolescent en face de lui descendre jusqu'à Ô, qui soutint ses yeux d'argent dans la profondeur des pupilles de l'élève sans grogner.
Pour le Lougron, le jeune homme paraissait étrange, un brin de puissance mêlée à de l'incompétence, ou plutôt de l'ignorence concernant la magie. Tant d'adjectifs venaient à l'esprit du familier, sans pour autant qu'il n'en trouve un qui lui convienne totalement.

- Koran Azert, je viens d'arriver ici...

Sur les lèvres de Koran, car tel était son nom, un sourire apparut, discrètement, sans que ni Ô ni Kai ne puisse comprendre la signification.
D'ailleurs, Ô s'empressa de montrer à Kai qu'il était fier d'avoir deviné le statut de Koran dans l'Académie:

*J'avais raison! C'est un nouvel élève!*
*En général, peu d'élèves viennent se trouver dans le Hall, et préfère sauter directement des fenêtres du premier étage...*

Ô lança un regard desespéré à Kai, qui sourit légèrement.

*Fallait éviter de sortir une connerie pareille, tu me fais pitié...*
*Rooh, c'est bon! J'avais envie de sortir une blague.*
*Non, évite j'te dis. Et surtout, la sors pas à haute voix!* Conclut Ô en se demandant si Kai avait réelement muri ou pas.

La morsure qu'avait infligé l'hermine à son ami avait été invisible aux yeux de Kai et de son familier, et la réaction de Koran suite aux dents dans sa peau ne les avait pas marqué du tout: aucun des deux n'y avait prêté attention et n'avait songé se demander la raison.

-Eh bien! Je ne suis plus élève dans l'Académie car j'en suis parti sans avoir terminé mes études il y a deux ans, mais je peux toujours t'aider si tu en as besoin.

Kai ne voulait pas se montrer trop curieux pour une première rencontre, et préfèrait attendre que Koran se renseigne de lui-même sur les lieux, ou alors sur un tout autre sujet concernant l'Académie.
Ô, pendant ce temps, avait décidé de s'approcher de l'hermine, pas plus longue que sa queue. Il dévisageait de son gros minoi la petite bête, avant de lui demander gentimment son nom. Après tout, petit ou gros, un familier était un familier, donc un ami de jeu!

*Saluuuuuuut! T'es qui toiii?* Miaula gaiment le Lougron.

Koran remarqua le regard de Ô vers son maître, un regard déséspéré, mais ça il s'en moquait bien de la façon dont il l'avait regardé, ce qu'il avait remarqué surtout c'est qu'il n'était aps le seul à discuter avec son familier entre deux réponses.

-Eh bien! Je ne suis plus élève dans l'Académie car j'en suis parti sans avoir terminé mes études il y a deux ans, mais je peux toujours t'aider si tu en as besoin.

- C'était si nul que ça ? Tu dois pas aider l'école à avoir de nouveaux élèves comme ça, j'ai perdu mon enthousiasme là...

Enthousiasme ? Il avait bien dit enthousiasme oui... avec son visage qui ne laisser voir aucune expression, qui l'aurait deviné s'il ne l'avait pas dit ? C'est un détail qu'aurait voulu soulever Maeg si Ô ne lui avait adressé la parole.

*Saluuuuuuut! T'es qui toiii?*

* Koran, je peux lui refaire une beauté ? Il manque un je-ne-sais-quoi sur son visage au gros matou *

* Tiens toi tranquille ! *

Elle l'aurait bien à nouveau mordu mais elle n'osait pas quitter Ô du regard, de crainte qu'il ne lui saute dessus.

- J'm'appelle Maeg, et je suis pas comestible si c'est ce que tu veux savoir, couina le petit animal.

L'animal avait semblé rester agité, mais silencieux pendant quelques secondes, avant de prononcer son nom à l'intérressé. Peut-être s'était-il permi de demander l'autorisation à Koran avant de divulguer son identité d'hermine.
Tous les faits qui avaient lieu entre temps n'intéressaient pas vraiment Ô, dont la seule source de joie sur l'instant était d'entendre le nom de la fouine:

J'm'appelle Maeg, et je suis pas comestible si c'est ce que tu veux savoir

Ô sembla esquisser un air ravi, avant de sautiller sur place, comme un gros chaton. En réalité, il avait un peu laissé de côté la fin de la phrase, n'y revenant qu'après, pour remettre les points sur les i.

*Je veux pas te manger, seulement jouer. D'ailleurs, c'est parti, on va jouer à cache-cache!*

Sans demander le reste de Maeg, il attrapa à la fois violemment et prudemment la fouine entre ses crocs, pour la tirer à l'extérieur. Malgré le fait qu'il ait eu la bouche pleine, Ô réussit à prévenir tout le monde:

*Kai, avec Maeg, on sort, on va jouer! A l'intérieur, y'a pas de cachettes!*
*Non Ô, tu lâches cette hermine!* Ordonna Kai.
*T'es pas drôle...* finit Ô avec une moue exagérée pour décrire son mécontentement.

Le Lougron relâcha la petite bête, se rendant bien compte qu'il avait voulu forcer leur relation. Il s'excusa gentiment d'un coup de langue sur le poil de la fouine.
Kai s'excusa tout autant à Koran, car il n'avait pas voulu que son familier soit brusqué dès son arrivée à l'Académie.

-Désolé... Ô est un grand fou, il aime un peu trop jouer.

Mais se souvenant soudain de la pique que lui avait lancé Koran, il changea de ton, emprunta un ton moqueur, qu'il avait souvent vu sur les lèvres de Kinaï, pour répliquer:

-C'était pas nul. J'étais trop dangereux, et à ta place, je...

Kai préfèra s'arrêter là. Les menaces n'étaient pas toujours obligatoires et il souhaitait le plus souvent éviter d'y avoir recours.

-Bref! Au cas où tu l'avais pas remarqué, j'étais Dalavirien, ici. Peut-être fais-tu aussi parti de cette maison! Demanda Kai un sourire légèrement forcé sur les lèvres.

Kai s'efforçait d'être aimable. Mais Koran, en face de lui, paisible, était un Dalavirien naturellement énervant. Pendant ses années d'études et d'observation à l'Académie, Kai avait appris à distinguer trois sortes de dalaviriens: ceux qui s'énervent au quart de tour, voient la mort partout et cherchent toujours la guerre avec quelqu'un, et ceux, comme Koran, qui savouraient la colère chez leurs adversaires avec un calme qui a toujours eu le don d'énerver ces derniers. Enfin, il y avait ceux qui étaient un mélange des deux sortes ci-dessus. Et Kai semblait être un peu de ceux-là. Enfin, non: Kai n'était pas un Dalavirien. Et même si Koran n'en savait pas la raison, et avait tort et raison à la fois dans ses propos: il l'avait bien vite dit.

- Tu t'emballe au quart de tour dis donc, s'étonna Koran. Enfin... je suis effectivement dalavirien moi aussi, mais je ne vois pas comment j'aurais pû deviner que tu en sois un, car dans la logique.. si tu n'est plus élève, tu ne fais parti d'aucune maison.

Kai réprima une gueulante, mais préféra se taire, car il savait que Koran avait vu juste. Il se rappela d'ailleurs qu'il n'était pas sensé se trouver ici, mais puisqu'il avait foulé le sol de l'Académie, autant profiter de cet instant qui faisait rejaillir de nombreux souvenirs.
Se calmant, Kai répondit doucement à Koran:

-Oui, c'est vrai. Je ne suis ni élève, ni Dalavirien, maintenant. Pourtant, ma bonté m'a conduit jusqu'à toi, pour te faire découvrir cette merveilleuse académie, qui a forgé le merveilleux citoyen que je suis actuellement.

Le sourire aux lèvres, Kai avait emprunté cet air charmeur à Gabriel. Mais quand il s'en rendit compte, son sourire angélique et son air sublime s'effacèrent.

*Oh my god!! Que suis-je en train de faire!?*

Ô, en voyant la fouine se sauver, traduisit cette escapade par une envie de jouer. Tout content, il suivit le familier de Koran dans le jardin...
Doucement, les pas calés dans l'herbe, au plus silencieux possible, Ô attendait que la petite bête fasse du bruit pour la trouver.
Un craquement sur sa gauche le conduisit sur une mauvaise piste: celle d'une souris blanche qui tomba raide devant le Lougron.
Il revint donc à son point de départ, et, impatient, préféra aller chercher directement l'animal:

*Maaaaeeeeeg!!!* criait-il *Où es-tu cachéééée?*

Koran s'amusa à voir la réaction de Kai, il était prêt à répondre, à ne pas se laisser faire, à jouer exactement le jeu qu'il souhaitait. Mais à sa grande surprise le jeune homme se reprit et répondit calmement lui aussi, ce qui eut pour effet d'amuser Koran, il avait du réfléchir, faire un effort sur ses habitudes pour changer ainsi. Ce qui signifiait simplement qu'il avait réussit à faire réagir la personne comme il voulait, enfin, au début.

-Oui, c'est vrai. Je ne suis ni élève, ni Dalavirien, maintenant. Pourtant, ma bonté m'a conduit jusqu'à toi, pour te faire découvrir cette merveilleuse académie, qui a forgé le merveilleux citoyen que je suis actuellement.

Ces paroles avaient une désagréable odeur d'hypocrisie. La bonté d'un Dalavirien... il a pas lu le mode d'emploi... Après tout il venait de dire qu'il n'était plus Dalavirien, mais cet éloge de l'académie et de lui faisait baisser l'estime que Koran avait de cet ancien élève. Finalement il n'était peut-être pas si fort qu'il en avait l'air, s'il devait utiliser des paroles telles que celles-ci, c'était alors sans doute une apparence seulement, le fait de paraitre puissant et expérimenté. Quoiqu'il en soit, maintenant qu'il l'avait face à lui, il devait s'en débarrasser... ou bien s'en faire un allié, même s'il n'est pas puissant, c'est toujours interessant d'avoir une personne en plus avec soit, ne serait-ce que pour les petites besognes.

- Eh bien.. c'est "merveilleux" que toi, merveilleux citoyen que tu es, tu sois venu à moi pour me faire découvrir la merveilleuse académie qu'est celle où nous nous trouvons... j'ai une chance "merveilleuse" d'être tombé sur un garçon si gentil et si... "merveilleux". N'est-ce pas ?

Koran n'avait pu s'empêcher de lui faire remarquer cette petite répétition dans son éloge, et il s'était alors amusé à répéter ces paroles en insistant légèrement, il ne s'agissait pas non plus de trop insister, il risquerait de vraiment le prendre mal.


Pendant ce temps à l'extérieur, Maeg surveillait son prédateur de sa cachette, ne bougeant pas d'un poil pour ne pas se faire bondir dessus. Elle maudissait Koran maintenant qu'elle avait comprit ce qui avait du se passer dans sa tête.

*Maaaaeeeeeg!!!* criait-il *Où es-tu cachéééée?*

* Raah mais il me ferait presque pitié, il a pourtant l'air d'un enfant au fond, simplement à vouloir jouer... "On joue au chasseur et au lapin ?" Aaaah ! Mais il va me bouffer si on joue ensemble, je fais quoi moi, si je reste là en plus il risque de me trouver, et là je n'aurais pas le temps de discuter que j'aurai déjà le coup brisé... *

Le petit animal décida enfin de parler, avant de bouger, c'était le choix le plus judicieux à faire, du moins c'est ce qu'elle espérait.

- Minou... euh.. Ô ? Je suis là mais... me saute pas dessus !


[ J'ai arrangé les paroles de Maeg pour que tu puisse choisir si elle crie avant qu'il ne cherche à lui sauter dessus, ou justement si elle crie parce qu'il se jette sur elle ]